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La triple imposture dudit nouveau «Front populaire»

LFI, socialistes, Place Publique, communistes et écolos se sont entendus pour aller ensemble aux élections législatives


La triple imposture dudit nouveau «Front populaire»
Accord de la Gauche pour un Front Populaire, Paris, 11 juin 2024. De gauche à droite, Fabien Roussel, Olivier Faure, Marine Tondelier et Manuel Bompard © ISA HARSIN/SIPA

Les partis de gauche n’assument plus la marque « Nupes », frappée du sceau de l’infamie mélenchoniste. Mais pourtant, ils parviennent à s’entendre… Pour faire passer la pilule auprès de l’électorat de gauche, ils lancent le nouveau « Front populaire ». Une triple forfaiture, dénonce ici Renée Fregosi. LFI a démontré au cours des derniers mois qu’elle était la porte d’entrée d’un « Sud global » revanchard en France.


Tandis que certains ont pu croire au soir des élections européennes, que le Parti socialiste (PS) était ressuscité par la grâce de son alliance avec Place publique de Raphaël Glucksmann, voilà que son premier secrétaire Olivier Faure se précipite tête baissée dans une Nupes nouvelle formule pour affronter les législatives anticipées de juin-juillet. Alliance électorale électoraliste certes, parce qu’il faut conserver des sièges coûte que coûte, mais aussi parce « LA » gauche unie demeure un fantasme puissant chez les socialistes français, et enfin parce qu’idéologiquement, l’appareil du PS et la plupart de ses jeunes militants sont soumis à l’hégémonie de l’esprit « révolutionnaire » de LFI.

Une fois encore, le PS français refuse d’assumer un positionnement à la fois social, démocratique et laïque qui lui serait propre, et qui l’opposerait à un mouvement prétendument « de gauche », en fait non seulement autoritaire et violent, mais parfois également antisémite – plus proche des SA nazis que des insurgés de la Commune (!). Une fois encore, les socialistes français renoncent à la social-démocratie, foncièrement incompatible avec les avatars du bolchevisme, et de ce fait ils se dérobent au véritable défi de l’époque.

Raphaël Glucksmann et Olivier Faure, Saint-Paul (974), 19 avril 2024 © Alain ROBERT/SIPA

Les irréconciliables réconciliés

Après Munich, lorsque les démocraties européennes eurent connu « et le déshonneur et la guerre », Léon Blum disait qu’il « aurait mieux valu qu’une rupture franche séparât des éléments irréconciliables au regard d’un problème vital ». A l’époque, il s’était agi d’abord de prendre le risque de la guerre, contre les pacifistes menés par les communistes qui accusaient Blum d’être un « fauteur de guerre ». Ensuite il s’est agi de prendre le risque de la résistance (comme l’ont fait dès juin 1940 un groupe de socialistes autour de Daniel Meyer en passant à la clandestinité, Léon Blum après avoir refusé les pleins pouvoirs à Pétain se retrouvant emprisonné, accusé puis pris en otage à Buchenwald, et quelques autres socialistes en rejoignant De Gaulle à Londres) contrairement aux communistes suivant les ordres de Staline qui avait signé un pacte de non-agression avec Hitler.

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Aujourd’hui, il s’agit d’abord de résister à l’offensive de ce totalitarisme du troisième type qu’est l’islamisme qui par la violence, la pression, l’influence, l’infiltration dans les institutions et la société civile, impose séparation des sexes et des communautés et orthopraxie religieuse. Or, au motif que les musulmans seraient les nouveaux « damnés de la terre », le mouvement LFI (et pas seulement son leader charismatique Jean-Luc Mélenchon) mais aussi le résidu du PS, ainsi que de prétendus écologistes véganes et néo-féministes convertis au wokisme (idéologie anti-occidentale fustigeant le mâle blanc hétérosexuel) se sont rangés aux côtés des islamistes, reproduisant le même type d’attitude que leurs aînés pacifistes puis collaborationnistes face au nazisme.

Propalestinisme délirant à gauche

Négation ou sous-évaluation de la menace, minimisation des attaques, compassion et incantations bêlantes à la paix, voire victimisation des auteurs d’attentats et de massacres ayant prétendument subi les humiliations non plus du traité de Versailles mais de la colonisation, de l’exclusion, de la stigmatisation, et bien sûr de « l’islamophobie ». Mais aussi, boycott d’Israël accusé de façon obsessionnelle de colonisation, d’apartheid, et de « génocide », stigmatisation des Juifs de la diaspora et soutien à leur exclusion des universités notamment, au nom d’un propalestinisme délirant mythifiant « un malheur palestinien » destiné à effacer la Shoah par la substitution de ladite « nakba » (holocauste en arabe), et négation de la légitimité à l’existence d’Israël en réclamant une Palestine sans Juifs « du Jourdain à la Méditerranée ».

Se revendiquant d’un « Sud global » que les nouveaux impérialismes expansionnistes russe, chinois ou iraniens, coalisés ou en concurrence, manœuvrent en sous-main, et que l’antisémitisme contribue grandement à coaguler, cette « gauche unie » se définit en effet clairement comme islamo-gauchiste. La violence tant verbale que physique, érigée en légitime défense du peuple, se pare de l’aura « révolutionnaire », considère le mouvement terroriste du Hamas comme un groupe de « résistance », et légitime également les black-blocs qui infiltrent les cortèges syndicaux comme ils ont pourri les manifestations des gilets jaunes, faisant sciemment monter la tension dans une stratégie déstabilisatrice au sein d’une société française gravement fragmentée et traumatisée.

Ainsi, cette « Union de la gauche » plus cynique et trompeuse que jamais, qu’ils ont osé rebaptiser « Front populaire » en évoquant 1936, est une triple imposture. Tout d’abord, la perspective de l’arrivée du RN aux portes du pouvoir n’est en rien comparable au péril fasciste des années 30. Le véritable totalitarisme du troisième type qui nous menace et qui a déjà commencé à saper les bases de nos démocraties, c’est principalement l’islamisme. Or contre cette offensive mortifère de l’islam politique, non seulement ce soi-disant Front populaire ne pourra rien, mais encore il y participera activement comme on le voit plus clairement que jamais depuis les massacres génocidaires perpétrés par le Hamas le 7 octobre, avec les prises de positions des différents partis qui composent l’alliance.

Par ailleurs, pour récupérer les électeurs « réformistes » qui avaient retrouvé le chemin des bureaux de vote en croyant pouvoir espérer le réveil d’une gauche démocratique ruinée par les errances du PS et la disruption macronienne, LFI use de la même fourberie que Blum dénonçait avec lucidité chez Lénine. En 1920 au congrès de Tours qui vécut la scission de la SFIO, le leader socialiste, lançait en effet aux partisans de l’internationale communiste malgré leurs vociférations : « Vous pensez, profitant d’une circonstance favorable, entraîner derrière vos avant-gardes les masses populaires non communistes, non averties de l’objet exact du mouvement, mais entretenues par votre propagande dans un état de tension passionnelle suffisamment intense[1] ».

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Blum, ne céda pas à la pression unioniste qui aurait soumis son parti à la tutelle bolchevique car « cette tactique des masses inconscientes, entraînées à leur insu par des avant-gardes, [il ne pouvait] pas l’admettre[2] ». Et plus tard, face à la guerre qui approchait, il aurait voulu refuser à nouveau ce qu’il appelait « la religion de l’unité », d’autant qu’il était persuadé que ce refus d’une unité qui n’était qu’un lâche alignement, « aurait fait preuve ; les masses populaires se seraient aussitôt reformées autour de ceux qui avaient vu clair[3]». De même aujourd’hui, et c’est là sa troisième imposture, la soi-disant unité « à gauche » n’est pas du côté du peuple, ce « Front populaire » LFIste n’a rien de populaire.

Si le prolétariat d’aujourd’hui n’est plus que très marginalement ouvrier, il existe toujours cependant, notamment dans le service à la personne, le nettoyage ou au plus bas de l’échelle dans le secteur de la santé. Mais ces travailleurs n’intéressent pas la prétendue gauche « révolutionnaire », pas plus que les agriculteurs tirant des revenus dérisoires de leur labeur, ou les classes moyennes, dont le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer et qui vivent dans une insécurité physique et culturelle de plus en plus forte, notamment dans la « France périphérique ». Tous ceux-là qui devraient être représentés et défendus par une social-démocratie œuvrant au véritable progrès social, à la transmission de la culture et au partage du pouvoir, sont abandonnés au Rassemblement national qui est le seul à donner l’impression de ne pas les mépriser sans offrir toutefois de véritable solution durable à leurs problèmes.

Alors, jouer au front anti-fasciste dans une coalition de type « castor » comme disait le regretté Laurent Bouvet, c’est-à-dire ayant pour seule boussole désaxée de « faire barrage au RN », relève du mensonge, de l’irresponsabilité et du grotesque. Et cela, que ce soit en passant sous les fourches caudines révolutionnaires et parfois antisémites de LFI, ou en rejoignant le camp macronien, plus égocentrique que centriste, ni de droite ni de gauche parce que technocratique et mondialiste. Il est certes bien tard, mais peut-être l’audace d’affronter enfin le réel du monde actuel et ses menaces existentielles, pourra-t-elle ouvrir de nouvelles perspectives ?

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[1] Léon Blum, discours au Congrès de Tour en 1920, « Pour la vieille maison » (p. 25) Cahier de l’OURS, N°4-1969

[2] Léon Blum, discours au Congrès de Tour en 1920, « Pour la vieille maison » (p. 25) Cahier de l’OURS, N°4-1969

[3] Léon BLUM, A l’échelle Humaine (p.306) Ed. Archipoche, Paris 2021



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Philosophe et politologue. Présidente du CECIEC. Membre de Dhimmi Watch et de l’Observatoire des idéologies identitaires. Dernier ouvrage paru : "Cinquante nuances de dictature. Tentations et emprises autoritaires en France et ailleurs". Éditions de l’Aube 2023

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