Accueil Édition Abonné Décembre 2023 Quel antisémite êtes-vous ?

Quel antisémite êtes-vous ?

Le test de Céline Pina


Quel antisémite êtes-vous ?
Couverture du livre de Sergei Nilus contenant les « Protocoles des sages de Sion », 1912. ©D.R

L’antisémitisme aussi a ses tendances ! Enfin le test qui vous dira laquelle suivre.


1. Quel est votre ouvrage antisémite favori ?

a) Les Protocoles des sages de Sion. Un faux qui unit antisémitisme décomplexé et complotisme délirant. Inutile de le lire, il n’existe que pour donner naissance à cette phrase « Ci li siounistes », sorte de martingale conjuguant l’incapacité à argumenter et la volonté de remporter l’échange à tout prix. Après, si vous croyez vraiment qu’une société secrète de conjurés diaboliques laisse traîner les comptes-rendus de ses projets de domination du monde, il est temps qu’on vous dise qu’en vrai, la marmotte, elle ne met pas le chocolat dans le papier d’alu ! Notez qu’avoir un QI inférieur à sa température anale n’empêche pas de mener une vie normale, votre ancêtre l’a prouvé jusqu’à ce qu’il décide de faire entrer ce satané cheval de bois à l’intérieur des remparts de sa cité.

b) Mein Kampf, Adolf Hitler. Dix millions d’exemplaires vendus et toujours un best-seller dans les pays arabes. Une référence pour tous ceux qui aiment se laver les yeux à la soude caustique et qui pensent que le 7 octobre est un acte de résistance admirable. Un livre qu’il est difficile néanmoins de lire dans le métro sans risquer des regards d’opprobre. Qu’à cela ne tienne, « le licite et l’illicite en Islam » du penseur des Frères musulmans Youssef al-Qaradawi peut vous fournir votre dose de haine antijuive en toute respectabilité. Vous gagnerez même des points d’ouverture à l’autre (on a bien dit « à l’autre », pas « de l’autre »).

c) Les Blancs, les juifs et nous, Houria Bouteldja. Cinquante nuances de Grey explore la monochromie en mode fusion-cochon. Avec Houria, on atteint le stade bichromatique. Mais ce que l’on gagne en contraste, on le perd en rapprochement sensuel. Unique avantage de la démarche, une pensée politique à hauteur de bulots qui se transmet plus vite que des chlamydiæ dans une soirée échangiste. Le concept est basique : les Blancs et les juifs = méchants/persécuteurs. Le reste du spectre chromatique = gentils/victimes. Idéal pour recruter des militants plus proches d’Homer Simpson que d’une forme de vie intelligente !

d) Bagatelles pour un massacre, Louis-Ferdinand Céline. Si Georges Bernanos a exécuté ce pamphlet en une phrase –« cette fois-ci Céline s’est trompé d’urinoir » –, vous pouvez tenter la réhabilitation de ce vomi imprimé pour ajuster votre posture d’esthète provocateur. Inspirez-vous de Léon Daudet et peaufinez les qualificatifs : la violence antisémite devient « verdeur rabelaisienne » ; les torrents de haine, des « touches d’acidité » et l’obscénité, la «gouaille populaire ».

2. Quel est votre slogan préféré quand vous participez à une manifestation antisémite, euh… propalestinienne ?

a) « From the river to the see, Palestine will be free ! » C’est mignon et ça rime et puis avec « Mort aux juifs ! », son équivalent, on perd en réputation ce que l’on gagne en clarté.

b) « Allahu Akbar ! » « Mort aux juifs ! » ce n’est pas super inclusif. Alors qu’avec « Allahu Akbar », on augmente les parts de marché de l’appel à la haine et au meurtre en élargissant aux kouffars et autres Occidentaux le panel de référence.

c) « Israël assassin ! » C’est pareil que « Mort aux juifs ! » mais en version assumable par un universitaire d’extrême gauche et un militant antiraciste de LFI. D’ailleurs vous n’êtes pas antisémite, mais antisioniste. C’est la même chose mais c’est tellement plus vendeur socialement. Vous ajoutez un petit twist de perversité au concept en parvenant à faire oublier un crime contre l’humanité tout en désignant comme cible ceux qui l’ont subi. C’est votre côté Charles Pasqua mâtiné de militant gauchiste: quand vous êtes pris en défaut, vous balancez la merde dans le ventilateur puis vous lancez une pétition pour vous plaindre de l’odeur.

d) L’appel au cessez-le-feu. Une véritable machine à ressusciter l’homme politique en cours de zombification. La posture est sans danger et surtout gratifiante permet de renvoyer dos à dos Israël et le Hamas tout en polissant l’image publique de celui qui assume cette sale besogne. Le tout en s’assurant la compréhension du Qatar quant à la nécessité de sponsoriser ses vieux jours. Mais faire de la paix le cache-sexe de la prévarication, c’est aussi crédible qu’un tuto de djihadiste sur l’éducation bienveillante.

3. La citation qui vous énerve le plus.

a) « Je préfère vos condamnations à vos condoléances », Golda Meir. Pour vous qui passez votre temps entre macération intellectuelle, autoflagellation et dénonciation de votre privilège blanc, ce refus de l’esprit bougies-fleurs-nounours vous heurte profondément.

b) « Je ne prépare pas la guerre. Je me prépare à me défendre. Israël n’a pas le choix, c’est mourir ou gagner », Shimon Peres. Vous, vous êtes clairement sur la première option mais comme par hasard, c’est toujours la deuxième qui finit par arriver. Quand on se spécialise dans la guerre sainte et qu’on ne récolte que des branlées magistrales, l’hypothèse que Dieu vous apprécie autant que Jean-Luc Mélenchon aime être contredit aurait dû vous traverser l’esprit.

c) « Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste […]. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. » Quel manque de discernement ! Il suffit pourtant de faire partie des « ils » pour se retrouver côté gâchette plutôt que côté embouchure du fusil. Bon faut assumer sa conversion au nazisme – si on veut demander la main d’Ahed Tamimi, l’icône palestinienne hitlero-compatible, c’est un vrai plus.

d) « L’histoire nous a enseigné que personne n’a jamais mis fin au chantage d’un pays totalitaire par l’apaisement », Yitzhak Rabin. C’est bien pour cela que les plus cyniques ont milité pour un cessez-le-feu avec le Hamas dès le lendemain du 7 octobre. Utiliser l’appel à la paix comme baiser de la mort, c’est un peu comme refiler la salpingite de votre maîtresse à votre épouse, le partage dans ce cas est rarement un prélude au rapprochement et au retour des relations apaisées.

4. Des tombes juives ont été profanées dans le cimetière communal, vous vous dites :

a) En tant que responsable de la future branche armée du Hamas, canal européen, sous couverture de secrétaire de section LFI et de coordinateur Nupes, vous vous arrachez les cheveux: profaner les tombes, c’est bien, les remplir, c’est mieux.

b) « Je n’aurais peut-être pas dû laisser dans l’entrée ma pelle, ma masse, ma bombe de peinture et mes chaussures pleines de terre. »

c) C’est vraiment ennuyeux cette accumulation de violences contre les juifs alors que les actes antimusulmans sont en nombre dérisoire. Du coup, répandre l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme taquine un peu votre conscience. Heureusement, les fées « Déni », « Mauvaise Foi » et « Indignation surjouée », se ruent à votre secours. Assistées d’ « Intérêt particulier » et de « Clientélisme communautaire », leurs fidèles serviteurs, elles vont vous mijoter une petite réalité alternative où vous pourrez accuser les juifs d’être des « nazis sans prépuce ». De quoi devenir la star de France Inter.

d) « Toujours à se plaindre ! Les tombes ont pourtant bénéficié d’un relooking décoratif où l’élément graphique à base de svatiska souligne sans l’écraser le message rituel qui l’accompagne, à savoir : “Mort aux juifs !” Et au lieu de chercher à comprendre la dynamique de l’interaction homme/pierre tombale dans une perspective holistique et systémique, les familles choisissent la facilité de l’accusation de profanation. »


Résultats

Une majorité de a.

Vous êtes un antisémite qui s’ignore et un islamo-gauchiste qui n’existe pas. Appartenir à la gauche, c’est en effet bénéficier d’un totem d’immunité pour détester les juifs puisque tout le monde sait que l’antisémitisme, c’est d’esstrêmedrôate. Malgré cet avantage de départ, votre leader maximo, Jean-Luc Mélenchon, amateur de courtisans obséquieux, de leaders autocratiques exotiques et de saillies à connotations antisémites, a quand même réussi à devenir plus repoussoir que Jean-Marie Le Pen. Vous tenez un champion !

Une majorité de b.

Vous êtes l’antisémite au carré. Celui qui concilie inné et acquis, bagage culturel et allégeance idéologique. En bon islamiste, il n’existe pour vous que deux sortes d’êtres humains : ceux qui sont comme vous et ceux qui sont destinés à être transformés en compost avant leur mort.

Une majorité de c.

Vous êtes la version woke de l’antisémite. Vous inventez des génocides qui n’existent pas, pour assimiler les juifs aux nazis. Résultat, vous êtes applaudis sur les campus, encensés par la majorité des sportifs et des artistes, et David Guiraud vous envoie des « cœur-avec-les-doigts » sur Insta. Allez, un petit tour d’arrachage des affiches des otages du Hamas avec vos potes de LFI et du CCIF avant de préparer quelques pancartes « Israël assassin » pour pimenter la prochaine « manif pour la paix »

Une majorité de d.

Vous êtes un antisémite de stratosphère. Vous aimez prendre de la hauteur. Les ballons baudruches aussi, notez. Votre problème c’est que pour élever le débat, vous avez tendance à le vider de toute substance. Mais, pas d’inquiétude, tant que votre absence de colonne vertébrale est rebaptisé sagesse et modération, et que votre rôle de petit télégraphiste du Qatar est repeint en regard visionnaire et lucide, le service public audiovisuel vous passera la brosse à reluire.

Décembre 2023 – Causeur #118

Article extrait du Magazine Causeur




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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