J’admets que, dans une religion, la liturgie a son importance, tout cet art d’adresser ses prières à Dieu dans la forme la plus exquise et la plus consacrée. Mais je pense aussi qu’il faut nourrir le croyant spirituellement, grâce à l’apport considérable de la littérature, littérature pris au sens large (la littérature est selon moi, non un divertissement, mais une chose sérieuse). Je dois avouer que je suis revenu de nouveau vers ma religion grâce à mes lectures. Je n’ai pas la foi du charbonnier, mais, comme disait l’autre, j’ai la religion des textes. C’est très différent, et je ne sais pas lequel est le meilleur. Dans mon adolescence, j’ai été très marqué par le chapitre 11 du Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. L’esthète anglais, lui-même d’origine irlandaise et donc catholique, décrivait ainsi les états d’âme de son jeune héros, parfait dandy devant l’Éternel : « Le bruit courut un jour de son ralliement prochain à l’Église catholique romaine ; et il est sûr que le rituel romain l’attira toujours fortement. Etc., etc. » S’ensuit un très beau paragraphe où Wilde expose les
