La stratège et compagne d’Éric Zemmour entre en scène. Candidate à l’élection européenne, en troisième place sur la liste conduite par Marion Maréchal, cette patriote passée par l’ENA connaît ses dossiers. Immigration, islam, économie, elle est convaincue que les graves problèmes du pays appellent des solutions simples. Sur son rôle, souvent contesté, comme sur les frères ennemis, elle parle sans détour. Et refuse la fatalité.
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Causeur. Toute l’histoire politique française montre que si on veut être élu, il faut savoir mentir.
Sarah Knafo. Et toute l’histoire politique montre où cela nous a conduits d’avoir voté pour des menteurs ! Je vous pose une autre question : à quoi sert de gagner les élections sans dire la vérité ? Vous pensez que la vérité n’est pas payante, que les Français préfèrent un mensonge rassurant à une vérité inquiétante. Je ne suis pas d’accord ! J’ai une haute estime du peuple français : les Français ne sont pas des aveugles, ni des défaitistes, ni des paresseux. Les politiciens misent sur leur résignation. Nous misons sur leur courage et leur clairvoyance. Reconquête prend le risque de la vérité. C’est un risque. Mais l’alternative, c’est là où nous sommes aujourd’hui.
Sauf que Marine Le Pen est arrivée au second tour. Et pour la prochaine, compte tenu de l’écart, ça n’est pas gagné…
Il reste trois ans et c’est énorme. Les vainqueurs proclamés trois ans avant n’ont jamais été élus. Chaban-Delmas, Rocard, Balladur, Jospin et Juppé. Ils étaient les candidats des médias et des sondages, ils ne sont même pas arrivés au second tour. Ils se disaient : « J’appartiens au système, mes cadres siègent au Palais Bourbon, mon équipe de gouvernement est prête. » Résultat, ils n’ont plus pris de risques, n’ont rien dit qui pouvait surprendre ou choquer. Les Français n’aiment pas ces ronronnements.
Donc, vous affirmez que Marine Le Pen ne sera jamais élue ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je connais l’histoire de la Ve République et je dis simplement que, quand on se croit déjà élu, on n’est plus dans la conquête, on ne bouge plus une oreille. Alors, on se dévitalise, et on cesse d’être un vote de contestation, notamment pour les classes populaires.
En somme, vous êtes plus populiste que Marine Le Pen ?
Nous n’appartenons pas au système. La question n’est pas qui est le plus populiste, mais qui est le plus réaliste.
Les ponts sont-ils complètement rompus entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ? Et les jeunes continuent-ils à se croiser dans les fêtes, les dîners ?
Il n’y a pas de dispute personnelle. Nous disons aux électeurs : nous avons des différences, qui sont même en train de se creuser, nous pensons avoir les meilleures idées pour la France, nous les défendons, quitte
