Ensauvagement. Des jeunes encagoulés provoquent une émeute mardi devant un lycée à Cachan, et s’en prennent à la police. À Paris, un chef d’établissement tentant la semaine dernière de faire respecter l’interdiction du voile islamique, est menacé de mort. Et malheureusement, pendant ce temps, la politique est également gagnée par le grand vide intellectuel.
La politique n’est plus qu’un grand vide intellectuel. « La société ne se tient plus (…) L’Occident ne se pense plus du tout », a estimé avec raison, ce mercredi matin sur Europe 1, le politologue Dominique Reynié. La crise de l’intelligence, qui frappe les « élites » assoupies, met les démocraties en danger. Débattre devient un sport de combat. L’enflure verbale remplace l’argument.
Le ridicule est chez Gabriel Attal quand il parle de « la France, phare de l’humanité » après la constitutionnalisation de l’IVG, hier, qui fait paresseusement l’impasse sur le statut de l’embryon. Emmanuel Macron, dans la même boursouflure emplie d’air, a proposé pour le 8 mars, Journée des femmes, une « cérémonie inédite » pour célébrer sa victoire rassembleuse. Mais l’obscurantisme n’est-t-il pas derrière cette incapacité des politiques à sortir de leur pensée hémiplégique dictée par des slogans ?
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Mardi, une réaction indignée a été suscitée, ici et là, par une affiche des JO représentant notamment le dôme des Invalides sans la croix qui surmonte l’église parisienne. Mais cet effacement visuel de la mémoire chrétienne n’est qu’un des effets de la détestation portée aux racines civilisationnelles, notamment par le progressisme au pouvoir. L’Eglise a d’ailleurs été solennellement congédiée par ce congrès de Versailles euphorique. Tandis que des cloches alentours sonnaient le glas et que la Conférence des évêques disait sa « tristesse », les parlementaires moutonniers ont très majoritairement balayé (780 voix contre 72) les appels catholiques à réfléchir à « l’atteinte à la vie en son commencement ».
Comment reprocher à l’islam conquérant et prosélyte de vouloir s’installer sur ces terres désertées par les dirigeants irresponsables, eux-mêmes contaminés par la haine de soi et la crainte de déplaire à Big Other (copyright, Jean Raspail) ? La bêtise collective au sommet est pour beaucoup dans la subversion en cours et l’effondrement de la cohésion nationale. Machiavel avait prévenu : « Présumez toujours l’incompétence, avant de rechercher un complot ».
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Lundi, devant la Sorbonne, une soixantaine de chefs d’établissement ont protesté contre des menaces de mort reçues par l’un d’eux (lycée Maurice-Ravel, Xe arrondissement) pour avoir demandé à trois élèves d’enlever leur voile à l’école. Mardi matin, c’est un commando de jeunes encagoulés qui a pris d’assaut le lycée polyvalent de Cachan (Val-de-Marne) en hurlant notamment : « Baise la police ! », « Baise l’État français ! ». Pour autant, personne n’ose désigner clairement l’islam politique et ses collaborateurs d’extrême gauche comme étant à la source de ces provocations et de ces guérillas répétitives.
Le chef de l’État est intarissable ces derniers jours pour rompre le fer avec Vladimir Poutine et entraîner l’Europe, fâchée avec ses peuples, dans une guerre irréfléchie. Plus Macron déserte les vrais défis français, plus il se perd dans des fuites égotiques. Il est urgent que ce monde désincarné cède la place.
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