Née près d’Alep en Syrie, la candidate du ressentiment Rima Hassan, 7e sur la liste LFI, est en position éligible aux élections européennes de juin. L’extrême gauche française se vautre un peu plus dans le communautarisme.
La septième sur la liste aux Européennes de la France Insoumise fait couler beaucoup d’encre. Il faut dire qu’elle est vue comme une offre politique destinée à faire voter une catégorie en pleine explosion depuis le 7 octobre 2023 : les antisémites.
Conflit au Proche-Orient : plus c’est gros, plus ça passe
Et Rima Hassan a tout pour leur plaire. D’abord parce que cette activiste française qui met en avant une identité de « réfugiée palestinienne » est une alchimiste hors pair. Avec elle, l’antisémitisme devient un mélange de haine d’Israël (ce qui permet d’haïr les Juifs en faisant semblant de ne s’opposer qu’à la politique d’un pays), de falsification historique et d’exaltation d’une cause palestinienne qui veut libérer la Palestine du Jourdain jusqu’à la Méditerranée. Ce mot d’ordre est une façon d’appeler à la destruction d’Israël dans les cercles militants tout en s’en défendant auprès des journalistes et des élites. Pour cela, il suffit d’expliquer qu’il s’agit d’un appel pour constituer un État unique multiconfessionnel et vous pourrez le répéter ad nauseam pour exciter le ressentiment de vos militants. Or tout le monde en Orient comme ici sait que cette proposition est une vaste blague et que si l’OLP et le Hamas ont popularisé ce slogan, c’est pour appeler à l’élimination d’Israël.
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De la même manière, Rima Hassan ne peut ignorer que pour les Frères musulmans auxquels le Hamas appartient, détruire Israël est un devoir sacré, un fiqh. La présence de Juifs en terre d’islam, non réduits à la dhimmitude, est un sacrilège. D’ailleurs Khaled Mashal, un des dirigeants du Hamas l’a dit explicitement : « La Palestine nous appartient, du fleuve à la mer, du nord au sud. Il n’y aura aucune concession, sur un seul pouce de terre. » Et de manière explicite la charte du Hamas, comme celle de l’OLP naguère, appelle à éradiquer l’État juif. C’est ainsi que, pour ne pas avoir à accepter Israël dans cette région du globe, les Arabes ont refusé à trois reprises la création d’un État palestinien. C’est dire à quel point la haine religieuse est profonde. Mais Rima Hassan pense que les occidentaux ne comprennent rien à tout cela et n’hésite pas raconter des énormités…
Falsification historique
Ainsi, elle participe le 10 décembre 2023 à Tunis, à la fameuse conférence ou David Guiraud va raconter des horreurs sur Israël, niant les exactions du Hamas en Israël et faisant retomber la barbarie sur les Juifs qu’il accuse d’avoir éventré une femme enceinte et brûlé un bébé dans un four. Le député insoumis devra faire machine arrière quelques jours après. Or l’autre participante à cette réunion était la fameuse Rima Hassan. Laquelle est venue doctement expliquer que les Musulmans ignoraient tout de l’antisémitisme avant qu’un foyer juif ne soit installé sur leurs terres par les occidentaux qui voulaient soulager la culpabilité de la Shoah : « Ce que ne comprend pas l’Occident, c’est que dans cette région-là, on n’a pas ce passif, on n’a pas cette mémoire de la Shoah. (…) Et ce qui est terrible pour nous, Palestiniens, c’est qu’on se retrouve à traiter une question fondamentale, qui est celle de l’antisémitisme, mais sans avoir contribué à cet antisémitisme. » Là on se pince. La sympathie des sociétés arabes pour le nazisme et le fascisme, en partie liée aux politiques anti-juives de ces régimes, est parfaitement renseignée. Quant à l’antisémitisme arabo-musulman, il n’a pas attendu la Seconde Guerre mondiale pour se manifester. Rima Hassan serait-elle négationniste, inculte ou nous prend-elle pour des lapins de cinq semaines ? Ici la falsification historique est patente.
Rima Hassan n’hésite pas non plus à accuser à longueur de tweet Israël d’être un État génocidaire, de pratiquer l’apartheid… Or ces accusations sont fausses. Cette militante qui se dit juriste mais ne semble pas maîtriser sa discipline oublie que ses mots ont un sens précis, une définition juridique rigoureuse et qu’ils ne sont pas appropriés à ce qui se passe. Mais elle n’en a cure. Ce qui l’intéresse est la charge négative qu’ils ont, leur portée dégradante et la haine qu’ils alimentent et suscitent. Alors elle fait tourner ces condamnations en boucle sur ses réseaux. En revanche, s’étant rendu compte que ne pas condamner les horreurs du 7 octobre pouvait ruiner sa carrière d’influenceuse, elle a fini par le faire avec une discrétion qui lui est peu habituelle, mais c’est pour très vite soutenir le Hamas. Ainsi dans une interview donnée à un média militant, Le Crayon, elle avait à répondre à trois questions : « Le Hamas mène-t-il une action légitime ? L’État d’Israël a-t-il un droit de défense ? La solution à deux États est-elle possible ? ». « Vrai, faux, faux », répond-elle.
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Dire qu’un pogrom est légitime, justifier un tel crime contre l’humanité signifie valider les horreurs qui ont été commises le 7 octobre. Cette femme donne cette interview en novembre. À l’époque les médecins légistes israéliens en étaient encore à essayer d’identifier des corps tellement brûlés, profanés et éparpillés qu’il a fallu des mois pour leur rendre leur identité. C’est également avec beaucoup de compassion qu’elle fait un tweet sur la tragique erreur de soldats de Tsahal qui ont tué trois otages qu’ils avaient pris pour des terroristes voulant les piéger : « Ce qui prouve bien l’intention génocidaire de cette entité coloniale qu’est Israël ».
La candidate du séparatisme
Les Juifs sont ainsi transformés en bourreaux, pour ne pas dire en avatars de nazis. Toujours selon Rima Hassan, « Israël est le QG des suprémacistes blancs de toute la planète ». Cette phrase porte en elle des relents extrêmement douteux. Elle rappelle le fameux, « après le samedi vient le dimanche », qui unit dans une détestation et sous une menace commune, Juifs et Chrétiens. Sur ce point les islamistes rejoignent les woke dans leur vision d’un monde binaire où le mal est incarné par l’Occident blanc, par nature oppresseur. Rima Hassan se fait ainsi le relais de ce ressentiment lourd de menace et qui est en train de ruiner notre cohésion sociale.
Avec elle, c’est la voix des Palestiniens que LFI veut faire entrer au Parlement européen. Mais outre que ce n’est pas sa place, nombre de questions se posent. Pour dire quoi ? Et que dit ce choix ? Que l’antisémitisme est une stratégie électorale comme une autre ? Que cette stratégie puisse fonctionner et que malgré leur soutien au Hamas, les LFI soient en position de faire rentrer une telle femme au Parlement européen en dit long sur la déliquescence de notre société et l’antisémitisme que l’extrême-gauche attise. La haine du Juif comme levier clientéliste, Jean-Marie Le Pen en rêvait, Jean-Luc Mélenchon et la LFI l’ont fait.
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