Liberté d’expression. Des élus RN, LR et Renaissance demandent l’annulation d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à Lille.
Cette polémique rappelle les heures les plus bêtes de notre histoire récente, quand des militants antiracistes de Rasl’Front ou SOS Racisme tentaient d’interdire les réunions du FN ou, encore plus récemment, quand des groupuscules gauchistes parvenaient à faire taire ceux qui leur déplaisent – de François Hollande à Alain Finkielkraut en passant par Sylviane Agacinski et Eschyle.
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Un logo problématique
Jeudi, Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, militante franco-palestinienne qui cache mal ses sympathies pour le Hamas, doivent donner une conférence sur Gaza à l’université de Lille. Le numéro 80 et la numéro 7 de la liste LFI aux européennes sont invités par l’association étudiante « Libre Palestine ». Sur l’affiche, en bas à droite, le logo de cette association représente une carte de la Palestine de la Mer au Jourdain. C’est donc un appel clair à la disparition d’Israël.
C’est d’ailleurs raccord avec les slogans scandés dans un meeting LFI à Montpellier dimanche. « Israël, casse-toi, la Palestine n’est pas à toi » ou « Israël assassin » (la version polie du « A mort Israël » braillé au même moment par le Parlement de la République islamique), a-t-on entendu dans le public. Les images du meeting, relayées sur Twitter, ont légitimement indigné beaucoup d’observateurs et une grande partie de la classe politique qui a fait part de son écœurement. Certains demandent carrément l’interdiction de la conférence. Xavier Bertrand (LR) a écrit au président de l’université. Violette Spillebout (Renaissance), Sébastien Chenu et tous les députés RN du Nord demandent également l’annulation de l’évènement lillois.
Cette demande est-elle compréhensible ?
Maintenant qu’il est clair que la haine assumée d’Israël et la haine des juifs qu’elle charrie à plus bas bruit, ont pris leurs quartiers chez Mélenchon, la paresse intellectuelle suggère en effet d’appliquer à LFI la jurisprudence autrefois réservée au FN. Lionel Jospin parlait à l’époque de petit théâtre antifasciste pour qualifier ces imprécations morales contre-productives et ce concours de belles âmes.
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Si on veut combattre les Insoumis, il faut le faire argument contre argument, idéologie contre idéologie. Il faut démonter leurs bobards, révéler leur différentialisme forcené. Montrer à leurs électeurs, notamment musulmans, qu’ils les instrumentalisent autant que la cause palestinienne, qu’ils les entraînent dans une impasse victimaire et séparatiste. Il faut rappeler leur détestation de la police, leur appétit de chaos. Bref : il faut faire de la politique, pas de la morale.
Enfin et surtout, un principe fondamental est ici en jeu. Ces révolutionnaires de salon, amateurs d’âneries indigénistes ou décolonialistes, ne méritent pas qu’on sacrifie un des droits les plus précieux de l’homme, la liberté d’expression. Or, celle-ci n’a de sens que si elle bénéficie aux idées qui nous horrifient. Contre ces admirateurs de mollahs, soyons voltairiens. Inversons la formule de Saint-Just : liberté pour les ennemis de la liberté ! Franchement, nous aurions bonne mine pour combattre la cancel culture de gauche si nous nous inclinions devant celle de droite.
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