L’Italie et Israël sont fortement liés par une proximité à la fois régionale, culturelle et économique. Et les chiffres de leurs échanges économiques le démontrent. En quelques années, l’Italie est passée de dixième à cinquième partenaire d’Israël. De son côté, Israël est devenu le point de référence en matière de technologie et sécurité.
Les relations entre l’Italie et Israël ont connu un important pas en avant ces dernières années. Bien que l’Italie ait été parmi les premières nations à reconnaître l’État d’Israël en 1949, les rapports entre les deux pays ont pris un véritable élan au début des années 1990 grâce surtout aux partis de droite. Gianfranco Fini, leader du parti de Giorgia Meloni, Alleanza Nazionale (aujourd’hui Fratelli d’Italia), lors du congrès du parti à Fiuggi en 1993, a condamné pour la première fois le fascisme, en citant notamment sa responsabilité dans la promulgation des lois raciales considérées comme « infâmes ». Il marquait ainsi une rupture historique avec le passé de son parti par rapport à Mussolini. En 2000, c’est Silvio Berlusconi qui a radicalement changé la politique italienne au Moyen-Orient, jusque-là caractérisée par une politique d’égale proximité avec Israël et avec les pays arabes. Berlusconi a toujours déclaré que l’Holocauste était un mal absolu, sur lequel aucun révisionnisme, déni ou sous-estimation n’était tolérable. Selon lui : « J’ai appris cette valeur, cette grande valeur de la liberté, de mon père, exilé en Suisse pour ne pas être arrêté par les nazis-fascistes, et de ma mère qui, enceinte, a risqué sa vie pour enlever une femme juive à un soldat nazi qui était destinée aux camps d’extermination ». Il Cavaliere fut l’initiateur et le promoteur d’une série d’accords économiques avec Israël, créant une synergie industrielle notamment sur le plan de la sécurité et de la défense.
Au cours des vingt dernières années, les relations entre les deux pays se sont développées par le biais de nombreuses initiatives et projets de coopération bilatérale. L’Italie et Israël possèdent une complémentarité naturelle : la forte vocation manufacturière italienne alliée à l’avant-garde des technologies israéliennes. En effet, de plus en plus d’entreprises italiennes participent à de nombreux appels d’offres publics et privés, notamment dans le cadre de l’Accord de Coopération Industrielle, Scientifique et Technologique signé en 2000 qui a financé plus de 200 projets d’intérêt commun.
Rapprochement culturel
Une coopération culturelle bilatérale repose sur un accord de coopération datant de 1971 et sur des programmes triennaux. Ainsi les Instituts culturels italiens de Tel-Aviv et de Haïfa ont entrepris des actions destinées à promouvoir les initiatives culturelles. Les résultats dans les domaines de l’édition, du cinéma, du design, de l’art et de la musique sont particulièrement positifs. La culture italienne est très appréciée par les Israéliens, qui visitent souvent la Péninsule pour des motifs d’études, de travail ou de tourisme. Au cours des dix dernières années, 105 livres de grands auteurs italiens – du XXe siècle et de l’époque contemporaine – (Pierpaolo Pasolini, Antonio Gramsci, Giacomo Leopardi, Eugenio Montale, Primo Levi, Erri De Luca, Natalia Ginzburg) ont été traduits en hébreu. L’italien est devenu la troisième langue traduite en hébreu, précédée uniquement par l’anglais et l’allemand.
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En Italie, il existe un intérêt constant pour la littérature juive. Des dizaines d’écrivains écrivant en hébreu ont été traduits en italien et l’appréciation de leur travail ne cesse de croître. Et, aux côtés des grands noms (Avraham Yehoshua, Amos Oz lui-même, David Grossman), des auteurs comme Etgar Keret font leur apparition dans les librairies italiennes. Les écrivains israéliens ont également été honorés par la Foire du livre de Turin qui les a choisis en 2008 comme invités d’honneur.
Enfin, trois missions archéologiques sont actives en Israël et bénéficient de contributions publiques. À leur tête des chercheurs italiens de l’université La Sapienza de Rome, de la deuxième université de Naples, l’université de la Campanie Luigi-Vanvitellie et de l’université de Florence. En outre, l’Italie accueille chaque année de nombreux événements culturels israéliens tels que des expositions d’art, des concerts de musique et des festivals de films.
Synergies économiques
Le marché israélien reste d’un grand intérêt pour l’Italie. Israël bénéficie d’une excellente réputation dans les secteurs liés à la haute technologie, à la biomédecine, à l’innovation agricole, à la sécurité et aux énergies renouvelables. Cette innovation technologique séduit les industriels italiens désireux d’apporter une complémentarité à la fois dans la phase de recherche, de dépôts de brevets, mais aussi au niveau de la création et de la commercialisation des produits finis. L’Italie est considérée comme un partenaire sérieux dans la phase d’industrialisation des produits et des technologies, grâce à l’importance, la diversification et la flexibilité de son système industriel.
La collaboration dans le domaine énergétique se structure dans le temps et se manifeste avant tout à travers des collaborations entre entreprises privées. Parmi les principales associations figurent différents pôles d’innovation créés en Israël par le premier opérateur électrique d’Italie ENEL, tels que l’« Innovation Hub » (actif depuis 2016 à Tel Aviv), « Infralab » (Haïfa de 2020 à 2021), « FinSec Lab » (depuis 2021 à Beer-Sheva, avec Mastercard), « AI&Robotics Lab » (Tel Aviv depuis 2022). D’autres accords ont été signés par la principale entreprise italienne de transport de gaz, SNAM, en 2020 avec trois entreprises israéliennes : Delek Drilling et DAN pour ce qui est de la transition au gaz naturel liquéfié dans les transports publics ; avec DAN pour le développement de projets de mobilité verte ; et avec la start-up H2PRO dans la recherche sur l’hydrogène. Le groupe multiservice italien A2A et l’israélien IIA ont signé un accord-cadre en 2021 pour des projets de collaboration dans le domaine de l’innovation avec les entreprises.
Dans le domaine de la sécurité, le dialogue entre les institutions italiennes et israéliennes dans le domaine de la cybertechnologie et de la sécurité de l’information se poursuit. De nombreuses entreprises israéliennes collaborent avec des entreprises italiennes sur ce sujet. Un projet italo-israélien a même débuté dans le secteur spatial pour la réalisation de quatre expériences de recherche biologique et pharmacologique en microgravité grâce à DIDO III. Ce satellite miniaturisé développé par la société israélienne SpacePharma a été mis en orbite par l’italien Fusée Vega en septembre 2020.
Les échanges commerciaux enregistrent quant à eux un progrès certain. Ils se sont élevés à 4,8 milliards d’euros en 2022, une hausse de 17,1% par rapport à l’année précédente. L’Italie est devenue le deuxième fournisseur et le septième client européen d’Israël. Ces résultats ne feront qu’augmenter dans les années à venir. Le renforcement de cette coopération sera sans doute stratégique et aussi utile aux deux pays pour faire face aux différents défis : menace terroriste, instabilité politique internationale, crise énergétique mondiale.