Famille, école et numérique seraient les trois incubateurs qui inoculent le sexisme aux enfants dès le plus jeune âge, s’alarment les scientifiques du Haut Conseil à l’égalité.
Le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a publié son rapport annuel, lundi 22 janvier, intitulé « S’attaquer aux racines du sexisme »[1]. En fait de rapport, il s’agit d’un long commentaire d’une enquête Viavoice réalisée pour l’occasion auprès de 3500 personnes. Et cette enquête est donc interprétée dans un seul but : démontrer que tout va de plus en plus mal. Le sexisme est partout. Il commence à la maison, avec des parents reproduisant des schémas genrés traditionnels (ces monstres offrent des poupées à leurs filles !), il continue à l’école et il explose en ligne.
Neuf femmes sur 10 ont subi des situations sexistes, nous dit-on. Mais si ça commence à la blague un peu grivoise ou au compliment, heureusement pour elles !
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Les clichés masculinistes progressent. 28% des jeunes hommes pensent que les hommes sont plus faits pour être patrons que les femmes. Donc, 72% pensent le contraire. Autre exemple : un quart des sondés trouvent normal qu’une femme soigne plus son physique qu’un homme. Donc les ¾ ne le pensent pas ! Si on ajoute que 86% des hommes pensent qu’une femme peut être présidente et 83% qu’elle peut gagner plus que son conjoint, on se dit que l’égalité est devenue la norme. Mais l’égalité réelle n’est pas atteinte, bien sûr, et les femmes subissent encore beaucoup d’injustices, nous dit-on… Les hommes aussi. Beaucoup s’estiment victimes de généralisations (par exemple, lorsque l’on affirme qu’ils seraient tous sexistes). Ça aussi, c’est une preuve de sexisme !
Rien ne va dans cette étude, en réalité :
- L’objet « sexisme » est inopérant, car il est idéologique. Tout ce qui relève de la différence des sexes est considéré sexiste. Or, un traitement différencié est souvent légitime (par exemple, dans une maternité on ne traite pas de la même façon les hommes et les femmes, ou dans le sport). Le HCE se désole que les 2/3 des sondés pensent qu’un homme doit protéger les femmes. Ah, c’est donc mal de penser ça ? En quoi ?
- Il y a un postulat arbitraire à la base de ce sondage : il y aurait un continuum entre le sexisme et la violence. Tu commences par une mauvaise blague, et tu finis par cogner. Pardon, mais cela n’est pas démontré.
- On observe une prétention normative. On explique aux gens comment ils doivent vivre. Si des femmes préfèrent élever leurs enfants que travailler, doit-on les dénoncer ?
- On y retrouve l’habituelle pulsion de censure. Le Haut Conseil demande ainsi à l’Arcom de surveiller la représentation des femmes dans les médias. Pourra-t-on demain représenter des chipies, des menteuses, ou juste des saintes ?
- Enfin, bien sûr, on refuse totalement de se demander si certaines cultures favorisent les comportements violents ou répressifs. Il ne faut pas stigmatiser !
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Rassurez-vous, la rééducation est en bonne voie. 60% des Français sont révoltés qu’une femme se fasse siffler dans la rue, 62% qu’un homme insiste pour avoir un rapport sexuel avec sa conjointe et 36% qu’un homme commente la tenue vestimentaire d’une femme, le fameux compliment sexiste. A tout hasard, je précise que j’appartiens à la minorité qui trouve ça très bien.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
[1] https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/actualites/article/6eme-etat-des-lieux-du-sexisme-en-france-s-attaquer-aux-racines-du-sexisme