Autorisation des « méga-camions » : le sophisme et les lubies des autorités européennes contre la réalité des routes françaises.
Le Parlement européen est décidément un lieu débordant de fantaisie. On peut y prôner la décroissance tel jour et le gigantisme le lendemain. Le gigantisme sur route en l’occurrence. Le 12 mars a été votée l’autorisation de circulation des « méga-camions » dans les pays membres de l’Union. (Un sursis cependant, puisque, après avis de chaque pays l’affaire doit revenir en juin devant le Parlement.) Un méga-camion, c’est 25,25 mètres de long et une charge utile de 60 tonnes, contre un maximum de 18,75 mètres et de 44 tonnes permis en France aujourd’hui. Un monstre quoi, de ceux qui font fureur dans les films sur les immensités australiennes ou nord-américaines. Or, là est bien le problème. Chez nous, l’asphalte grande largeur à perte de vue est plutôt rare. La route à la française, même nationale, se veut bucolique, agrémentée de traversées de villes et bourgades. Et surtout de ronds-points. On en compte quelque 43 000 qui seraient, comme nos fameux ponts branlants, autant de goulets d’étranglement pour ces convois exceptionnels plus du tout exceptionnels.
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Mépris total de la réalité du terrain, donc, à la base de cette lubie. Une lubie associée, qui plus est, à un méga-sophisme. Le résultat espéré : « Transporter plus de marchandises avec moins de camions et de trajets », selon l’eurodéputée rapporteure, Isabel García Muñoz. Sauf que ces géants ne pouvant guère circuler chez nous que sur les autoroutes, il faudrait bétonner des dizaines d’hectares de terrain à proximité pour l’aménagement de bases logistiques. Et de ce fait, prévoir des flottes pléthoriques de moyens et petits camions pour dispatcher ces marchandises à travers la France profonde. Ce ne serait donc en aucun cas – évidemment – moins de camions et moins de trajets. C’est à cette conclusion que nos eurodéputés français sont arrivés. Ils ont voté contre. Pour une fois, le bon sens s’est imposé à eux. Si à l’avenir ce bon sens pouvait leur être livré par méga-camions, nous serions tout disposés à applaudir.
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