Depuis que le cinéma existe, les réalisateurs redonnent vie à l’Empereur. Avec ou sans talent, ils déploient des moyens titanesques pour restituer son épopée. L’évènement, ce mois-ci, est la résurrection du chef-d’œuvre d’Abel Gance (1927) : enfin restauré, il est projeté en ciné-concert avec une composition de Simon Cloquet-Lafollye.
Chu dans nos salles obscures au mois de novembre, le Napoléon de Ridley Scott est désormais monté au Ciel, disponible en cabine sur les vols long-courriers d’Air France : l’Empereur, du décollage à l’atterrissage, ou de l’ascension à la chute. Cette apothéose de l’Aigle ne saurait éclipser la daube où, dans le rôle-titre, un Joaquin Phoenix impavide, constipé, vieilli avant l’heure, en pince pour Joséphine/Vanessa Kirby, du siège de Toulon jusqu’au châlit de Sainte-Hélène.
Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, ne mâche pas ses mots pour ironiser sur ce pataquès : « On peut s’éloigner de la véracité, mais il faut au moins travailler sur la vraisemblance. La grande erreur ? L’ambiance ! Napoléon giflant sa Joséphine en public, ça n’a pas de sens. La seule bataille réussie dans le film, c’est celle des cuisses de poulet qu’ils se lancent à la figure. Il n’y a eu aucun travail pour respecter le comportement – parfaitement connu – des personnages de l’époque. Joséphine de Beauharnais était une grande aristocrate de l’Ancien Régime, d’une distinction absolue. Jamais elle n’aurait écarté les jambes en disant : “Tout
