Le président d’Avocats Sans Frontières revient sur le succès qu’il vient de remporter auprès du gendarme de l’audiovisuel.
Si ce n’est pas moi qui en parle, personne n’en parlera.
France Inter et consorts adorent communiquer sur les remontrances de l’autorité suprême en matière d’audiovisuel, j’ai nommé l’Arcom. Mais seulement quand il s’agit de CNews, C8 ou d’autres chaînes d’un groupe possédé par un industriel catholique et breton que l’on prétend prospère. Dans ces circonstances, l’on sent dans le propos des journalistes du service public une jouissance orgasmique. La satisfaction semble être moindre lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes. J’ai en effet noté leur peu d’entrain à faire la publicité sur l’admonestation adressée à France Inter concernant une saisine émanant d’Avocats sans frontières.
Le Hamas, pas la source idéale
Mon lecteur me pardonnera donc de parler de moi – il sait combien j’y répugne –, mais le sujet m’y contraint. L’association d’avocats que je préside et qui se rit des frontières, à rebours de votre serviteur, avait en effet saisi l’Arcom pour un problème précis et de haute importance. Je reproduis ci-après fidèlement certains passages qui feront comprendre l’intérêt du litige :
« Lundi 8 janvier à 22 heures, dans le bulletin d’informations de la radio de service public France Inter, la journaliste a indiqué sèchement et sans la moindre prudence : “À Gaza aujourd’hui, 242 personnes ont été tuées.”
À plusieurs reprises, je me suis ému de ce que trop souvent, les radios publiques indiquaient le bilan victimaire dans le territoire précité, sans préciser leur source d’information : le Hamas, organisation officiellement classée comme terroriste par la France.
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Certains médias ont désormais l’élémentaire honnêteté professionnelle d’indiquer que les renseignements fournis par ce mouvement sont sujets à caution et invérifiables. C’est ainsi, par exemple, que lors de l’affaire de l’hôpital gazaoui prétendument bombardé par Israël, selon des informations trop hâtives (car en fait par le Djihâd islamique), le Hamas avait annoncé la mort de 400 civils. Il s’avérera plus tard qu’une quinzaine de personnes avaient été atteintes sur le parking de l’hôpital.
Mais dans le cas du bulletin d’informations incriminé du 8 janvier, nous sommes dans le cadre d’informations livrées par une organisation terroriste et pourtant rapportées par France Inter sans précaution comme une sorte de Journal officiel. Nous sommes dans le cadre de la délivrance péremptoire, sans même l’usage du conditionnel, d’informations présentées comme précises mais sans vérification et sans même l’honnêteté et l’objectivité professionnelles élémentaires de mentionner leur source douteuse.
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Pour finir, je pense qu’il est utile d’ajouter que le conflit israélo-palestinien a malheureusement des conséquences parfois tragiques sur le territoire national. Raison impérieuse d’exiger des responsables chargés de délivrer des informations sur ce conflit d’être rigoureux professionnellement… »
Le 11 avril, le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre, m’a adressé un courrier ès qualité dans lequel il fait droit à cette saisine sur le fondement des textes en vigueur relatifs à l’honnêteté et l’indépendance de l’information.
C’est dans ces conditions qu’il écrit sévèrement :
« L’Arcom a fermement demandé à la société Radio France de veiller, à l’avenir, à ce que la question du conflit israélo-palestinien, d’une sensibilité toute particulière, soit traitée sur ses antennes avec la plus grande rigueur. »
Je jure que, depuis, je n’ai plus entendu ni France Inter ni France Info relayer un bilan du Hamas.
Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule
La même semaine, décidément pénible pour l’odieux visuel de sévices publics hier encore en majesté, Patrick Cohen, qui officie sur la 5, s’est lui aussi fait taper sur le micro par l’Arcom pour avoir évoqué la mort du jeune Thomas à Crépol sans l’élémentaire prudence que requérait le drame. On ne respecte décidément plus personne.
Si ce n’est pas moi qui en parle, ce n’est pas Le Monde, Libération ou Télérama qui en parleront.
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