Des centaines de signatures d’écrivaillons sévèrement burnés s’opposent dans une pétition à ce que Sylvain Tesson parraine le Printemps des Poètes. Dans cette prose dénuée de poésie, on l’accuse d’être un réac de la pire espèce. Pourtant s’il est un auteur où tout dans l’œuvre et dans sa vie est poésie, romanesque et profondeur de champs, c’est bien lui. L’idéologie sectaire des signataires n’est qu’un prétexte. Ce qui leur fait peur avec Tesson, c’est de souffrir la comparaison.
Le brave citoyen regarde le monde planqué derrière ses persiennes, écoute l’air du temps l’oreille collée aux portes, s’informe par le petit trou de la serrure. Aidé en cela par des journalistes-midinettes, soldats de plomb de la machine politico-médiatique lancée dans l’opération diversion: plus l’on travaille à la fabrique des cons, plus le système tiendra bon. On nourrit le peuple de vulgarité sur les restes de la succession Hallyday, par la découpe à l’abattoir de la carcasse Depardieu, et, aujourd’hui, on le shoote à l’impudeur avec la lente agonie publique d’Alain Delon. Sans jamais l’inciter à revoir l’acteur gagné par la fièvre face à une Girardot brulante dans Rocco, ou éteindre un
