Il faut réveiller Laurent Fabius


Il faut réveiller Laurent Fabius

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Quel dommage qu’on ne vive plus comme les patriciens de Rome, à deviser couché sur un divan… La semaine dernière, Laurent Fabius s’est à nouveau endormi devant ses interlocuteurs. Encore quelques années et il rejoindra le club très fermé des responsables politiques incapables d’assumer leurs fonctions: Bouteflika, Castro, Houphouët ou encore Eltsine…

Sur les bancs de l’Assemblée, le député de Seine-maritime nous avait habitué à ses petits sommes. Somme toute bien compréhensibles, car les discours fleuves qui bercent l’hémicycle ne sont pas toujours très relevés. En tête à tête avec un ministre de l’Industrie et des Mines algérien, c’est un petit peu plus gênant. Et quand on connaît l’étroitesse et la susceptibilité de nos relations gazières avec Alger, on rit jaune. Déjà à Washington, lors d’un entretien entre MM. Hollande et Cameron, notre chef de la diplomatie s’était laissé aller à une micro-sieste devant les caméras de TF1. Je veux bien concevoir que la conversation ne fut pas passionnante, mais tout de même, un minimum de tenue n’aurait pas fait de mal aux relations franco-britanniques… Au lieu de s’excuser de sa fatigue, Laurent Fabius avait osé rétorquer à Jeune Afrique que c’était volontaire : il peut dormir d’un œil et suivre un discours de l’autre, comme les crocodiles de Yamoussoukro! Il est drôle et futé Laurent Fabius; surtout lorsqu’il se réconcilie sur le dos du père de « l’odieuse Françafrique ». Pourtant, à regarder la vidéo de nos confrères algériens, le crocodile du Grand-Quevilly ne clignote pas seulement d’un oeil, il pique carrément du nez.
Visiblement plus à l’aise pour s’écouter déclamer des indignations morales que pour négocier d’âpres accords nocturnes, serait-il si difficile à Laurent Fabius de se donner la peine d’écouter ses interlocuteurs?
Notre ministre aime voyager, mais travailler…seulement après une bonne nuit! Le 21 février, après une longue négociation à Kiev, Laurent Fabius avait préféré s’envoler pour Pékin plutôt que de vérifier si son accord était accepté par la foule de Maïdan et le parlement ukrainien. Frank-Walter Steinmeier et Radosław Sikorski, abandonnés par leur confrère, avaient dû amèrement constater que non. Mais à quoi bon faire des heures de vol si, à peine posé sur le tarmac, notre ministre des affaires financières (pardon étrangères) s’assoupit dans son fauteuil? Ses homologues allemands et polonais ont compris la leçon: désormais la médiation entre la Russie et l’Ukraine se fait sans nous. Quant aux avions Rafales, avec un tel VRP, Serge Dassault peut se faire du souci! Vous me direz que je suis sévère. À 67 ans, une telle fatigue peut se comprendre. Dans ce cas, que François Hollande ait pitié d’une nuque aussi chétive, qui ne peut supporter plus longtemps un tel fardeau. Que le président de la République donne à son glorieux vétéran la retraite dont il a cruellement besoin. S’il lui faut un bras pour le sortir de son fauteuil du conseil des ministres où ses collègues se gaussent de ses absences, Hubert Védrine sera sans doute heureux d’aider Laurent Fabius à se coucher dans un bon lit…


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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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