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Benoît «Montjoie» Saint Denis!

MMA : notre Benoît Saint Denis national a rendez-vous avec l’histoire à Miami demain


Benoît «Montjoie» Saint Denis!
Le combattant français d'arts martiaux mixtes Benoît Saint Denis, New York, novembre 2023 © Frank Franklin II/AP/SIPA

Ancien des forces spéciales, « BSD » va affronter le cador Dustin Poirier, samedi à Miami, en MMA. Un sport à la réputation sulfureuse qui est en plein essor en France et passionne la jeunesse. Le combat, retransmis en France sur RMC Sport, n’est pas prévu avant 4h00 du matin.


Le MMA est en vogue depuis quelques années. Il est même devenu un véritable phénomène de société en France après avoir conquis les bastions traditionnels du combat professionnel que sont les États-Unis, le Japon, le Brésil et l’Europe de l’Est. Cédric Doumbé et Baki se sont ainsi affrontés devant plus de 20 000 personnes à l’Accor Arena le 7 mars, un combat à l’atmosphère assez désagréable qui s’est fini par une déception après que l’ancien champion du Glory a reçu… une écharde dans le pied. Un apéritif pour patienter avant le choc de samedi. Porte-étendard de ce sport en France, l’ancien militaire des forces spéciales Benoit Saint Denis a en effet rendez-vous avec l’histoire samedi à Miami où il affrontera une légende du sport, l’Américain Dustin Poirier.

Un phénomène de société

Sport adoré par les amateurs et conspué par une grande partie de la population qui le trouve trop violent, voire comparé à de modernes jeux du cirque de Rome, le MMA est un paradoxe et une bulle de virilisme dans une société qui se veut libérée des instincts primitifs de l’homme. Sous cet acronyme se cache un sport de combat mixte qui trouve ses racines dans le pancrace mais aussi les différentes luttes occidentales qui faisaient l’attraction lors des foires itinérantes. Proposant des phases de contact debout en boxe anglaise ou en boxe pieds-poings, des phases de préhension proches de la lutte et du judo, ainsi que des moments au sol où l’arsenal des prises de soumission du jiu-jitsu brésilien fait parler la poudre, le MMA est en passe de remplacer les sports qui l’ont précédé. À la fin des années 90 et au début des années 2000, certains jeunes pratiquants comme votre serviteur se levaient en pleine nuit pour admirer Jérôme Le Banner affronter Peter Aerts au K1 Grand Prix de Tokyo. Les gladiateurs officiaient alors dans une version testostéronée du kickboxing offrant quelques points communs avec le muay thaï. L’UFC n’en était alors qu’à ses balbutiements, dominé par les Brésiliens spécialistes du combat au sol et les lutteurs.

Bien que remontant aux antiques Jeux Olympiques grecs – Pythagore était lui-même un pratiquant – le MMA actuel est encore un sport relativement jeune qui n’a été autorisé que tardivement dans l’hexagone, au terme d’années de combat acharné de la fédération de Judo qui voyait d’un mauvais œil une discipline susceptible de lui faire perdre de nombreux licenciés. Ca n’est qu’en 2018 que les premières compétitions professionnelles répondant aux standards américains ont été autorisées. Paradoxalement pourtant, le MMA est moins traumatique que la boxe. Il impressionne par les phases de coups portés au sol, mais l’anglaise est un sport où la cible des jouteurs est principalement la tête, se déroulant en 12 rounds de 3 minutes quand le MMA offre des combats majoritairement en 3 rounds de 5 et exceptionnellement pour les ceintures en 5 rounds de 5.

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C’est justement son premier combat en 5 rounds de 5 que va disputer notre Benoit Saint Denis national à Miami contre Dustin Poirier, l’homme qui a battu par deux fois Conor McGregor et été à un cheveu de l’emporter contre l’invaincu citoyen russe d’origine daghestanaise Khabib Nurmagomedov. Caricaturé en « sport de cités », le MMA offre un visage bien plus complexe qu’il n’y parait désormais. Il est bien entendu très aimé et pratiqué dans les quartiers de l’immigration. Tous les sports de combat sont d’ailleurs particulièrement vifs dans les quartiers difficiles du monde entier, à commencer par la boxe qui a eu de nombreux champions afro-américains, des pays de l’est ou encore issus des populations des gens du voyage. Le MMA ne fait évidemment pas exception, mais il montre désormais une image différente et un paysage renouvelé auquel Benoît Saint Denis contribue grandement. Il peut apporter bien des valeurs humaines s’il est encadré par des coachs qui n’en manquent pas, tels que messieurs Woirin ou Diabaté en France.

Saint Denis, un personnage atypique

Ouvertement patriote et catholique pratiquant, Benoit Saint-Denis est le fils d’un officier supérieur de la Légion étrangère. Son style mutique tranche avec celui des grandes gueules de son sport, à l’image du chambreur Cédric Doumbé. Saint Denis préfère s’exprimer avec ses poings dans la cage et il le fait admirablement bien dans la catégorie la plus disputée des poids légers (70 kilos). Il est actuellement sur une série de cinq victoires d’affilée toutes avant la limite. Son bagage d’ancien militaire d’OPEX lui donne une force mentale hors du commun, ses adversaires sachant par avance qu’ils devront le « tuer » pour espérer sortir victorieux d’une rencontre. Il offre d’ailleurs un style de combat en totale adéquation avec les exigences du MMA moderne, basé sur des phases de transition entre la lutte et le combat debout parfaitement pensées. Alors que certains combattants sont parfois unidimensionnels, misant tout sur un point fort, « BSD » n’est mauvais nulle part.

Son pieds-poings a été peaufiné sous la férule de Daniel Woirin, sacré bonhomme à l’ancienne et expert de la boxe thaïlandaise qui lui a permis de comprendre comment finir un adversaire et utiliser toutes les parties de son corps en clinch rapproché comme à mi-distance. Jonatan Mac Hardy, journaliste MMA pour Winamax et anciennement RMC, me l’a confié il y a quelques semaines : « Benoit est une machine de guerre, il va tout arracher et prend Poirier au bon moment ». Puisse-t-il avoir raison, la France a besoin de ce genre de modèles d’hommes qui se dépassent et se transcendent. Lors de son premier combat UFC, acceptée en dernière minute dans la catégorie supérieure des moins de 77 kilos contre un athlète brésilien dopé, le Dieu de la guerre a dévoilé un cœur de champion comme rarement vu dans le sport français ; celui d’un Marcel Cerdan ou d’un Georges Carpentier. Il était réellement animé par l’esprit des chevaliers et des poilus, possédé par l’adrénaline d’un combat qu’il a refusé de perdre sans honneur.

C’est une fierté de se savoir représenté à l’international par des hommes qui, comme lui, incarnent l’esprit de résistance des Français. Oss !



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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