L’écheveau passablement confus de cette intrigue à tiroirs met un bon moment à se clarifier (plus ou moins). Un vieillard nonagénaire d’origine hongroise s’étant dissimulé, après-guerre, sous l’identité d’un héroïque soldat de Tsahal, passe en jugement à Tel-Aviv en présence de sa propre fille (dont on verra que sa présence auprès du grabataire changera du tout au tout le cours du procès), et d’une rescapée d’Auschwitz appelée à témoigner contre celui en qui elle reconnaît avec certitude le bourreau de son enfance.
L’ancienne déportée est accompagnée son fils, Ori (Yona Rozenkier), un homme plutôt perturbé, lequel croise au tribunal une écrivaine française d’un certain renom, Anna (Valéria Bruni-Tedeschi), en qui il est persuadé, quant à lui, de reconnaître en cette femme son ancien amour fou d’il y a 20 ans, à Turin. Ce qu’elle nie, prétendant ne l’avoir jamais vu.
A lire aussi: Tant qu’il y aura des films
Au fil d’improbables péripéties, le récit se resserre sur Ori et Anna, duo incarné par le comédien, scénariste et réalisateur franco-israélien Yona Rozenkier, et l’actrice, cinéaste (et sœur de Carla Bruni) si volontiers coutumière des rôles borderline. Sous prétexte de la conduire à l’aéroport où un vol pour l’Europe attend Anna, Ori l’enlève à bord de son van dans une loufoque équipée dans le désert, échappée dont le dénouement déjouera tous les pronostics. Bien des lacets sur cette route mémorielle à deux voies (et à deux voix) qui se perd dans les sables.
Il n’y a pas d’ombre dans le désert. Film de Yossi Aviram. Avec Valéria Bruni-Tedeschi et Yona Rozenkier. Couleur. Durée : 1h41 En salles le 28 février 2024.