La liste conduite par François-Xavier Bellamy pour LR aux élections européennes ne parvient pas à décoller dans les sondages; elle pourrait être devancée par celle de Marion Maréchal. Pendant ce temps, le Conseil constitutionnel rejette l’organisation d’un référendum d’initiative partagée sur l’immigration, souhaitée par LR. Pour se venger, la droite classique pourrait œuvrer à une motion de censure du gouvernement à l’automne…
On a vraiment l’impression que tout est fait pour que rien ne bouge, ni en France ni en Europe. Peut-être la liste socialiste va-t-elle rejoindre et dépasser la liste macroniste aux élections européennes du 9 juin mais, pour l’instant, Jordan Bardella domine largement celle conduite par Valérie Hayer. Si la suite confirme cette avance, nous aurons une liste victorieuse qui n’aura guère d’influence sur le terrain européen et la liste inspirée par le président de la République continuant à cultiver un rêve européiste totalement détaché des réalités nationales. La supériorité du RN n’aura pas été la conséquence d’un travail acharné et persévérant à Bruxelles puisque tout a démontré au contraire que ce parti s’est inscrit plus volontiers dans une confortable dénonciation extrême plutôt que dans un pragmatisme intelligent.
A lire aussi, du même auteur: Raphaël Glucksmann creuse son sillon
Bellamy distancé dans les sondages
Aussi on ne peut qu’être déçu : la liste LR de François-Xavier Bellamy (la deuxième place est occupée par Céline Imart dont les interventions publiques et médiatiques sont remarquables) est très largement distancée, oscillant entre 6 et 8%. Alors qu’elle dispose malgré tout d’un espace entre un RN démagogue et un macronisme irénique. À croire que M. Bellamy – qui, lui, s’est dépensé sans compter à Bruxelles -, malgré la manière convaincante dont il articule le souci de la France avec sa conception réaliste de l’Union européenne, a du mal à persuader nos concitoyens que sa cause est la plus juste et la plus équilibrée. Je relève ce paradoxe qui n’est pas pour rien dans cette sous-estimation : cette personnalité de qualité est encore trop fine, trop courtoise pour des débats médiatiques où il convient d’asséner pour démontrer.
Le Conseil constitutionnel rejette la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) sur l’immigration initiée par Les Républicains.
La bureaucratie européenne confisque la parole des peuples.
Celle du peuple français d’abord.
Pire, on lui enjoint de faire silence.
On aura beau nous opposer, tel un mantra de plus en plus discutable, qu’il est inconvenant de mettre en cause les décisions du Conseil constitutionnel, cette abstention, pour être acceptée, devrait concerner un Conseil respecté parce que respectable, constant dans son interprétation de la Constitution, ne se soumettant pas subtilement à des influences élyséennes, ne battant pas en brèche systématiquement, par ses décrets, des initiatives qui, pour être fidèles à l’esprit de la Constitution, seraient contraires à l’humanisme de conseillers politisés plutôt qu’impartiaux.
A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Conseil d’État, Conseil constitutionnel: le coup d’étau permanent
Déjà, pour le texte sur l’immigration, le Conseil constitutionnel, comme le président Gérard Larcher l’a souligné dans le JDD, avait donné une interprétation trop restrictive de l’article 45 restreignant le droit d’amendement. C’était une première alerte. La seconde, avec l’aval du gouvernement ayant tout fait pour que la demande des Républicains d’un référendum d’initiative partagée soit rejetée, a consisté pour le Conseil à dénier la validité d’une politique de préférence nationale. Elle consiste pourtant dans cette évidence de donner plus de droits aux nationaux qu’aux non nationaux. Imposer comme un principe l’obligation de ne faire aucune différence entre citoyens et étrangers, y compris pour les droits sociaux, revient injustement, absurdement, à favoriser des étrangers entrés parfois illégalement en France au détriment de Français ayant cotisé toute leur vie.
On aboutirait à cette incongruité juridique et sociale que les premiers bénéficieraient de plus d’aides que les seconds. C’est ce que François-Xavier Bellamy dénonce à juste titre en soulignant « que nos institutions sont bloquées par le gouvernement »[1].
A lire aussi, Céline Pina: LR en mode survie
Derrière ces péripéties qui paraissent se rapporter à des analyses juridiques et à des contradictions de spécialistes, se cache en vérité un dessein qui concerne au premier chef le commun des citoyens. Il s’agit au fond de se servir de la Constitution non pas pour le peuple mais contre ses intérêts. Le peuple n’est acceptable, dans cette démocratie sous l’empire de ce pouvoir macronien et de ce Conseil constitutionnel, que s’il fait silence. On le fait taire en l’étouffant délicatement dans les formes. Quand il pourra libérer sa parole, il hurlera.