Le parti de Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot et Clémentine Autain « épouse toutes les infamies depuis le 7 octobre » a affirmé le philosophe sur BFMTV dimanche.
On va dire que je chipote, que pour être convaincant il faut forcer le trait, que l’approche globale est commode pour frapper les esprits et qu’on a le droit à toutes les exagérations dans l’espace médiatique. Pourtant je ne supporte pas la généralisation quand elle offense la vérité. Quand Raphaël Enthoven soutient que la France insoumise est « le premier parti antisémite de France » (BFMTV), il a tort parce qu’il oublie délibérément les députés LFI qui n’ont jamais été sur la même ligne odieuse que Jean-Luc Mélenchon, qui n’ont jamais « épousé toutes les infamies depuis le 7 octobre ». Cette manière de confondre la partie avec le tout est offensante pour les quelques-uns qui à ma connaissance n’ont jamais tenu de propos honteux. C’est les accabler sous un opprobre partisan qui ne devrait pas les concerner. C’est aussi amplifier l’arrogance perverse du discours authentiquement antisémite, au sein de LFI et de la part de Jean-Luc Mélenchon pour des motifs principalement électoralistes, en laissant croire qu’il exprime la détestation éprouvée par l’ensemble de la France insoumise.
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Il ne faut pas tomber dans ce piège même si on attendrait de la part de ceux qui sont toujours demeurés dans la décence éthique et politique une expression plus vive de leur opposition. Ou, même, par un comble de distance indignée, une séparation d’avec ce parti qui, à cause de Jean-Luc Mélenchon, sur beaucoup de sujets, s’est aliéné le respect civique.
Être anti-Hamas et pro-Gaza, c’est possible !
Sur le plan de l’analyse géopolitique, il est fondamental de permettre à des pensées d’extrême gauche, inscrites durablement dans un cadre républicain et sans la moindre haine d’Israël, de proférer des tentatives de synthèse entre la reconnaissance de la barbarie indépassable du 7 octobre et le souci de la cause palestinienne avec la multitude des morts à Gaza (même non voulues directement par l’État hébreu et son Premier ministre contesté par presque tous). Il ne faut pas oublier non plus que Jean-Luc Mélenchon a été une personnalité à part, parfois pour le meilleur, dans les années passées. Si aujourd’hui il est tombé dans le pire, cela ne tient pas seulement à son rêve renouvelé de l’emporter en 2027, mais surtout à sa volonté de continuer à se ménager un rôle irremplaçable au sein de ses soutiens grâce à ce qu’on pourrait appeler une identité par la provocation constante et le clivage permanent. On imagine comme ce qui déjà est insupportable chez cet être intelligent, devient abject chez ses thuriféraires dénués de ses moyens.
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J’entends la question qui m’est implicitement posée. Quels sont donc les députés LFI qui devraient échapper à la stigmatisation, à l’essentialisation voulues par Raphaël Enthoven ? Il me semble que Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin et Manuel Bompard – parmi les plus connus – ne sont jamais tombés dans cette ignominie antisémite et d’autres, dont on parle peu ou pas du tout, avec eux. Cela n’a jamais exclu, de leur part, les analyses politiques les plus percutantes, souvent les plus partiales mais ce n’est pas la même chose que d’avoir consenti à déséquilibrer radicalement la balance, en ayant sur un plateau une compassion exclusive pour les victimes de Gaza et un soutien appuyé au Hamas, l’autre plateau sur la sauvagerie du 7 octobre étant vide.
Autour de Jean-Luc Mélenchon – qui influence d’autant plus que son absence parlementaire soulage – des clones ou des opportunistes se disent qu’après tout, le « lider » qui pour eux reste « maximo » sera encore en lice en 2027 et qu’on ne sait jamais ! À l’encontre de ce groupe, Raphaël Enthoven dénonce comme il convient, sa parole a du sens et éclaire les naïfs. Mais pour tous les autres qu’il noie dans ce naufrage, non.
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