Accueil Politique La France compte 68 millions de sujets sans compter les sujets d’agacement !

La France compte 68 millions de sujets sans compter les sujets d’agacement !


La France compte 68 millions de sujets sans compter les sujets d’agacement !
Philippe Bilger © BALTEL/SIPA

Certes, Noël est la saison de la joie et de la bienveillance, mais n’oublions pas pour autant les nombreux motifs d’agacement pour lesquels la trêve n’existe pas. Philippe Bilger en a dressé sa liste personnelle.


Pour ceux qui ne reconnaîtraient pas mon plagiat, j’avoue que je me suis inspiré pour ce titre du redoutable polémiste Henri Rochefort, qui avait écrit dans l’Almanach impérial : « La France compte trente-six millions de sujets sans compter les sujets de mécontentement ».

Je me suis autorisé cette plaisanterie, d’abord parce qu’il me semble que cette courte période d’accalmie – relative – la permet, ensuite en raison du fait que confronté à l’embarras du choix pour les thèmes, j’ai décidé de les réunir parce que d’une manière ou d’une autre, ils suscitent mon agacement.

D’abord Pascal Praud. J’aime beaucoup le Canard enchaîné qui cultive la tradition française du sarcasme souvent drôle et intelligent même s’il a ses cibles et que parfois il s’obstine à n’en pas changer. Il pointe ici, sous « La noix d’honneur », une réponse de PP, questionné dans le Figaro Magazine sur son envie de se lancer en politique : « Chacun doit rester à sa place ! À mon âge, on ne se lance pas dans une telle aventure. Je n’en ai ni le profil ni l’envie ni les capacités ». Le Canard se moque : « La France s’en remettra-t-elle » ?

On aurait pu au contraire féliciter l’animateur de CNews et d’Europe 1 pour sa clairvoyance et sa modestie non feinte mais il fallait bien sûr, comme il s’agissait de PP (qui se moque d’ailleurs des critiques à son encontre), lui imputer à charge ce qui généralement aurait plutôt mérité une louange. Agacement de ma part.

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L’Union européenne (Conseil européen et Parlement européen accordés) a mis à mal le principe d’égalité devant la justice (Le Figaro). Les personnes les plus exposées aux attaques médiatiques, politiques et contentieuses (dirigeants d’entreprise, responsables publics, etc.) seront, en substance, privées du droit d’obtenir réparation et justice pour des « imputations infamantes » lorsque celles-ci seront le fait « de particuliers ou organisations engagés dans la défense des droits fondamentaux et des divers autres droits tels que les droits environnementaux et climatiques, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTIQ, les droits des personnes issues d’une minorité raciale ou ethnique, les droits des travailleurs ou les libertés religieuses ».

Cette protection qui instaurera des privilèges procéduraux choquants en faveur de ces particuliers ou organisations « nobles » est inspirée, selon la Commission européenne à l’initiative de ce texte, par la volonté de favoriser « le faible » contre « le puissant ». C’est le retour, sur le plan européen, de la harangue d’Oswald Baudot, qui a gangrené la justice française à partir de 1968. Agacement.

Le Général Reiland, commandant de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) déplore, alors que les actes antisémites flambent, que « trop de victimes de crimes de haine ne se fassent pas connaître ». L’impunité commence là, d’abord : avant même que la justice soit saisie. Quand la haine n’est connue que de ceux qui l’ont subie. Dans le silence, la résignation, la douleur muette. Agacement.

Le tribunal de Bobigny prépare aussi les JO (Le Parisien). Une fois qu’on a rendu hommage au volontarisme et au travail de tous ceux qui y oeuvrent, la tableau qui est dressé fait peur. Tant de dossiers en souffrance, en retard, en enlisement. J’ai appris que des parquets se déplacent dans des commissariats pour classer systématiquement une multitude de plaintes demeurées non traitées. Je suis sûr qu’on aurait pu faire autrement, qu’on pourrait mettre le citoyen au centre et TOUT accomplir, coûte que coûte, pour répondre à ce quoi il a droit. Agacement.

300 000 euros de marchandises volées au Secours populaire et l’entrepôt d’Echirolles saccagé peu avant Noël : il abritait des colis destinés aux familles accompagnées par l’association (L’Obs). Plus que des voyous si j’ose dire. Des sadiques de la transgression. On ne les a pas encore interpellés. Agacement.

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La future réforme de la garde à vue fera baisser l’efficacité des enquêtes. Les policiers ne pourront plus poser la moindre question à un suspect sans la présence de son avocat (Fdesouche). Quand l’ensauvagement augmente, l’État de droit se couche. Agacement.

« Un voyage humaniste » à Auschwitz en janvier pour le sport français (RMC Sport). Celui-ci est-il tellement déconnecté, voire insouciant ou indifférent, pour qu’on soit obligé de l’embarquer dans une entreprise de groupe ? Tous les citoyens qui vont y participer ne pouvaient-ils pas songer à le faire avant, libres, responsables, non téléguidés ? Pas en tant que sportifs, comme des humains ? Et on voudrait faire des sportifs des héros ! Agacement.

Tous ces sujets d’agacement, j’ai conscience qu’ils résultent de mon humeur infiniment subjective mais profondément soucieuse de liberté et de justice dans tous les sens du terme.

Ceux qui liront ce billet auront les leurs.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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