Valérie Hayer, le brave petit soldat envoyé en première ligne sur le front des prochaines élections européennes, demeure tristement embourbée dans des sondages en berne. Elle ne ménage pourtant pas ses efforts pour reprendre en boucle les arguments prémâchés sur l’immigration dont les fins penseurs de la macronie l’abreuvent et dont ils espèrent qu’ils mettront en difficulté l’adversaire RN qui, pour l’heure, fait la course en tête, loin devant. Pour cette stratégie du désespoir, ils n’hésitent pas à recourir à l’imposture grossière qui consiste, sur ce sujet, à raisonner en pourcentages et seulement en pourcentages. Ils le font à la manière des pseudo « sociologues » si fort prisés des plateaux radio et télé du service public, dont le principal de l’activité consiste, confortablement installé le cul sur une chaise, à observer des statistiques, des courbes pour, sous couvert de commentaires ou de prétendues analyses, y faire coller au plus près leurs préjugés, leurs a priori dogmatiques et idéologiques. Cela me remet en mémoire une anecdote, assez ancienne sans doute mais toujours d’actualité. Dans une université, un plaisantin plutôt bien inspiré avait écrit sur le distributeur de papier hygiénique: « Diplômes de sociologie : servez-vous ! » Sans commentaire.
A lire aussi, Jordan Bardella: «Je suis l’enfant de la génération 2005-2015»
Vous jouez avec les peurs !
L’argument de la macronie sur l’immigration, repris comme à plaisir par la candidate, me semble effectivement sorti tout droit des cogitations de tels diplômés de latrines. Cela tient en quelques chiffres. Pour donner à croire au bon peuple que le risque de submersion migratoire, le « grand remplacement » ne seraient que fantasmes d’agitateurs de peurs imaginaires et manipulations de débiles fascisants, ils recourent de fait à l’artifice inépuisable des pourcentages. En 1930, balancent-ils, la France comprenait 5% d’étrangers sur son sol. Aujourd’hui, en 2024, ce ne serait que 7%. Soit juste deux petits points de plus. Où serait le « flux migratoire » qu’on agite en épouvantail ! Or, voilà bien le nœud de l’imposture, car en 1930, la France comptait environ quarante millions d’habitants, alors qu’aujourd’hui nous sommes quelque soixante-cinq millions. Vous voyez d’ici l’arnaque : 5% de quarante millions, c’est deux millions. Alors que 7% de soixante-cinq millions représentent quatre millions cinq cent mille. Ainsi, converti en nombre, cette présence étrangère a donc plus que doublé pour, est-il besoin de le souligner, un territoire qui ne s’est pas pour autant agrandi.
Artifices
L’imposture se trouve aggravée, qui plus est, du fait que, à ce jeu-là, ce fameux pourcentage en trompe-l’œil ne pourrait que diminuer alors même qu’en nombre la présence étrangère ne ferait qu’augmenter. Cela par la magie du droit du sol qui gonfle le chiffre de la population officiellement française à quoi vient s’ajouter évidemment le nombre des naturalisations et autres artifices d’intégration.
A lire aussi: Immigration et démographie urbaine: les cartes à peine croyables de France Stratégie
En outre, de quelle immigration parle-t-on ? Celle de 1930 voyait arriver chez nous nos voisins ou presque voisins, Polonais, Italiens, Espagnols… Émigrés de nation, certes, mais non de civilisation : sources historiques peu ou prou semblables, références religieuses à peu près communes, principes et règles de vie sociale pour le moins compatibles, reconnaissance équivalente de la valeur travail, etc. Nos voisins, disais-je ! Mieux que cela, nos cousins. Tout au long de notre histoire, nous avons eu des reines, des régentes (les dames Médicis) italiennes, tel ministre, Mazarin, italien lui aussi. Telle épouse de roi, mère du suivant, espagnole. Et Henri III roi de Pologne avant de l’être de France. J’en passe. Certes, nos sémillants rois et princes se foutaient allègrement sur la figure de temps à autre, mais cela se faisait dans une sorte d’entre-soi du meilleur ton. On se fréquentait donc de longtemps. Rien à voir, en effet, entre cette immigration-là et celle des temps présents.
Mépris de classe
Dès lors, on voit bien à quel point l’argumentation macronienne en la matière est gangrenée de malhonnêteté intellectuelle, de mépris pour l’intelligence du citoyen, de ce cynisme de classe dont la haute technocratie s’est fait une spécialité. Mais qui croient-ils abuser, ces beaux esprits ? Le pire, me semble-t-il, est qu’ils sont si radicalement coupés de la vraie vie, du monde tel qu’il est, de la réalité objectivement observable qu’ils en arrivent à se persuader qu’ils ont raison, qu’ils détiennent et professent l’absolue vérité. Pathétique ! Aussi, constatant ce qui se passe en ce moment-même dans les couveuses à élites diplômées du genre sciences po-po, on se dit que le papier hygiénique à un fort bel avenir devant lui.
Philippe IV dit Le Bel - Le Roi de fer, le Pape, les Templiers
Price: 12,00 €
9 used & new available from 9,00 €
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !