Et si le casting du gouvernement Attal se révélait rapidement calamiteux ? La conférence de presse du président et les commentaires qui ont suivi n’ont pas corrigé la mauvaise impression laissée par certains ministres les premiers jours…
Heureusement que Stéphane Séjourné vient d’être nommé, au sein du nouveau et premier gouvernement de Gabriel Attal, ministre des Affaires Etrangères, et non pas, au vu de ses énormes bévues en matière de grammaire française, de la Culture ou de l’Education Nationale ! Au moins ses interlocuteurs étrangers ne pourront pas s’apercevoir ainsi de ses nombreuses carences quant à sa maîtrise, fût-elle élémentaire, de la langue de Molière…
Reste à espérer, toutefois, que M. Séjourné connaisse mieux ces importants dossiers étrangers qui lui seront dorénavant confiés par la République, et pendant un certain temps, que sa propre langue maternelle…
Voies du seigneur et conflit d’intérêt
Il semble pour le moins surprenant, du reste, que Gabriel Attal, certes sous la très directive houlette d’Emmanuel Macron en personne (je me demande ce que l’illustre La Boétie aurait à déclarer concernant ce succédané de « servitude volontaire » pour paraphraser ici l’intitulé de son célèbre opus), ait pu nommer aussi facilement, sans que personne n’y trouve rien à redire, pas même un soupçon de conflit d’intérêt ou d’éventuel favoritisme, un de ses anciens mais derniers compagnons. Les mystérieuses voies du Seigneur, plus encore que la voix de son Maître, sont, décidément, bien impénétrables, surtout au quasi céleste royaume de l’Élysée !
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Mais qui, au fond, s’en étonnera véritablement lorsque l’on sait que la toute nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, n’a à proposer, en guise de seules preuves de ses réelles compétences en la matière, que de corrosives salves de bons mots et formules bien senties, alliés certes à un incontestable sens de la joute verbale, distillés çà et là sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale et autres provinces de l’Hexagone ?
Bourdes et breloques
Quant à, là encore, la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, Amélie Oudéa-Castéra, jusqu’ici inconnue au bataillon et surtout manifestement inexpérimentée, qu’a-t-elle donc d’autre à présenter elle aussi, à titre de gages de savoir au sein de l’école publique, que quelques maigres trophées sportifs et autres breloques de seconde zone, en plus de consternantes bourdes, comme le peuple français tout entier en a été l’incrédule et offusqué témoin il y a quelques jours seulement, pour sa première et très maladroite, sinon catastrophique jusqu’à la rendre aujourd’hui inaudible, sortie politique !
Oui : aussi décevant que calamiteux en effet, ne serait-ce qu’au regard des multiples polémiques déjà engendrées à pareil niveau, ce nouveau casting ministériel d’Attal et Macron réunis, où l’on peine même à croire que c’est malheureusement là tout ce que l’actuelle vie politique de la République française, que l’on pensait garnie de bien plus brillants esprits parmi ses nombreux et enviables fleurons, peut offrir, décemment, à ses concitoyens !
Les médiocres mais douloureux effets du wokisme ?
D’où, légitime et sans même vouloir forcer ici le trait, la question : ce pitoyable mais dangereux wokisme sévissant aujourd’hui impunément jusque dans les plus hautes sphères de l’intelligentsia française, et parfois au sein même des académies les plus réputées, aurait-il donc irrémédiablement contaminé également, pour le malheur de notre prestigieux héritage culturel, sinon civilisationnel, jusqu’au cœur du pouvoir politique en ce qu’il a théoriquement, à l’instar de toute démocratie digne de ce nom, de plus noble, généreux et précieux tout à la fois ?
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Je n’ose, pour ma modeste part, me résoudre à pareil, affligeant et funeste diagnostic…
Vers la débâcle macronienne ?
Quant à la conférence de presse, dans la soirée de ce 16 janvier 2024, d’Emmanuel Macron lui-même, elle ressemblait là à un éloquent discours de Premier ministre, maîtrisant ses dossiers sur le plan technique mais focalisé presque exclusivement sur la politique intérieure, bien plutôt qu’à un discours de président, comme pouvaient l’être, au contraire, les allocutions, dans ce même type d’exercice, de De Gaulle, Pompidou, Chirac ou Mitterrand, avec, quant à eux et qu’on les ait appréciés ou non, une véritable vision du monde, une réelle hauteur de vues, une profonde faculté d’analyse, un souffle quasi épique, des envolées parfois même lyriques, un authentique intérêt pour la culture et, surtout, l’inaliénable sens de l’Histoire.
Bref : une conférence de presse, celle de Macron mardi soir, certes brillante, dans la connaissance de ses dossiers, parfois même détaillée à la manière d’un ennuyeux technocrate, mais, en même temps et très paradoxalement, médiocre sur le plan plus spécifiquement politique, sans âme ni grandeur, sans direction ni projets, et, donc, fondamentalement décevante, aussi ratée, en pratique, qu’attendue, sinon espérée, en théorie !
Prenant la défense de Mme Oudéa-Castéra durant les questions des journalistes, le président a réclamé « plutôt de l’indulgence, parce qu’il [lui] est arrivé d’avoir des propos, au tout début de [s]es responsabilités politiques, qui avaient blessé, tout particulièrement des femmes ». M. Macron faisait une allusion aux employées du laboratoire Gad, qu’il avait jugées « pour beaucoup illettrées » alors qu’il était tout jeune ministre.
C’est dire si la débâcle macronienne, où de belles mais vaines paroles tiennent démagogiquement lieu d’idées tout aussi stériles, continue invariablement, à la désastreuse image de la macronie elle-même, pour le malheur de la France, sinon, plus généralement encore, de l’Europe…