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Au-dessous de l’emmêlé

Sois sage Omaha douleur et tiens-toi plus tranquille !


Au-dessous de l’emmêlé
Conférence de presse du président Macron, Paris, 12 juin 2024 © Michel Euler/AP/SIPA

Le président Macron a confié au Figaro Magazine peaufiner actuellement « une synthèse dans le sens d’une radicalité ambitieuse ». Le regard d’Henri Beaumont. 


« Débâcle : Changement fâcheux qui emporte la fortune d’un particulier, la prospérité d’un gouvernement, les opinions, les mœurs, comme la débâcle emporte les glaces de la rivière » (Littré)

Billard à quinze bandes ? Harakiri ? Blitzkrach ? La Débâcle, c’est le pénultième opus du cycle des Rougon-Macquart: le 2 décembre se termine à Sedan. L’infortune d’Emmanuel Macron et sa dissolution… Le saut à l’élastique sans élastique, c’est risqué. En flagrant déni, le cambrioleur qui a raté son casse cherche une issue de secours, prend Marianne de vitesse, en otage. Plus un seul lapin dans le chapeau, petit morceau de mouche de majorité, vermisseau d’électeur croyant au projet présidentiel. Emmanuel Macron sacrifie ses fantassins, cherche des mercenaires, emmerde tout le monde. Sois sage Omaha douleur et tiens-toi plus tranquille !

Grandes manœuvres et verbigérations

Les politologues, les Gaulois réfractaires, peinent à comprendre le cap, le génie manœuvrier du Protée élyséen. Dans l’avion de retour d’Oradour-sur-Glane, Jupiter Gamelin peaufine « une synthèse dans le sens d’une radicalité ambitieuse ». Narcissique, cornérisé, angoissé par la déroute annoncée, Emmanuel Néron verbigère, contemple les incendies, guerres civiles, camarillas politicardes, le mercato des traitres dénonçant les reîtres vendus aux collabos, les zizanies qu’il a instrumentalisées, qui fragilisent l’ordre public, abîment la politique, ravagent le pays à six semaines des JO.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Journée de dupes!

Le mal nommé Front populaire aimerait tirer les Macron du feu. Sur France Culture, rue des Martyrs, dans les mines, les collines, l’empyrée pourtousiste, c’est l’alarme. La gauche « Mennen stick large 1001 nuits debout » chasse le nauséabond, cherche la recette du cake d’amour, met les morts à table. Missak et Mélinée pétitionnent, tissent le linceul du vieux mode, des turbulettes organiques, chèches en blanc. L’affront populiste et le suffrage universel menacent la démocratie : ça devient compliqué. La chienlit, les Tartufferies du camp du bien, stimulent et dynamisent l’axe du mal. « Monsieur de Camper racontait qu’un missionnaire peignit l’enfer de si ardente façon à une communauté de Groenlandais, et tant parla de sa chaleur, que ceux-ci commencèrent d’éprouver le désir d’y aller » (Lichtenberg).

Sans carte, boussole, ni ligne d’horizon…

La communauté est réduite aux aguets. Le gouvernail ne peut agir qu’à la condition que le navire soit encore en mouvement. Encalminé, en proie aux mutineries, piloté par des pachas d’opérette, sans carte, boussole, ni ligne d’horizon, comment arriver à bon port ? Une certitude : pas de salut dans la démagogie, les postures, prélatures, poutures, forfaitures. Pas de rebond sans un audit approfondi des maux qui gangrènent le pays : l’insécurité, les déclassements, les écroulements éducatif, culturel, économique, diplomatique.

« Durant des siècles, la France n’a fait que croire et, quand elle doutait, elle le faisait au sein de ses croyances. Elle a cru, tour à tour, au Classicisme, aux Lumières, à la Révolution, à l’Empire, à la République. Elle a eu les idéaux de l’aristocratie, de l’Eglise, de la bourgeoisie, du prolétariat ; et a souffert pour chacun. Ses efforts, transformés en formules, elle les a proposés à l’Europe et au monde, qui les ont imités, perfectionnés, compromis. Mais leur croissance et leur délitement, c’est elle qui les a vécus en premier lieu, et avec plus d’intensité ; elle a créé des idéaux, et les a usés, les a expérimentés jusqu’au bout, jusqu’au dégoût. Cependant, une nation ne peut être indéfiniment génératrice de foi, d’idéologies, de formes étatiques et de vie intérieure. Elle finit par trébucher. Les fontaines de l’esprit se tarissent et elle se réveille devant son désert, les bras croisés, effrayée par l’avenir » (Cioran).

Les défaites sont rarement étranges. La débâcle vient de loin.

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