Michel Houellebecq et le nihilisme


Dans le magazine Lui de ce joli mois de mai (avec Rihanna en couverture), Michel Houellebecq explique à Frédéric Beigbeder qu’il n’est pas un nihliste, mais un conservateur comme Benoît Duteurtre, un ami et un écrivain que j’apprécie beaucoup, tout comme Michel Houellebecq d’ailleurs et Frédéric Beigbeder qui ne le ménage pas dans cet entretien. Mais le nihilisme ne se réduit pas aux révolutionnaires russes du dix-neuvième siècle. Pour être plus explicite, je dirai que le nihiliste se définit d’abord par sa méfiance à l’endroit de la supériorité de la raison : elle est une fiction ne servant qu’à masquer le non-sens de l’existence.

L’existence, justement, qui est au cœur de tous les systèmes philosophiques, apparaît aux nihilistes au mieux comme une sombre affaire qui apporte plus de désagréments que de plaisirs, au pire comme une joyeuse apocalypse. Comment y mettre fin, tant individuellement que collectivement, est une des questions récurrentes des penseurs nihilistes. Il ne s’agit pas d’aménager au mieux la geôle dans laquelle nous croupissons, mais d’en bloquer l’accès.

Certes, on peut estimer qu’il s’agit plus d’une posture esthétique, voire d’une forme d’humour noir, que d’une pensée à forte valeur ajoutée. Mais on ne peut nier que dans son radicalisme, elle finit un jour ou l’autre par toucher chacun et ébranler nos convictions les plus tenaces sur la perpétuation de l’espèce. Michel, permets-moi de te dire que tu m’apparais comme une des incarnations les plus accomplies du nihilisme actuel. Comment pourrait-il en être autrement de la part d’un lecteur de Schopenhauer et d’un auteur d’un superbe essai sur Lovecraft, sous-titré : contre le monde, contre la vie ?



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