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Choc des savoirs, extrême droite : ils ne passeront pas!

Les syndicats de l'Education nationale combattent le "bon combat"


Choc des savoirs, extrême droite : ils ne passeront pas!
Les enseignants en grève manifestent le 6 fevrier 2024 à Paris. ISA HARSIN/SIPA

Les syndicats d’enseignants s’opposent au programme du « choc des savoirs » lancé par Gabriel Attal quand il était ministre de l’Education. De la même façon, ils prétendent s’opposer à l’élection des candidats du Rassemblement national. Et s’ils se consacraient plutôt à l’enseignement? Témoignage.


« « Choc des savoirs » : ni amendable, ni négociable! Exigeons son abrogation! » clame le Syndicat National Force Ouvrière des Lycées et Collèges. Fédération SGEN-CFDT, CGT Educ’action, SNES-FSU…, tous ont défilé le 25 mai, braillé leur colère, brandi l’étendard de la révolte: « Non au choc des savoirs, pour l’école publique! Pour la défense de l’école publique, contre le choc des savoirs! ¡No pasará! »

Les syndicats de l’Éducation nationale combattent le bon combat. Ce n’est plus à prouver. Mais pourquoi cette offensive printanière? L’école de la République, bienveillante, nivelante, bêtifiante, serait-elle en danger? Le savoir menacerait-il de faire son grand retour? Si la formule « choc » et la rhétorique guerrière de Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation – « bataille des savoirs », « mobilisation générale pour élever le niveau de l’école »… –  pouvaient nourrir les peurs, Belloubet s’est vite montrée rassurante : priorité donnée à « la lutte contre le harcèlement scolaire, afin que l’école soit pour chaque élève un lieu d’épanouissement et de bien-être ».  Et de substituer aux groupes de « niveau » en français et en mathématiques prévus au collège pour la rentrée 2024 des groupes de « besoins », histoire de parler pour ne rien dire et de réformer pour ne surtout rien changer.

Que les syndicats, donc, dorment sur leurs deux oreilles! Nous toucherons bien le fond des classements PISA et enverrons des cohortes d’analphabètes au bac dans les années qui viennent.

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Dans mon collège, on s’applique à ne pas appliquer la réforme. Les groupes de besoins? « « Besoins » ne signifie pas « niveau ». D’ailleurs les classes de niveau stigmatisent les élèves en difficulté. Nous ne ferons pas le tri des élèves ». C’est là qu’interviennent les inspecteurs, mandatés pour prêcher (mollement) le choc des savoirs, à coup d’« animations pédagogiques » : «Il n’y pas d’élèves en difficulté mais des élèves en situation de difficulté, il faut donc des groupes flexibles dans la stabilité, de l’hétérogénéité dans l’homogénéité, il s’agit de tenir les deux principes, en même temps…» Alors, après «avoir proposé et non pas imposé», puis «posé les jalons pour un travail harmonisé», avant le goudron et les plumes (parce que la réforme Attal-Belloubet met surtout un joyeux bazar dans les emplois du temps et que c’est un sujet sur lequel les profs ne plaisantent pas), ils se retirent précautionneusement. À la cheffe de finir le boulot et de faire non plus des classes hétérogènes, mais des groupes hétérogènes. Pour une révolution copernicienne, on repassera.

Nos petits élèves qui ont connu une scolarité sporadique au temps de la Covid-19 et dont les connaissances en français et en mathématiques tutoient les abîmes seront donc protégés du choc des savoirs. Ouf. Leurs professeurs aussi, d’ailleurs, si l’on en croit le niveau de recrutement, la barre d’admissibilité ayant été de 5,13/20 au CAPES de mathématiques en 2022.

Mais le seront-ils de l’extrême droite? L’intersyndicale veille et poursuit le combat. Après le 25 mai, le 15 juin. Puis le 23 juin. «Toutes et tous ensemble contre l’extrême droite!»

«L’extrême droite a toujours été, et demeure plus que jamais l’ennemie mortelle des travailleurs et des travailleuses, des étranger⋅ères, des personnes racisées, des LGBTQIA+ et de la démocratie. Son programme conduit à une accélération de la crise écologique. Au niveau de l’école, ses offensives se font déjà de plus en plus visibles : parents vigilants, pression sur les enseignant·es, « Redresser les corps, redresser les esprits, pour redresser la nation », le projet éducatif de l’extrême droite est à l’image de son idéologie et de ses valeurs : inégalitaire, autoritaire et identitaire».

Ça fait froid dans le dos. ¡No pasarán!



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Professeur agrégé de lettres classiques en banlieue parisienne

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