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MeToo : haro sur les boomers


MeToo : haro sur les boomers
Lucie Lucas et Victoria Abril, vedettes de la télésérie, Clem, le 29/11/2023 David Merle/TF1/SIPA

Pour une jeune actrice française, ce n’est pas seulement Gérard Depardieu qui serait coupable d’agressions sexuelles mais, d’une manière générale, les comédiens et comédiennes de la génération des boomers.


Le 27 décembre, Marie-Claire révèle que la comédienne Lucie Lucas, qui joue le rôle du personnage principal de la télésérie Clem, vient de dénoncer vertement dans deux posts sur Instagram les signataires de la tribune du Figaro soutenant Gérard Depardieu. « Artistes à vomir… boomers de merde… […] J’ai si hâte que vous disparaissiez de nos écrans pour de bon ! » s’indigne-t-elle. Car la « disparition » est un objectif sacré des jeunes wokistes. De la littérature russe aux noms des boulevards en passant par les monuments ou les manuels d’Histoire, il convient de faire « disparaitre » ce qui gêne, choque ou dérange, en pure mode stalinienne. A la ville comme à l’écran, la situation et l’héritage des boomers sont convoités, à condition d’en effacer les artisans, les inventeurs ou les fondateurs. Il faut tuer le père comme disait Sophocle, un autre boomer.

Mais emportée par sa juste colère, la vedette dévoile aussi qu’elle a été témoin, de façon répétée, d’agressions sexuelles commises sur les plateaux par les membres de cette génération décidément maudite : « OK… donc moi ça fait 15 ans que je suis comédienne et que je protège une bonne partie de ces boomers dégénérés en ne disant pas en interview tout le mal qu’ils font aux autres sur un plateau de tournage… » Autrement dit, Lucie Lucas aurait été présente lors d’agressions sexuelles et n’aurait pas jugé utile de s’interposer, ni même de déposer plainte, ainsi que l’exige la loi.

Ensuite, sans trop s’attarder sur sa culpabilité pour non-dénonciation de ces prétendus crimes, elle évoque le pouvoir de chantage que les jeunes – si purs, si vertueux en comparaison de leurs aînés – seraient capables d’exercer sur les boomers : « Avec TOUT ce que les jeunes générations de comédiens ont de dossiers sur vous, j’espère que vous êtes prêts pour la retraite parce qu’on ne vous protégera plus ! » 

Généralisations abusives, aveu de silence complice, vagues menaces de chantage… non contente de tout cela, la comédienne a fini par accuser nommément celle qui partage la vedette avec elle dans Clem, l’actrice espagnole, Victoria Abril, qui y joue le rôle de sa mère : « Hein Victoria… tu veux qu’on parle de tes nombreuses agressions y compris sexuelles envers tes partenaires ? »

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Sans surprise, le 29 décembre, Abril a porté plainte contre Lucas pour diffamation.

La jeune vedette de Clem a déjà prétendu en 2019 avoir été victime de viols et de harcèlements sexuels, surtout au cours de son adolescence. Qu’est-ce qui a pu motiver ce mélange curieux de délation, de jalousie professionnelle et de haine intergénérationnelle, si ce n’est l’atmosphère étrange créée par le mouvement MeToo ?

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Romancière et scénariste belge, critique BD et chroniqueuse presse écrite et radio. Dernier roman: Sophonisbe.

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