A Jérusalem, le 25 juin, la Cour suprême a levé l’exemption de service militaire pour les étudiants ultra-orthodoxes. Une décision qui ne fait pas les affaires de la coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Mais, alors qu’Israël est de nouveau en guerre depuis les attaques du Hamas du 7 octobre, le pays ne peut plus fermer les yeux sur cette exemption, véritable serpent de mer de la vie politique israélienne, qui pose en creux la question suivante: qu’est qu’un «Etat juif»?
Le 25 juin, la Cour suprême israélienne a rendu une décision qui pourrait mener à la conscription des étudiants des écoles talmudiques. Jusqu’à présent, ces jeunes hommes ultraorthodoxes étaient exemptés du service militaire obligatoire s’ils se consacraient à l’étude des textes sacrés du judaïsme. Cependant, les juges ont estimé que le nombre croissant de ces exemptions constitue une rupture du principe d’égalité, et qu’une telle dérogation ne peut être légitimée que par une loi votée par le Parlement. « L’exécutif n’a pas l’autorité pour ordonner de ne pas appliquer la loi sur le service militaire aux étudiants de yeshiva [école talmudique] en l’absence d’un cadre légal adéquat », a déclaré la Cour. « Sans ancrer cette exemption dans un cadre légal, l’État doit agir pour imposer la loi. »
Jusqu’à présent, ces exemptions étaient accordées par l’armée (en tant que représentante de l’État concernant la conscription) dans le cadre d’un arrangement basé sur un accord de 1947 entre David Ben Gourion et les leaders des communautés ultraorthodoxes. Connu sous le nom de « la lettre du statu quo », cet accord visait à obtenir le soutien des ultraorthodoxes pour la création d’un État-nation juif en Palestine, devant la commission de l’ONU. Pour montrer à la communauté internationale une position unie des Juifs de Palestine sous mandat britannique, Ben Gourion et la majorité sioniste laïque ont pris des engagements significatifs envers ce groupe minoritaire mais symboliquement important : les ultraorthodoxes, Juifs des villes, bourgs et villages du Yiddishland, l’espace entre la mer Baltique et la mer Noire, étaient les parents, oncles et frères de Ben Gourion et de ses camarades, qui avaient souvent eux-mêmes fréquenté les mondes des Yeshiva et des Cheder (petites écoles juives où l’on apprend l’hébreu en lisant la Bible).
Des communautés en marge, qui manipulent le reste de la société israélienne
Cette génération de leaders et d’intellectuels sionistes, née dans le dernier tiers du XIXe siècle, a vécu les conséquences de l’émancipation des Juifs, un processus qui s’est déroulé à l’est et au centre de l’Europe plusieurs décennies après celui des Juifs en France. Les ultraorthodoxes, comme

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