Accueil Médias Du pluralisme dans les médias? Oui, mais pas n’importe comment…

Du pluralisme dans les médias? Oui, mais pas n’importe comment…

L’audiovisuel public déroge à ses obligations légales d’impartialité et de pluralisme, selon une étude de l’institut Thomas More


Du pluralisme dans les médias? Oui, mais pas n’importe comment…
Laurence Bloch, Nagui, Sonia Devillers, Patrick Cohen, Charline Vanhoenacker, Augustin Trapenard à Radio France, Paris, 27 août 2014 © ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA

L’affaire est entendue : les médias français sont majoritairement progressistes, immigrationnistes, multiculturalistes et européistes. Les journalistes sont majoritairement de gauche. Les étudiants des écoles de journalisme et des IEP votent très majoritairement à gauche ou à l’extrême gauche. Le frémissement actuel d’un contre-courant au gauchisme ambiant laisse espérer des lendemains moins idéologiquement uniformes dans les médias. Mais rien n’est gagné, loin de là.


Le magistère moral de la gauche médiatique n’est en effet remis en question qu’à la marge. Dans l’audiovisuel public, rien ne change, au contraire. L’entre-soi est assuré. On y discute d’immigration heureuse, d’avenir diversitaire et radieux, de justes causes de toutes les minorités possibles et imaginables, de « dérèglement climatique » en tenant au loin les potentiels contradicteurs. On se congratule mutuellement, on donne des leçons de morale en évoquant, faussement épouvantés, le retour des « heures sombres » et autres « bêtes immondes », on fait des barrages contre l’extrême droite à tout-va – jusqu’à présent, les élections confirmaient l’efficacité de cet harassant travail de castors stakhanovistes.

Le combat d’une vie pour Me Goldnadel

Bien entendu, la main sur le cœur, on ne cesse de se targuer d’être ouverts, tolérants et pluralistes. Malheureusement, regrettent les salariés de « l’odieux visuel du service public » (Goldnadel), malgré tous leurs efforts, les barrages s’effondrent, des idées nauséabondes parviennent à percer ici ou là, les Français ignorent les injonctions des éditorialistes politiques de France Inter et votent de plus en plus mal. Du coup, la médiacratie montre son vrai visage. Et ses dents. Il aura suffi du succès d’une chaîne d’information continue, d’une radio et d’un ou deux journaux « bollorisés » et de sondages annonçant la victoire écrasante du RN aux prochaines élections européennes pour qu’éclate sa tartufferie et que remonte entièrement à la surface son mauvais fond idéologique et autoritaire.


L’audiovisuel du service public, subventionné par tous les Français, a depuis longtemps choisi son camp. Progressiste, woke et immigrationniste, il distille à longueur d’émissions et de documentaires soigneusement orientés les messages vantant les mérites du multiculturalisme et de l’écologisme, de l’UE et du transgenrisme. De plus, il ne perd pas une occasion d’évoquer, en tremblant, « l’extrême droite » qu’il devine derrière chaque personne ou groupe de personnes contredisant la doxa. Cette machine propagandiste compte plusieurs centaines de directeurs, producteurs, journalistes, chroniqueurs et éditorialistes qui trouvent la place suffisamment chaude pour ne la céder à personne. À l’annonce de la fusion de Radio France et France Télévisions, les salariés de Radio France ont dénoncé, dans une tribune parue dans Le Monde, une réforme « démagogique, inefficace et dangereuse ». « Protégeons, écrivent-ils, le pluralisme dont nous sommes un des piliers. » Défense de rire. Parlons-en, tiens, de ce fameux pluralisme dans l’audiovisuel public.

A relire : Delphine Ernotte: «Je ne veux pas la mort de CNews»

La gauche bénéficie d’une exposition sans égale sur France inter

L’institut Thomas More, après avoir visionné et écouté attentivement pendant une semaine les programmes de France 2, France 5, France Info TV, France Info Radio, France Culture et France Inter en tenant compte des recommandations du Conseil de l’État à l’Arcom – à savoir qualifier et mesurer les sensibilités politiques de tous les participants à toutes les émissions – vient de rendre un rapport accablant, nous apprend un récent article de Judith Waintraub1 dans Le Figaro Magazine : « l’audiovisuel public déroge à ses obligations légales d’impartialité et de pluralisme ». Les résultats : sur 587 intervenants, 50 % étaient jugés politiquement « inclassables », 25 % de gauche, 21 % du camp macroniste et 4 %… de droite. Devinez sur quelle radio les intervenants classés à gauche profitent d’une exposition sans égale : France Inter, naturellement. Ces résultats confirment par ailleurs ceux du temps de parole des courants politiques aux dernières législatives sur ladite radio avec « des gauches bénéficiant d’une audience nettement supérieure à leur poids électoral (+ 50 %) » tandis que « la droite radicale connaissait une sous-représentation considérable ( – 58 %) ». En outre, les membres de l’institut Thomas More, après avoir décortiqué des centaines d’émissions, notent que les humoristes et éditorialistes de France Inter réservent systématiquement un « traitement de défaveur aux représentants des droites ». Bizarre : Adèle Van Reeth affirmait pourtant au Figaro, le 28 mars dernier, que les journalistes et animateurs de la radio qu’elle dirige étaient « des personnes qui ne sont pas dans une optique militante ». Quant à l’émission de France 2 “Complément d’enquête”, après avoir visionné ses 86 dernières éditions, le résultat de l’institut est sans appel : « 37 % d’entre elles reflètent un positionnement idéologique de gauche et 0 % de droite ! » Il est noté également une appétence toute particulière de l’audiovisuel public pour le multiculturalisme – du 19 au 23 février 2024, les six radios et télés étudiées ont traité le thème de la « diversité »  à 12 reprises « en la présentant à chaque fois comme une chance pour le pays d’accueil et une condition pour le développement d’une société plus harmonieuse », écrit Judith Waintraub en s’appuyant sur une note on ne peut plus claire de l’institut Thomas More : « La fierté de sa culture ou de ses racines est considérée avec scepticisme quand ladite culture est française, mais au contraire fortement valorisée quand celle-ci est étrangère. »

L’humoriste Charline Vanhoenacker photographiée à Lille en 2022 © JP PARIENTE/SIPA

Tout aussi clair est le dernier tract du syndicat CFDT-Journalistes. Contrevenant totalement aux principes syndicaux de non-ingérence politique et de défense des salariés, les représentants du syndicat écrivent, avec des trémolos dans la plume : « Les journalistes ne veulent pas regarder monter l’extrême droite les bras croisés ». Ils exhortent « les journalistes et tous les citoyens à ne pas sous-estimer le péril démocratique qui est en jeu ». Plus loin, ils affirment : « Si nous nous exprimons en tant que représentants des journalistes en particulier, c’est que l’information est un pilier de la démocratie : les journalistes ont un rôle capital pour relater ce que vivent nos concitoyens, rendre compte et faire vivre le débat public, pour dire ce qui risque d’être tu. »

Relater certains faits de société, nommer certains criminels, confronter les chiffres explosifs de la délinquance à ceux, en hausse régulière, de l’immigration, dénoncer l’antisémitisme d’une partie de l’extrême gauche, ne semblent pas faire partie de cette profession de foi. Et pour cause : ces événements relèvent de « l’information manipulée par les extrémismes, pour servir leur projet ». La tête nous tourne lorsque les journalistes de la CFDT défendent le pluralisme tout en regrettant « l’extension progressive de médias d’opinion » ou affirment que « le débat public pâtit de la montée de tous les extrêmes », alors qu’eux-mêmes ne ciblent que… l’extrême droite. Il n’est en effet question que d’elle : la CFDT invite tous les journalistes à « se former » exclusivement sur ce qu’est l’extrême droite ; à « refuser tout compromis » en n’omettant jamais de qualifier le RN et Reconquête ! de « partis d’extrême droite » ; à ignorer le « vocabulaire de l’extrême droite », etc. Afin de ne pas « s’endormir face à la banalisation de certaines idées » (devinez lesquelles !) et « pour que les rédactions soient un lieu de diversité où se vivent le dialogue et la fraternité (sic) », la CFDT-Journalistes propose ce qu’elle appelle un « contre-projet » de société reposant sur un paysage médiatique pluraliste mais pas trop quand même. Après avoir lu attentivement le tract de la CFDT, nous pensons être en mesure de dessiner ledit paysage assez précisément : une télévision publique de gauche, des radios publiques progressistes, des journalistes de presse pluralistes de gauche, wokes ou progressistes, des éditorialistes politiques de gauche, des chroniqueurs wokes, des animateurs progressistes et, pourquoi pas, histoire d’apporter une touche d’humour, des bouffons belges. C’est étrange mais… ça nous rappelle quelque chose. 

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  1. https://www.lefigaro.fr/medias/droite-marginalisee-et-gauche-surexposee-revelations-sur-le-manque-de-pluralisme-dans-l-audiovisuel-public-20240524 ↩︎



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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