Après la poussée du RN constatée dans les urnes le 30 juin, les résistants de bac à sable vont évidemment s’en donner à cœur joie durant l’entre-deux-tours…
Après la Bérézina des Européennes, le 30 juin, c’est Blücher. Pris en sandwich entre le Mamelouk Mélenchon et Kaiser Bardella, l’Empereur Emmanuel n’a plus beaucoup d’atouts. Pendant La Semaine sainte de l’entre-deux tours, les cloches déballent. Valérie Hayer a filé comme un bas, à Bruxelles, Gérald Darmanin déserte, François Bayrou se prend pour Louis XVIII, Gabriel Attal montre le bout de son Ney. Le Président ne peut se résoudre au vol noir des corbeaux sur nos plaines, aux cris sourds du pays qu’on enchaîne. Stratège émérite, lutteur infatigable, sur les ondes, sur la plage, au Touquet, à Zuydcoote, Dunkerque, Brégançon, dans le sang, les larmes, la sueur, la peur, il se débat.
La bataille de France
El Destishadok, ténébreux, veuf, inconsolé, prince d’Aquitaine, au détour de deux tours, abolit. Son assemblée est morte, son Attal consterné porte le Soleil noir de la Mélancolie. On ne fait pas d’Hamlet sans casser d’œufs. « Suis-je Brutus, Pyrrhus ? Jupiter ou Pignon ? L’affront est rouge encor au tréfonds de moi-même. J’ai échoué dans la grotte où sombre mon système… ». La ligne Imagine.haut du Grand Quartier Général Renaissance est enfoncée, l’armée du Centre cède à Sedan, La Route des Flandres coupée à Hénin-Beaumont. Les loups sont entrés dans Thoiry. Jonathan Guderian fonce vers Matignon.
Jupiter peaufine un appel du 8 juillet : « Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. J’ai dégoupillé la grenade de la dissolution pour clarifier. L’espérance doit-elle disparaître ? Non ! Foudroyés aujourd’hui par la force électorale, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force supérieure. Moi, Président Macron, j’invite les CEO, les start-ups, les traders, les Français, qui se trouvent à Luxembourg, New York, Genève, La Défense, avec ou sans états d’armes, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la phrase de la résistance française ne doit pas s’éteindre. Demain, comme aujourd’hui, comme hier, avant-hier et après-demain, je parlerai ». Dominique de Villepin, Alain Minc, Nagui et McKinsey ont relu le draft. Brigitte est inquiète… Le silence de la mère.
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L’exode a commencé. La Traversée de Paris est compliquée. Anne Hidalgo et Amélie Oudéa-Castéra ont coupé les grands axes, les ponts sur la Seine pour retarder l’ennemi. D’interminables files de Tesla, SUV hybrides quittent la rue Poliveau, la plaine Monceau, la place des Victoires, direction l’autoroute du Sud, Avignon, Saint-Trop, Collioure, la frontière espagnole. Les batteries tiendront-elles jusqu’à Teruel ? Pedro Sánchez a promis des avions, les brigades internationales, L’Espoir, Podemos !
Le Nouveau Front Populaire manque de munitions, de stratèges, de discipline. Comment faire de cette Fraternité, un combat ? François Ruffin, Alexis Corbière et Raquel Garrido ont été purgés : Pim-Pam-Poum. Clémentine Autain hésite entre les Bolcheviks et les Mencheviks. « Quand les blés sont sous la grêle ; Fou qui fait le délicat ; Fou qui songe à ses querelles ; Au cœur du commun combat » (Aragon). L’heure est à l’union. À Menton, on ne passe plus. Giorgia Melloni a bloqué le col du Grand-Saint-Bernard. Juliette Binoche veut rejoindre Théus. Les colonnes d’émigrés sont arrêtées Briançon. À Toulon, Cannes, Antibes, ils embarquent, fuient l’oppression, les matraquages, cherchent un refuge en Tunisie, un riad à Essaouira, l’asile dans la bande de Gaza. Rassurant, l’Ocean Viking croiseau large de Porquerolles.
Le dernier hélico présidentiel décollera du toit de l’Élysée le 7 juillet à 20H05 CET, direction Baden-Baden avec un refuelling à Varennes. Le Colonel Benalla (alias Capitaine Cognant) pilote l’exfiltration. Le destin d’En Marche est suspendu au Glock 17 du soldat d’élite. Il a les clés de l’Audi, du Touquet, de Brégançon, le téléphone de Mbappé : il sait tout ! D’un Château l’autre… Dans le Super Puma les places sont chères : Alexis Kohler, Bruno Roger-Petit, Stéphane Bern. Mimi Marchand a une énorme gourmette en or. Gabriel Attal refuse de partir sanssonchow-chow Volta. « Tous des cons Alexandre, sois zen et fort, c’est le patron qui décide ! ».
Paris fait de la résistance
En Marche est un monde de limbes où la légende d’une fraternité invincible se mêle à l’improvisation. Dans un bunker perché tout en haut d’un ministère, des partisans, soutiens, combattants se font adouber en secret, à l’aube. Il est d’usage dans cette région du Bercy de s’assister en se tenant sur la tombe de sa propre famille. À la fin du cocktail, la nuit qui se retire comme la mer laisse paraître la Première dame, immobile, silencieuse, en petite robe noire.
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Dans la Cartoucherie de Vincennes, Arianne Mnouchkine a planqué des fourches, la mitraille, les grenades. En treillis Smalto, de la terrasse de l’Institut de Monde Arabe, Jack Lang –Sparadrap dans la résistance- électrise le peuple de gauche. Grâce aux mitrailleuses lourdes et réserves de falafels du restaurant Noura, ce nouveau Fort-Alamo peut tenir un siège de trois mois. Sciences Po, La Sorbonne, les Beaux-Arts, ne lâchent rien : Sous le sable, les pavés ; Faites la Guerre pas l’amour. Guillaume Meurice a réintégré Free France Inter. Dans la clandestinité il remonte le moral des Français : Les carottes sont cuites ; L’hirondelle ne craint pas la traque ; Le cuisinier secoue les nouilles… de Netanyahou…
La Province n’est pas en reste. Jean-Yves Le Drian de Pontcallec croit au réduit breton. À Saint-Marcel, Quiberon, La Trinité-sur-mer, au cœur des bastions ennemies, en Méhari Kaki, Kite surf, paddle, la résistance s’organise. Les mistouflets des brigades ZEN (Zado-Ecolo-Nudistes) sont redoutables dans le corps à corps, les bassines et le bocage. À Lyon, la Jeune garde de Raphaël Arnault fédère les fichiers S de la zone Sud. Ce soir, Bardella, les banques et les barbecues, connaîtront le prix du sang et des larmes.
Christiane Taubira poursuit le combat décolonial outre-mer. Avec Lilian Turham, Karim Benzema et Joey Starr, elle rallie Nouméa, après une escale à Mers el-Kébir, Dakar et Cayenne. Sanglé dans son élégante gabardine de cuir noir (modèle déposé Adolfo Ramirez-Pacte germano-soviétique), Jean-Luc d’Arabie aimerait rhamasser la mise.
Un grand soleil d’été éclaire la colline
Il faut avant le deuxième tour forger les alliances, l’acier de la victoire. Infatigable, emballant, en scooter, François Hollande -alias Bison flûté– laboure le plateau de Millevaches, fédère les réseaux, l’Armée Secrète, le Conseil National de la Réjouissance. Le cap est clair, les ordres claquent : « Le rôle que je m’assigne, c’est de porter un discours de protection et de vigilance… c’est de trouver des solutions ». Dans chaque circonscription NFP, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe. Si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Un long cortège d’exaltation, d’ombres, de sans-dents, de figurants, de Passionaria, accompagne les chevaliers de l’espérance. Julie Gayet, Judith Godrèche, Rachida Dati, Anne Hidalgo, Annie Ernaux, toutes ces femmes de Courrège en lunettes noires, rubans en sautoir, ou nues comme les canuts, veillent la Résistance, portent le deuil de la France, tissent le linceul du vieux monde. Après le triomphe du Rassemblement national, après les heures sombres et nauséabondes, les trahisons, l’épuration, les coupes budgétaires, les déficits budgétaires, la justice reviendra sur ses pas triomphants. La Reconquête va commencer. « El pueblo unido jamás será vencido ! ».
« Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre » (Aragon).
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