La Russie va-t-elle policer la langue?


« Pour la pureté de la langue », voilà comment le député nationaliste Vladimir Jirinovsky défend sa proposition de loi. Le texte en question propose de punir toutes personnes, physiques ou morales, qui auraient recours, pour s’exprimer en russe, à des mots étrangers alors qu’il existe des équivalents dans la langue littéraire nationale.

Le journal Moskovski monitor raconte le débat qui a lieu autour de la question. Le projet avait été soumis une première fois à l’Assemblée en février 2013, par le groupe parlementaire libéral démocrate, à la tête duquel se trouve le dénommé Jirinovsk, réputé pour ses initiatives nationalistes et sulfureuses. Modifiée, la proposition se trouve de nouveau sur la table des députés.

Ambiance assurée au sein de la Douma. Le député de l’opposition Dmitry Gudkov a qualifié de «  champions de l’idiotisme » les auteurs du texte litigieux.

« Nous ne pouvons plus supporter ces Américanismes et Anglicismes, a répliqué le chef du parti, Vladimir Jirinovsky. Nous ferons une liste des mots interdits […] Elle devrait se trouver sur les tables de tous les journalistes, présentateurs de télévision ou de radio, professeurs ou écrivains. »

Les Russes n’ont plus qu’à tenir leur langue. Le coût des amendes contre les bavards fautifs peut monter, de 200 roubles (c’est-à-dire 4,23 euros) pour les particuliers, à 50000 roubles, (soit 1058.63 euros) pour les entités légales s’appropriant les mots interdits en public.

Le directeur du comité parlementaire de la culture s’est, de son côté, appuyé sur les faits d’armes français. D’après lui, le pays de Napoléon a été le premier à réagir face à l’invasion verbale anglo-américaine, sous forme de recommandation.

Le Kremlin, sans prendre part aux agitations, s’est autorisé une sortie mesurée : « La loi fédérale est suffisamment complète et n’a aucun besoin de définition supplémentaire concernant l’utilisation de la langue officielle. »

Que cette histoire ne vous empêche pas d’apprendre le russe. Elle reste la plus belle langue au monde, après le français bien sûr.



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est journaliste à Causeur

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