Et si c’était l’extrème gauche qui était aux portes du pouvoir ? Sur TF1, l’ancien président de la République a appelé à voter pour le nouveau « Front populaire » dominé par les mélenchonistes
On le voyait de temps en temps dans tel ou tel média, ressassant plus ou moins tacitement son amertume contre son poulain, Emmanuel Macron, qui, emporté sans doute par son destin, l’avait trahi sans états d’âme aucun lors de l’élection présidentielle de 2017. « Monsieur petites blagues », joli sobriquet aux consonances sympas, ne plaisante pourtant pas avec l’affront qu’il a subi et qu’il remâche encore.
Ne vous fiez pas à son allure débonnaire, à son profil arrondi, à ses jeux de mots faciles et autres calembours dont il raffole : François Hollande, s’il n’est pas un fin politique dans le sens noble du terme, dispose cependant de tous les attributs du politicien chevronné. La rancune fait partie de la panoplie. Ennemi intime de longue date de Laurent Fabius, autre orfèvre patenté dans le maniement du surin et un temps poulain préféré donc jalousé de François Mitterrand, il avait trouvé éminemment jouissif de le nommer au Quai d’Orsay dès son élection. Et ce pour une seule raison : le voir placé derrière lui lors des cérémonies officielles ou autres déplacements du chef de l’Etat qu’il était devenu, par un malheureux hasard…
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L’autre soir, au JT de TF1 du très gouleyant Gilles Bouleau, en engageant les Français, la mine grave et le regard farouchement plissé, à faire front au Rassemblement national qui porte de mieux en mieux son nom aujourd’hui, l’ancien président rubicond a franchi le Rubicon. Exhorter, haranguer presque, le peuple de France à voter pour une coalition hétéroclite, bancale, contre nature et surtout infiniment dangereuse, relève de la forfaiture. Il y a quelques jours encore, les plus agités de cette phalange aux sombres desseins n’avait pas de mots assez durs envers Israël, « bourreau » d’un peuple palestinien asservi, tout en justifiant le terrorisme du Hamas, à qui ne manque plus désormais que le Nobel de la Paix. Qui ne dit mot consent et ce ne sont pas les circonvolutions sémantiques de cette nouvelle bande des quatre qui changeront quelque chose…
On sait que le séducteur au scooter, qui a poussé la caricature jusqu’à authentifier l’engin motorisé de ses célèbres exploits nocturnes, rêve de renouer avec les ors de l’Elysée, en cédant à l’irrépressible appel du peuple. Se placer dans la posture d’un éventuel Premier ministre, si cette singulière nouvelle gauche plurielle l’emportait, aurait aussi de l’allure. Notamment celle de régenter un pays sous le regard contrit d’un président dévolu aux chrysanthèmes, que lui-même, dans un grand accès de lucidité dont il a le secret, avait « offert » à la France. Sans doute le syndrome Fabius évoqué plus haut…