Miss Dindes

Les concours de beauté sont une cible de choix de l’idéologie woke. Voici pourquoi


Miss Dindes
Miss Népal, Jane Dipika Garrett au concours de Miss Univers, 16 novembre 2023, San Salvador © Moises Castillo/AP/SIPA

L’inarrêtable ogre du wokisme n’a pas fait une exception avec les concours de beauté, institutions fondées par la civilisation « d’avant », vestiges d’une époque que les militants rêvent d’abolir…


La nouvelle Miss Buenos-Aires a 60 ans[1], celle du Népal pèse 80 kilogrammes[2], l’actuelle miss Portugal est née homme[3] et la jeune femme élue au début de l’année Miss Japon est… d’origine ukrainienne[4].
L’inarrêtable ogre du wokisme n’a pas fait une exception pour les concours de beauté, institutions fondées par la civilisation « d’avant ». Eurovision, cérémonie des Oscars ou concours de Miss: les idéologues de la bien-pensance moderne savent choisir les canaux de communication qui leur garantiront l’audience la plus large et probablement la plus importante – celle des classes populaires.

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Depuis des années et pratiquement partout dans le monde, les concours de Miss avaient leur fidèle public, grâce aux spectacles (souvent) de qualité d’un côté, et à une habile dose de ringardisme de l’autre, offrant pour un soir aux jeunes filles participantes un conte de fées. Mais, dans le monde d’avant, la notoriété des charmantes candidates au titre de reine de beauté pesait peu face aux femmes qui savaient se démarquer dans leurs vies professionnelles par la force de leurs personnalités, celles capables de se faire une place dans le monde de loups qu’était alors celui des hommes. Et on ne se souciait pas de leurs opinions politiques ou orientations sexuelles, bien sûr. 

Une tradition qui date de l’Antiquité

La passion des êtres humains pour les concours de beauté a toujours existé. Dans l’Antiquité déjà, Athéna, Aphrodite et Héra se battaient pour la couronne de la plus belle femme. C’est ainsi que Paris, le prince de Troie, a offert à Aphrodite une pomme d’or, connue jusqu’à nos jours comme la pomme de la discorde. La tradition a perduré pendant le Moyen Âge, quand les familles royales organisaient des fêtes pour savoir qui était la plus belle fille du royaume et trouver ainsi une épouse pour un prince-héritier. Cendrillon nous en a laissé, à sa façon, un magnifique témoignage.
Les règles et les critères de sélection changeaient d’une époque à l’autre, avec une constante qui demeurait intouchable : la gagnante devait incarner la beauté féminine telle qu’elle était perçue par l’imaginaire collectif et devenir une petite fiancée pour tout un peuple.

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En s’en prenant à cette tradition populaire qui célèbre la jeunesse et la féminité, le wokisme réaffirme sa volonté d’achever la civilisation d’Adam et Eve, les deux personnages à l’origine du récit judéo-chrétien tombés dans le piège de la séduction. L’idée est de ne lui laisser plus aucune influence spirituelle et culturelle, et de faire oublier des codes qui pendant deux mille ans faisaient avancer le monde.

La loi du plus fort ne peut devenir la norme

Le seul espoir qu’il nous reste dans cette tentative de démolition des symboles civilisationnels les plus anodins, c’est que l’idéologie wokiste n’est capable de proposer aucune alternative. Tout son potentiel se limite à la transgression et la dégradation du patrimoine et des témoignages de l’Histoire: on déboulonne des statues, on asperge avec de la peinture les œuvres d’art ou on travestit les traditions populaires. Cette idéologie s’empare exclusivement des créations déjà abouties pour les transformer en vitrines de sa doctrine, en imposant de force ses choix et contre l’avis de la majorité des gens. Celle qui n’a pas choisi le dernier gagnant de l’Eurovision, à en croire le vote du public et qui, selon les sondages, n’aura pas pensé à la très médiocre chanteuse Aya Nakamura pour la cérémonie de l’ouverture des Jeux olympiques à Paris au mois du juillet de cette année…[5]

La chanteuse Aya Nakamura au Salon Gustave Eiffel a Paris, le 14/02/2019 © LAURENT VU/SIPA Numéro de reportage: 00895088_000034.

Pour les puissants maîtres du progressisme 2.0, tout passe par la promotion à outrance du récit victimaire et accusateur, qui écrase tout sur son passage. Mais comme cela a été toujours le cas dans l’histoire, les forces de la destruction, même les plus virulentes, s’épuisent avec le temps. Avons-nous un autre choix que d’attendre et de constater les dégâts commis par le tsunami woke ? Nous continuons pour l’instant d’être les véritables dindons de cette farce jouée par les pouvoirs néo-progressistes qui nous obligent à applaudir des femmes sexagénaires ou des hommes biologiques élues Miss. Miss Dindes, pour être plus précis…


[1] À 60 ans, Alejandra Rodríguez remporte l’élection régionale de Miss Univers à Buenos Aires – Le Parisien

[2] Breaking Beauty Norms: The 80 kg Stunner Who Soared into the Top 20 at Miss Universe 2023 (youtube.com)

[3] https://www.ouest-france.fr/societe/lgbt/une-femme-transgenre-sacree-miss-portugal-pour-la-premiere-fois-2eae6a9c-647c-11ee-84ee-9e4a9c99baa2

[4] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/12/une-miss-japon-d-origine-ukrainienne-ravive-les-debats-sur-l-identite-nippone_6216103_3210.html#:~:text=N%C3%A9e%20de%20parents%20ukrainiens%2C%20M,la%20nationalit%C3%A9%20japonaise%20en%202022

[5] https://www.odoxa.fr/sondage/aya-nakamura-aux-jo-une-mauvaise-idee-pour-63-des-francais/




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Travaille dans l’industrie des hautes technologies. Il est l'auteur du livre « L'Homo Globalis Numericus » paru aux Editions du Panthéon.

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