Des justiciers inquiétants partent en guerre. Ils entendent notamment défendre un peuple chaque jour plus nombreux, celui des victimes de la « mémoire traumatique ».
« Judith Godrèche et Édouard Durand. Leur combat contre l’impunité », pouvait-on lire en couverture du magazine Télérama le 25 mars 2024[1]. « Impunité ». Le mot claque comme un étendard de croisade. Chargé d’affect revanchard, il vise à entraîner les foules derrière lui pour en découdre avec les puissants, les « dominants » dit-on plus volontiers aujourd’hui. N’est-ce pas d’ailleurs comme un seul homme qu’un mois plus tôt se sont levés, béats, éblouis, un peu hallucinés même, les participants à la cérémonie des César à l’arrivée au micro de Judith Godrèche annonçant « l’aube d’un jour nouveau[2] ». On serait bien sûr accusé d’avoir atteint le point Godwin si on osait évoquer d’autres salles frénétiques acclamant celui qui leur annonce l’avènement d’un « ordre nouveau ». On s’en gardera bien par conséquent, la mise au pas (« Gleichschaltung » disait-on sous le nazisme) et l’abdication au conformisme étant déjà bien installées.
La tarte à la crème du continuum des violences sexistes
Au demeurant, si l’association libre n’est pas de mise, l’analyse est encore possible dans quelques espaces préservés, et elle s’impose. Tant les possédées et leurs exorcistes, les sorcières et leurs inquisiteurs, les flagellants et les croisés des temps obscurs font retour, enténébrant un peu plus encore notre époque déjà bien inquiétante. Parmi les cortèges « intersectionnels » de repentis et de pénitents,
