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Les raisons d’un succès

Le billet de Charles Rojzman


Les raisons d’un succès
Jordan Bardella prend des photos avec ses militants, Perpignan, 1er mai 2024 © Alain ROBERT/SIPA

Le succès dans les urnes du Rassemblement national, dimanche dernier, est l’illustration d’un puissant ras-le-bol populaire vis-à-vis des élites des métropoles, sourdes aux angoisses identitaires, ayant bazardé l’assimilation à la française dans la mondialisation. Ce n’est pas le grand retour de la « bête immonde » ou un vote majoritairement raciste.


La France raciste. L’extrême-droite de Zemmour et Le Pen voudrait chasser tous les musulmans de France. Quand ils ne sont pas victimes de discriminations en raison de leur religion ou de leur couleur de peau, on leur refuserait l’accès à une citoyenneté pleine et entière parce qu’ils sont noirs, arabes ou musulmans. Ils seraient les victimes, les boucs émissaires désignés d’une France malade de peur et de haine. Victimes, mon œil ! Maintenant, ça suffit cette plaisanterie. La France est un des pays les moins racistes du monde et déjà certainement moins que les pays du Maghreb. Parlez-en aux noirs qui vivent au Maroc, en Algérie, en Tunisie ! Quand ils ne sont pas expulsés manu militari dans le désert sans eau ni nourriture, ils sont harcelés, méprisés, réellement discriminés.

Les Français de branche sont toujours les bienvenus

Les Français veulent bien vivre avec des gens qui ont une autre couleur de peau et une autre origine. La France le fait depuis longtemps. Elle assimile. Mais elle ne veut pas qu’on importe des mœurs étrangères à sa civilisation. Elle ne veut pas de racistes, d’antisémites, de sexistes, d’homophobes, de fanatiques de la Charia, de criminels et d’assassins sans cœur. Elle ne veut pas être méprisée. Elle veut être aimée. Ceux qui l’aiment et la respectent, elle leur retourne son amour. Ils le savent bien ceux qui ont adopté la France sans nullement renier ce qu’ils étaient, ces Français de cœur et de branche et qui veulent faire souche comme d’autres l’ont fait avant eux. Ils sont heureux en France et ils savent qu’ils peuvent réussir une belle vie, à égalité avec leurs compatriotes, de même milieu social. Parfois, c’est sûr, il y a des frottements, des méprises, des malentendus mais il y en a aussi pour d’autres Français « de souche », manants d’un monde qui prétend qu’il n’a plus besoin d’eux : paysans, ouvriers, employés chassés des métropoles et des villes centres, sans accès véritable aux transports urbains, aux logements et aux emplois de ces métropoles.

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Un monde s’annonce, et ils le pressentent bien, où ceux qui viennent d’ailleurs, le plus souvent de l’autre côté de la Méditerranée vont servir d’esclaves pour les nouveaux maîtres ou peu à peu les remplacer, eux, par la force de minorités revanchardes, délinquantes ou conquérantes qui veulent leur part d’un gâteau qui s’amenuise pour les plus défavorisés dans la compétition sociale. Il suffit de comprendre cela pour saisir sur le vif la peur du grand remplacement. Grand remplacement déjà présent ou prévisible.

Ne pas mépriser la peur, l’écouter et la comprendre

Il ne faut jamais mépriser la peur. Parfois la peur prévient du danger et elle est un signal d’alarme qu’il faut écouter. Et il faut écouter ceux qui ont peur. Ceux qui ont ce sentiment qu’on vole territoire, dignité et identité. Ces Français de toutes origines qui sont pillés, volés, agressés quotidiennement. Ces musulmans qui ont peur qu’on les chasse loin de cette France qui est leur nouvelle patrie, parfois depuis plusieurs générations, en les confondant avec les criminels et les fanatiques. Ces juifs qui sont harcelés et acculés à vivre dans l’insécurité. Qu’on ne me dise pas que je suis raciste. Mes amis le savent, tous ceux qui me connaissent, il n’y a pas de racisme en moi. Pas de mépris ou de haine en raison d’une couleur de peau ou une origine. Il n’y a qu’une sainte fureur contre les mensonges qui nous sont contés pour faire taire notre envie de vivre libres en compagnie de tous ceux qui veulent cette même liberté. Pour faire taire notre envie d’être nous-mêmes, de nous retrouver en guérissant le mieux possible nos déchirures, nos divisions, nos désespoirs, notre léthargie.

Vers les guerres civiles: Prévenir la haine

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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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