Immigration, contrôle de l’opinion, manipulations politiques: en matière d’entrisme dans les plus hautes sphères de l’Etat, la droite est composée de petits bras qui ne peuvent se comparer aux gros biceps de la gauche, laquelle reste dominante depuis les années Mitterrand.
C’est pire que pour Judith Godrèche. La France obéit encore à un homme de pouvoir mort depuis dix-huit ans et à ses créatures. Il n’y a pas prescription, la malheureuse pourrait porter plainte, mais la majorité des juges partageant les idées du disparu, ils auraient tôt fait de l’égarer dans les méandres de leurs chicanes.
Cette prolongation interminable d’un pouvoir arrivé en 1981 avec l’élection de François Mitterrand a été soigneusement dissimulée. D’abord par la venue au pouvoir de présidents de droite qui se sont laissé influencer par la gauche, ensuite par l’arrivée en 2017 d’un “nouveau monde” qui cache sous son voile de modernisme le très archaïque monde mitterrandien du siècle dernier.
Les maîtres de l’illusion
La jeunesse de l’actuel président et de son Premier ministre ne devraient tromper personne. Le “en même temps” d’Emmanuel Macron est un leurre, l’essentiel des décisions importantes sont inspirées par une vision de gauche, Gérald Darmanin et ses coups d’éclat parfois réussis, Bruno Le Maire et ses microscopiques économies ne sont là que pour donner l’illusion d’équilibre entre droite et gauche. Deux pratiques typiquement socialistes ont fait perdurer des pouvoirs et des idées mitterrandiennes, l’entrisme et la manipulation.
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L’entrisme est une technique d’origine trotskiste qui consiste à nommer à des postes stratégiques non soumis à l’élection des hommes de son camp. Ainsi François Hollande a nommé Laurent Fabius, ancien Premier ministre de Mitterrand, président du Conseil Constitutionnel en 2016. Lequel a supprimé de la loi Immigration tout ce qui déplaisait à la gauche. Georges Fenech, dans une interview donnée à Atlantico le 15 février dénonce la mainmise de la mitterrandie non seulement sur le Conseil Constitutionnel, mais aussi sur son jumeau, le Conseil d’Etat. Rappelons aux distraits que le Conseil Constitutionnel vérifie la constititionnalité des lois et le Conseil d’Etat la constitutionnalité des actes administratifs. Le président Macron y a nommé Didier Tabuteau, personnalité très marquée à gauche, en 2022, et Thierry Tuot, en 2023. Ce dernier fut l’auteur en 2013 d’un rapport extravagant sur l’immigration qui proposait de régler les problèmes qu’elle pose par l’inclusion, c’est-à-dire la soumission totale de la France aux mœurs des nouveaux arrivés. Ce sont là des petits-fils du mitterrandisme. De plus, la Cour des Comptes est présidée par un neveu de Tonton, Pierre Moscovici, tandis qu’un autre, Jack Lang a été maintenu à son poste à l’Institut de Monde Arabe bien qu’il ait dépassé la limite d’âge.
Toute la haute administration est noyautée par la gauche et Emmanuel Macron par ses nominations n’a fait que renforcer cette emprise. Pas de “en même temps”, pas de “ni droite ni gauche” pour tous ces postes non soumis à la démocratie. Pour des emplois moins prestigieux, il en va de même. Georges Fenech cite le Défenseur des Droits, le Contrôleur Général des lieux de privation de liberté, on pourrait rajouter Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions et quantité d’autres personnages.
Entrisme, manip’
Une autre technique de pouvoir typiquement socialiste est la manipulation, le coup fourré, le tir de billard à trois bandes. A la suite d’un quiproquo, je suis devenu représentant du Snesup d’une petite université nouvellement créée et j’ai participé pendant une matinée à un congrès de ce syndicat dominé par les communistes. Je n’entendais parler que de “manip” à tout propos, “manip” électorale, “manip” politique et j’ai mis longtemps à comprendre qu’il s’agissait de manipulation – et j’ai mis très peu de temps à comprendre que la manipulation est le sport préféré de la gauche.
Le parcours ahurissant de la loi Immigration, vidée de tous ses articles inspirés par les Répulicains, est une manipulation de gauche typique, de même que la tentative de torpiller CNews à la demande de Reporters sans frontières qui a incité le Conseil d’Etat à faire pression sur l’Arcom. En matière d’entrisme comme en matière de manipulation, la droite est composée de petits bras qui ne peuvent se comparer aux gros biceps de la gauche, Georges Fenech le souligne. Pire, Sarkozy a fait de l’entrisme de gauche avec sa bien mal inspirée “ouverture” à gauche.
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La presse a l’habitude exaspérante d’appeler “les Sages” les membres du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat, de la Cour des Comptes, ces vieux chevaux de retour du mitterrandisme qui ont la folie de s’accrocher aux idées dépassées qui leur ont valu l’accession au pouvoir. Mais le plus grave c’est qu’ils sont en décalage total à la fois avec la volonté politique de la majorité des Français et avec un monde ensauvagé qui a tourné le dos à leurs valeurs utopiques.
Nous sommes entrés dans la parenthèse malheureuse
L’esprit général des temps mitterrandiens, en France comme ailleurs, est résumé par l’expression “la parenthèse heureuse”. L’expansion de la démocratie, de l’économie de marché, le contrôle des naissances étaient irrésistibles et il fallait que le monde fût ouvert, sans frontières, pour que ces bienfaits se répandent partout. Francis Fukuyama prophétisait la fin de l’histoire, c’est-à-dire la fin des guerres et il fallut le 11 septembre 2001 pour mettre fin à cette illusion. L’esprit des Lumières triomphait, l’homme était bon par nature comme nous l’enseigne Rousseau, la guerre allait disparaître, comme l’anthropophagie et l’esclavage. Bertrand Badie proclamait dans Le Monde “la France n’a pas d’ennemis, elle n’a que des états d’âme et des fantasmes”, quelques jours avant les attaques de Mohamed Merah. Ces idées nobles, attractives et généreuses permirent à la gauche socialiste d’arriver au pouvoir en 1981 et de s’y maintenir sous des formes plus ou moins déguisées jusqu’à aujourd’hui. Le paradoxe est que le père fondateur, François Mitterrand, ne croyait pas à ces gentilles billevesées, il les a simplement adoptées comme un masque en comprenant qu’elles le mèneraient au pouvoir. Comme elles ont mené au pouvoir tous ses fils, petits-fils et arrière neveux qui peuplent aujourd’hui la haute administration française. Ceux-ci n’entendent nullement abandonner une idéologie qui leur a été si profitable.
Mais les temps ont changé, le “nouveau monde” a surgi avec l’islamisme, les invasions migratoires et la montée en puissance des néo-empires russes, chinois, turcs, perses et de tous leurs affidés du “Sud Global”. Sud Global dont les gouvernants vomissent l’Occident pendant que leurs populations ne rêvent que de s’installer en Europe ou en Amérique du Nord. Il manquait à la moitié sud du continent africain un accès facile à l’Europe mais grâce à Darmanin un nouveau Lampedusa a été créé à Mayotte. Le 7 octobre 2023, l’illusion de l’homme bon par nature a été poignardée à mort par le gigantesque pogrome du Hamas.
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Les partis politiques français qui réclament la fin de l’immigration, des excès du libre-échange économique et du laxisme judiciaire ont de grandes chances d’arriver au pouvoir en 2027. Ils vont faire face à une technostructure d’inspiration socialiste qui fera tout pour bloquer la moindre réforme. Il se prépare une lutte gigantesque entre un pouvoir issu de la démocratie et des ennemis bien placés pour le rendre impuissant. Deux plaques tectoniques de sens opposés vont se heurter et le tremblement de terre sera violent, d’autant plus qu’Emmanuel Macron ne fera rien pour atténuer le choc, il continuera à nommer des hauts fonctionnaires “progressistes” et distribuera largement la nationalité française aux nouveaux venus à l’approche du scrutin capital de 2027. D’ici là, la pratique socialiste de la manipulation jouera à plein et Jordan Bardella comme Marine Le Pen peuvent s’attendre à tous les coups les plus tordus.
Il y a certes, depuis peu de temps, une prise de conscience des dangers que font courir à la démocratie française les pouvoirs politisés du Conseil Constitutionnel, du conseil d’Etat, de la Cour des Comptes et de toutes les juridictions de haute et de basse volée qui pensent comme elle. Outre Georges Fenech déjà nommé, l’éminent juriste Éric Schoettl, issu du sérail, dénonce depuis longtemps la politisation des si mal nommés “Sages”. Il a dénoncé l’absurdité pour ces juges de se prononcer “au nom du peuple français” contre une loi immigration “correspondant aux trois-quarts de nos compatriotes et votée par une confortable majorité des élus de la nation”.
Les articles de presse se multiplient et ce 28 février, le site du Figaro publie un article de Nicolas Pouvreau-Monti « Ces associations qui ont aidé discrètement le Conseil Constitutionnel à censurer la loi immigration ». Ce juriste y écrit notamment : « Un tel rouleau compresseur s’inscrit dans une stratégie de longue haleine, celle du lawfare, la guerre du droit, comme instrument privilégié des partisans d’une immigration plus nombreuse et moins contrôlée ».
Mais la palme du courage politique revient sans conteste à Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de Frontex, qui a compris que l’Europe n’appréciait pas qu’il se prenne pour un garde-frontière et soit simplement un hôte d’accueil souriant aux hordes de l’immigration massive. Cet homme courageux et lucide, qui a dû perdre beaucoup d’amis, figure maintenant sur la liste de Jordan Bardella pour les Européennes.
Le problème essentiel de la morale, c’est l’évaluation de l’homme. Les temps ont changé, à l’époque de Poutine on ne peut plus croire à sa bonté naturelle et à celle du migrant, il faut en revenir à la conception chrétienne du mal présent dès l’origine de l’humanité.
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