La présence de députés LFI, ayant tenu des propos controversés sur le Hamas, ce matin aux Invalides à l’hommage aux 42 victimes franco-israéliennes du 7 octobre, est dure à avaler. Pourquoi ne pas avoir envoyé François Ruffin ? Une honte pour la gauche. Le président Macron devrait parler à midi.
L’hommage aux victimes françaises du 7 octobre suscite beaucoup de polémiques. Si le président Macron comptait faire l’unité autour de cet hommage, c’est raté.
Le scandale, évidemment, est arrivé par les Insoumis. Ils sont invités, ils viendront. L’Élysée s’en est lavé les mains : aux partis de faire ce qui est « juste et élégant ». Des mots qui visiblement n’ont pas le même sens pour tous.
Coquerel et Panot oseront-ils regarder les familles en face ?
Bien sûr, que les députés LFI viennent à l’hommage, c’est leur droit. Les usages républicains etc, etc. Même si eux s’en moquent, en réalité, des usages républicains! C’est aussi leur droit de ne pas qualifier le Hamas d’organisation terroriste, voire, comme Danièle Obono au micro de Jean-Jacques Bourdin, de l’appeler « mouvement de résistance ». C’est leur droit de traiter Israël d’État « terroriste », « génocidaire » ou de parler d’ « apartheid ». C’est leur droit de faire des appels du pied aux islamo-antisémites. Nous sommes dans une démocratie.
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Mais, c’est aussi leur droit d’être décents. Il est curieux de forcer la porte d’un enterrement. Cinq familles accusent LFI d’« indécence », de « relativisme » et de « négationnisme ». Et elles estiment que la présence de Mathilde Panot serait une injure. Comme l’a dit, également chez Jean-Jacques Bourdin, le député franco-israélien Meyer Habib, LFI aurait pu déléguer François Ruffin ou Alexis Corbière dont la langue n’a pas tremblé après le 7 octobre. Mais non : ce sera Coquerel – qui qualifie Israël d’État terroriste – et Panot ! Peu leur importe de blesser des familles endeuillées. On verra s’ils osent les regarder en face. Le pire, c’est que le président de la République cède à l’extrême gauche en promettant un autre hommage (un temps mémoriel, dit-on à l’Elysée) pour les Français morts à Gaza.
Mais toutes les victimes se valent, me répliquera-t-on !
Évidemment ! Toutes les victimes se valent. Mais toutes les morts ne s’équivalent pas. Toutes les victimes du conflit entre Israël et le Hamas ne sont pas mortes dans les mêmes conditions. Annoncer maintenant qu’on va honorer les victimes de Gaza, c’est établir implicitement une symétrie entre le 7 Octobre et la riposte israélienne. Or, le Hamas a délibérément massacré et torturé des civils – et l’a même filmé. Les Israéliens, de leur côté, tuent des civils dans une guerre qu’ils estiment existentielle – mais ils ne cherchent pas cela. Je vous renvoie vers un article récent de Newsweek qui montre leurs efforts pour épargner les vies civiles [1].
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Un hommage n’est pas seulement une manifestation de compassion, c’est un acte politique. Une façon d’affirmer qu’entre la théocratie terroriste qui gouverne Gaza et la démocratie israélienne, aussi imparfaite soit-elle, la France peut choisir son camp. Si le président veut honorer les Français et tous les civils morts à Gaza, d’accord, très bien, mais qu’il dise alors que le Hamas est responsable de leur malheur.
Seulement, on dirait plutôt qu’Emmanuel Macron veut échapper au soupçon du deux poids-deux mesures. Il est difficile de ne pas y voir un appel du pied à la rue musulmane. Une cuillère pour papa, une cuillère pour maman. Ce chèvreetchoutisme n’est décidément pas à la hauteur de l’Histoire…
Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale après le journal de 8 heures.
[1] https://www.newsweek.com/israel-implemented-more-measures-prevent-civilian-casualties-any-other-nation-history-opinion-1865613