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Le vert dans le fruit

Pas de revers pour les verts en Belgique


Le vert dans le fruit
La coprésidente de Groen, Nadia Naji, et Elke Van den Brandt d'Ecolo-Groen, lors d'un meeting post-électoral à Bruxelles, le 9 juin 2024. Shutterstock/SIPA

Aux élections législatives fédérales du 9 juin en Belgique, les Ecolos – selon la désignation officielle du parti – ont essuyé un camouflet. Mais grâce aux règles électorales belges, leur doctrine a encore de beaux jours devant elle. L’analyse de Sophie Flamand.


Tandis que la France fait ce qu’elle fait le mieux, c’est-à-dire parler politique, que la NUPES se reconstitue en un étrange mariage polygame de raison et que Bardella se tâte pour savoir s’il va tirer la langue ou pas à Zemmour, de l’autre côté de la frontière, ça boit le champagne ! Et pour cause, les Belges sont enfin parvenus à envoyer les Ecolos sur les roses. Ça devrait, pensent-ils, rendre l’air plus respirable et soulager les porte-monnaie. Ce en quoi ils se trompent, pour deux raisons.

D’abord, il existe toujours l’éternel cailloux dans la chaussure : Bruxelles. Région à part entière, elle a souffert plus que tout le reste de la Belgique des délires bobos, piétonniers, rues cyclables, interdiction du diesel, paupérisation, insécurité normalisée, services publics indigents, immigration massive, potagers urbains, et autres singeries. On y trouve même une rue où le trafic automobile est limité à 10km/heure ! Qui dit mieux ? Bien entendu cette gestion de la ville fait fuir les habitants, les commerces et les entreprises mais les autorités brandissent le taux de fécondité des immigrés pour masquer cet exode, pourtant bien réel. Or donc à Bruxelles, région bilingue, les Ecolos ont eux aussi plongé mais pas leur alter égo néerlandophone, Groen. Certes, selon l’administration fiscale, seul indicateur fiable puisque le recensement linguistique a été interdit, les Flamands représentent à peu près 8% de la population, ça ne devrait pas donc peser lourd. Mais l’imagination débridée du législateur belge a prévu une représentation garantie des Flamands au législatif et à l’exécutif de la Région Bruxelloise. Autrement dit, que l’électeur le veuille ou pas, il devra composer avec le parti Groen et celui-ci n’a pas l’intention d’en démordre. La Ministre sortante de la mobilité, Elke Van den Brandt, à l’origine du « Plan Good Move » qui paralyse la ville, rend les riverains cinglés, enlaidit l’espace public et a été désavoué par ses partenaires, Elke Van den Brandt, donc, entend bien persévérer dans sa folie. Autrement dit, côté bruxellois, c’est pas gagné ! Ils n’ont visiblement pas fini de se prendre des « quartiers apaisés » et des mosquées salafistes à tous les coins de rue.

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Mais il n’y a pas que Bruxelles. Et le problème dépasse d’ailleurs largement les frontières belges. Depuis que Dieu est mort, à la charnière des dix-neuvième et vingtième siècles, l’homo occidentalis en mal de mea culpa se cherche de nouvelles idoles. Comme il a déjà beaucoup donné pour la complexité, trinitaire et autre, du christianisme, il les souhaite simples, lisibles et sans malices.

Et c’est là qu’apparait l’écologie politique, nimbée de coton bio et parfumée au patchouli. Avec ses rituels, ses processions, ses archidiacres, ses coûteuses indulgences, sa parole sacrée et ses grenouilles de bénitier, cette nouvelle doxa fait regretter l’ancienne et l’on attend toujours qu’elle produise à son tour la cathédrale de Reims, les œuvres de Bach, les théories de Copernic ou les toiles du Caravage.

Mais en bonne religion, elle s’est déjà émancipée de toute réalité, surtout scientifique, et, distillant tout à la fois la peur et l’espérance, elle irrigue le monde politique. Peu importe finalement que les Verts soient élus, qu’ils siègent ou pas dans les hémicycles. En Belgique comme ailleurs, il n’y a pas un seul programme politique, de gauche, du centre, de droite ou d’ailleurs, qui n’ait son chapitre « Défense de l’environnement ». Malgré 150 députés fédéraux, 78 sénateurs, 398 députés provinciaux, 89 députés régionaux à Bruxelles, 75 en Wallonie et 124 en Flandre, on n’en a toujours pas entendu un seul pour oser questionner le dogme du « réchauffement climatique ». Avec ou sans élus verts, la Belgique et plus généralement l’Europe n’a pas fini de boire le bouillon végan, de payer des écotaxes à tout propos, de financer des éoliennes, de restreindre son train de vie, de se prendre des bouchons de bouteille en plastique dans l’œil, de grelotter en hiver et de faire sa génuflexion devant Greta… Carbo !



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Romancière et scénariste belge, critique BD et chroniqueuse presse écrite et radio. Dernier roman: Sophonisbe.

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