Défendre ce qui reste de la civilisation judéo-chrétienne tout en remettant en cause l’existence historique de Jésus, tel est le périlleux exercice auquel se livre le penseur normand dans ses deux derniers essais. De quoi bousculer les chastes esprits.
C’est déjà l’une des meilleures audiences hebdomadaires de CNews. Et n’en déplaise à Libération, qui dépeint la chaîne d’information de Vincent Bolloré en dangereux repaire de « moines soldats cathodiques », c’est une émission… pas très catholique. Lancée début mars et présentée par Laurence Ferrari, elle s’intitule « Face à Michel Onfray ». Tous les samedis pendant une heure, l’auteur du Traité d’athéologie y commente l’actualité de la semaine écoulée, et peut tout à loisir défendre l’IVG, l’euthanasie et le mariage pour tous. Car le disciple de Nietzsche et Proudhonn’a rien abdiqué de son impiété.Pour preuve, il a encore publié cet hiver deux livres qui lui permettent d’enfoncer un peu plus le clou dans la croix chrétienne.
Le premier est consacré à la vieille thèse mythiste, qui fait du Christ un être mythologique, plus proche de Mithra et d’Osiris que d’Alexandre le Grand et de Jules César. En lisant l’introduction de sa Théorie de Jésus, on comprend que l’idée était en germe dans l’esprit d’Onfray au moins depuis les années 1990. À l’époque, son ancien professeur à l’université de Caen, Lucien Jerphagnon, le mettait en garde contre… ses gamineries (sic) : « Je sais trop ce que ça donnera, votre Jésus hédoniste. Il connaîtra tous les bons restaurants de la Galilée, avec un Gault et Millau en araméen sous le bras, et ne décarrera pas des boîtes de nuit de Jérusalem. » En ce temps-là, le fondateur de la revue Front populaire s’intéressait au ventre des philosophes, alors pourquoi pas à celui du fils de Dieu…
Depuis, trente ans ont passé et pour Michel Onfray, le temps est enfin venu de se pencher sur le corps du Christ. Pour dire qu’il n’a jamais existé. « Jésus n’est plus que l’ombre de l’ombre textuelle, écrit-il. C’est une idée de plus en plus idéale ou idéelle. Il est recouvert de mots, d’idées, de concepts, de phrases, de verbes – de textes. Cette figure issue d’une relation textuelle vit et survit de relations textuelles augmentées à l’infini. »
Personal Jesus
Il est vrai que les preuves de l’historicité du Jésus ne sont pas légion. D’autant qu’Onfray conteste la véracité de la plus fameuse d’entre elles, l’évocation par l’historiographe Flavius Josèphe, dans Les Antiquités judaïques, rédigées en 93, d’un « faiseur de miracles »
