Mais quelle est cette singulière idée défendue par Sarah Knafo, n°3 sur la liste de Marion Maréchal ?
Les tabous tombent ! Avant — c’était quand, déjà ? Ah oui ! 1985 ! — avant 1985, donc, c’est-à-dire Schengen, il y avait des frontières. On se souvient des réveils, en pleine nuit, à Vintimille, du boucan sur les quais, des douaniers et des carabinieri, d’un blanc-seing à tendre, non pas l’Identity card, mais sa carte d’identité, de l’attente interminable avant le sifflet du départ. Depuis, « revenir sur Schengen », était im-pos-si-ble ! Im-pen-sable ! Ces embouteillages, ces bouchons à la frontière espagnole ? Vous n’y pensez pas ! Mais si, justement, on y pense ! Et même drôlement ! Et partout ! A la télévision, dans les cafés, les journaux, les think tanks. Or, en parler, c’est déjà envisager, anticiper. Serait-ce la fin, au pays des vaches polluantes, d’une vache sacrée : les accords de Schengen ? En tout cas, le seul parti à prendre le taureau par les cornes, c’est Reconquête.
Les travailleurs transfrontaliers ? Pas un problème !
Que propose donc le parti Reconquête ? Il propose le rétablissement, non seulement de la frontière nationale, mais l’instauration de « la triple frontière ». Aux mots « triple frontière », Madame Hayer, lors du premier débat à la télévision avec ses concurrents, avait réagi par un étonnement de bon aloi. Triple frontière ! On rêve ! Face à Gabriel Attal, Jordan Bardella, lui, avait sorti le lapin du chapeau Reconquête mais sans expliciter ni défendre cette idée. Sarah Knafo vient de donner les précisions. Il ne s’agit pas d’un « slogan » mais d’un « projet » soutenu par Reconquête qui concerne trois frontières : celles de la France, de l’Europe, celles du pays d’origine.
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Il faut, d’abord, rétablir la frontière nationale comme la France l’a fait durant toute son histoire. L’histoire d’un peuple, d’un pays, d’une nation s’inscrit toujours et partout dans un territoire. Il faut donc, dit Knafo, limiter l’accès libre à l’espace européen aux seuls Européens. Ce qui suppose ne plus confondre le droit de pénétrer en Europe et d’y pénétrer sans contrôle préalable comme on le fait aux Etats-Unis, en présentant un visa. Et les transfrontaliers, dira-t-on ? La tête de liste de Renaissance paraissait bien démunie. Or, ce problème, dit Knafo, ne doit pas effaroucher les experts en télépéage que nous sommes ! Nous avons suffisamment de moyens techniques pour assurer le passage journalier des transfrontaliers ! Des plaques numéralogiques, par exemple, qui donneront accès à des files dédiées.
Les clandestins ne sont pas forcément démunis
La frontière européenne, elle, suppose un blocus naval militaire, avec la mise en commun des moyens de police maritime des pays européens, pour intercepter les bateaux et renvoyer les clandestins dans leur pays d’origine. Quant à la troisième frontière qui s’impose, à partir du moment où les OQTF ne sont plus exécutées sur notre territoire (constat chaque jour plus dramatique), c’est une campagne serrée à mener de dissuasion des candidats au transit, et c’est protéger les frontières des pays d’origine. Parce qu’enfin, — les études et les témoignages l’attestent — la migration recouvre une réalité sordide : celle d’un marché dont Sarah Knafo, énarque, qui fut magistrate à la Cour des Comptes, parle d’expérience pour l’avoir étudié in situ. Contrairement aux idées reçues, dit Sarah Knafo, les clandestins sont loin (ou ne sont pas tous, loin de là) d’être de pauvres hères démunis.
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Manon Aubry et Marie Toussaint auront beau crier aux heures les plus sombres de la France, le principe de réalité est implacable : il n’y a pas de pays sans frontières pour délimiter l’espace de souveraineté d’un Etat. Il n’y a pas de civilisations sans murs pour protéger de « l’ennemi » et délimiter un espace de liberté pour la vie en commun. « Ennemi » : l’absence des frontières fait prospérer les réseaux mafieux du trafic et de la traite ; sans frontières, l’Europe se déchire ; sans frontières, la France est désunie, fracturée, en proie à la violence. Que ce « projet » de la triple frontière soit ambitieux, c’est incontestable. Difficile peut-être. Irréalisable ? Sauf que nous n’avons plus le choix, dit Knafo, qu’entre « les embouteillages et les coups de couteau ».
Je pense aux « restanques ». Ce mot provençal désigne un muret de retenue, dans le lit d’un torrent, pour lutter contre le glissement ou le déboisement des terres cultivées. Permettant l’atterrissement en amont, tout en laissant passer l’eau, la restanque rend une terre fertile. Pour lutter contre l’effondrement de notre pays dans beaucoup de domaines, deux solutions sont à envisager sérieusement : rétablir les frontières extérieures et construire des « restanques » intérieures où pousseront les vignes d’un vin nouveau. La France est terre d’asile non terrain de vagance. Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, est la seule des candidats, lundi soir sur BFMTV, dans le débat qui les opposait, à avoir rappelé les racines chrétiennes de la France.