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Ces charlatans qui ont fait de la démocratie un jeu de dupes

L’analyse politique d’Ivan Rioufol


Ces charlatans qui ont fait de la démocratie un jeu de dupes
Réélu dans la 3e circionscription des Alpes Maritimes, Eric Ciotti sort de sa permanence pour s'adresser aux électeurs, 7 juillet 2024 © Frederic Munsch/SIPA

Le patron des LR Éric Ciotti, qui s’était allié avec le RN de Jordan Bardella sans être suivi par le gros des troupes, a dénoncé un «coup d’État institutionnel et politique» à l’issue des élections législatives.


Les citoyens veulent moins d’immigration, moins d’impôts? Ils en auront plus encore. Ils veulent s’inscrire dans la continuité historique de leur nation millénaire? Ils subiront davantage les assauts de la nouvelle France multiculturelle et de ses minorités quérulentes. Ils veulent la droite? Ils auront la gauche. Ainsi fonctionne, cul par-dessus tête, la démocratie française.

Le front de la honte victorieux

Le RN a rassemblé hier soir, à l’issue du second tour des législatives, 8,7 millions de voix, tandis que le NFP en a alignées 7 millions et Ensemble 6,3 millions. Mais c’est l’extrême gauche (NFP) qui engrange 182 députés, la macronie (Ensemble) 163 et le bloc national…143.

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Jean-Luc Mélenchon, immédiatement après 20 heures et au nom de LFI (70 députés), s’est même précipité devant les télévisions pour s’approprier la victoire, en oubliant de la partager avec les socialistes et les verts. Ceux des bourgeois des villes qui ont soutenu son front de la honte, en croyant résister ainsi à un fascisme d’opérette, auront à assumer leur créature : un parti antisémite et violent qui a immédiatement réclamé de taxer les riches pour financer un programme social évalué à près de 200 milliards d’euros. Une fois de plus, des charlatans ont fait de la démocratie malade, avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, un jeu de bonneteau. Les dupés de 2005, qui avaient vu leur refus de la constitution européenne annulé par le système, revivent la même embrouille.

Le RN, premier parti de France

Les magouilles d’appareils, les alliances contre nature, les hystéries médiatiques sur la « lèpre » et la « peste » que porterait le RN ont montré le visage de ces « démocrates » qui n’ont comme obsession que d’étouffer la voix des peuples indociles.

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Macron, par sa dissolution irréfléchie, a certes emporté une victoire apparente en entravant la dynamique du RN. Dans une centaine de circonscriptions, le parti de Jordan Bardella a échoué de justesse (un ou deux points), tout en restant le premier parti de France. La satisfaction que peut sans doute éprouver le chef de l’Etat reste donc fragile. D’autant que l’apprenti sorcier laisse une France ingouvernable. Le « front républicain » a même fait élire un triple fiché S, Raphaël Arnaud (LFI), dans le Vaucluse. Ni l’exécutif ni le législatif n’auront les moyens de conduire le pays, alors même que la crise financière laissée par Macron va imposer très vite des mesures d’austérité. De ce point de vue, le bloc national (RN-Ciotti) peut se satisfaire de n’avoir pas à gérer le fiasco du Mozart de la finance. Le RN doit cependant analyser ses propres faiblesses. Car si l’union obscène NFP- Ensemble a réduit le choix des électeurs au second tour, la droite populaire n’a pas fait le plein de ses voix, en dépit de ses 500 candidats. Le profil douteux de certains d’entre eux a illustré le manque de préparation du parti, qui lui-même a souvent dû modifier dans l’urgence des réponses économiques afin de ne pas effrayer le patronat et le monde des affaires.

Reste, ce lundi, un sentiment décuplé de frustration et de colère chez ceux qui s’estiment victimes d’un « coup d’État institutionnel et politique » (Éric Ciotti), et qui observent le gâchis d’une droite imbécile, toujours incapable de se réunir. Il est urgent de démocratiser la démocratie.




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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