Elisabeth Lévy revient sur le profil de Kassogue S., l’auteur de l’attaque au couteau de la Gare de Lyon, samedi matin. Après avoir été suspendue pour raisons psychiatriques, la garde à vue de l’assaillant a repris. Au-delà de la psychiatrie, les discours de haine contre la France ou l’Occident font des ravages, observe notre directrice de la rédaction.
D’abord, il nous faut revenir sur la présentation de Kassogue S. telle qu’elle a été faite par les médias. Et sur cet empressement à nous dire qu’il s’agissait d’un déséquilibré, qu’il était en situation régulière et qu’il n’avait aucun signe de religiosité. Circulez, il n’y a rien à dire ! C’est un triste fait divers. D’ailleurs, le Parquet National Antiterroriste regarde ailleurs.
Rappelons-le: commettre un acte de ce type, rouler en camion sur une foule ou tirer à bout portant sur une fillette juive ne signale pas une personnalité très équilibrée. Autrement dit, tous les terroristes sont un peu fous. Mais la plupart des fous n’agressent pas des gens à coups de marteau.
Deuxièmement, ce Malien, Kassogue S., était dans les clous de la loi. Ouf ! Il avait un titre de séjour italien. C’est une nouvelle preuve du masochisme européen. Un droit accordé n’importe où en Europe au nom de n’importe quel principe, c’est table ouverte dans l’espace Schengen. De plus, son état psychiatrique semble avoir joué dans sa régularisation. En plus de toute la misère du monde, faudra-t-il bientôt accueillir toute la dinguerie du monde? Pour nos habituels experts en réécriture du réel, la grande leçon de cet épisode tragique, c’est que la psychiatrie manque de moyens.
Reste qu’il n’y a pas de motivation islamiste justifiant la qualification terroriste
Certes, les usagers de la gare n’ont pas entendu de « Allah Akbar ». Mais la barbe du suspect répond aux canons islamistes, ainsi que sa haine des LGBT qu’il exhibait sur TikTok. Tous les terroristes ne sont pas islamistes (il y a un terrorisme basque, irlandais, ou palestinien « laïque » avant le Hamas, par exemple). Ce qui caractérise et signale le terrorisme, c’est la motivation idéologique, la justification politique de la violence aveugle.
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Or, dans le cas de Kassogue S., cette motivation est parfaitement claire. Il ne nous aime pas. «Je ne rêve pas d’être français, je n’aime pas la France, je déteste tous les Français», crache-t-il sur son compte TikTok désormais désactivé. Il disait qu’il voulait tuer des Français. Cela mériterait au moins la qualification d’acte raciste, non?
Le premier attentat du décolonialisme ?
Pourquoi cette haine ? Ce que nous a appris Le Parisien est très intéressant. Son TikTok était plein d’un salmigondis sur les crimes de la France en Afrique. « Vous avez maltraité les gens, violé les femmes, assassiné les petits enfants, enlevé les organes des enfants, volé nos biens matériels. Vous êtes plus maudits que Satan. » Voilà ce que disait ce charmant garçon.
Cela ne vous rappelle rien ? Comme l’a observé le premier Amine El Khatmi, c’est une version pour les nuls des âneries décoloniales enseignées dans certaines de nos universités. L’histoire façon Star Wars, avec d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. La militante Assa Traoré ou la députée LFI Danièle Obono disent d’ailleurs un peu pareil, même si c’est un chouia plus sophistiqué. C’est malheureusement un discours en vogue à l’UNEF, à Sciences-Po ou à Saint-Germain-des-Prés. Il n’est pas impossible qu’il ait pu arriver, une fois remâché et encore simplifié par les réseaux sociaux, au cerveau embrouillé de Kassogue S. Et c’est peut-être ainsi que nous avons assisté à la naissance du terrorisme décolonial…
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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