Hier, le socialiste belge Elio Di Rupo donnait une conférence à l’université de Mons, et présentait l’état d’avancement du plan de relance de la Wallonie. Par email, les étudiants ont été informés qu’ils obtiendraient un point bonus à leur examen s’ils y participaient.
Riche d’une terre fertile, de son sous-sol grouillant de charbon et de métaux, la Wallonie fut longtemps une des régions les plus riches et les plus convoitées d’Europe, s’alliant aux Rois de France, aux Ducs de Bourgogne ou au Saint-Empire. Elle héberge toujours deux capitales du royaume franc, Tournai et Charleroi, et deux lieux de cuisantes défaites françaises, Ramillies et Waterloo. Elle abrite également deux universités de renommée internationale, Liège et Louvain-la-Neuve.
La belle histoire du bourgmestre de Mons
Hélas, cette bonne fortune qui la faisait resplendir ne pouvait pas durer toujours et la seconde moitié du XXe siècle vit sa brillante économie, principalement basée sur les aciéries, entamer son déclin. C’est alors que le Parti Socialiste wallon prit son envol sur les terrils abandonnés et les friches industrielles. Parmi les jeunes étalons de son écurie, le PS biberonnait un jeune homme d’origine italienne au sourire indéboulonnable. Et pas que le sourire, d’ailleurs, l’avenir montrera que le bonhomme entier était tout autant indéboulonnable. Tour-à-tour ministre fédéral, ministre régional, Premier ministre, président du parti ou ministre-président de la Région wallonne, Elio Di Rupo faisait partie du décor belge au même titre que les Polders ou l’Atomium.
Mais la route des élus socialistes wallons est émaillée de scandales[1] dont je vous épargne les détails.
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Parfois éclaboussé, l’empapillonné Di Rupo s’en tirait toujours par l’un ou l’autre discours affirmant son dégoût de la corruption et sa mâle intention d’en finir avec ces viles pratiques. Et son électorat d’allocataires et d’obligés le ramenait sans cesse à la surface. Mais peu-à-peu, les aficionados du PS se sont lassés, particulièrement dans la jeune génération qui ne croit plus trop aux nombreux « plans de relance économique de la Wallonie » qu’il aligne depuis des lustres.
Mais Di Rupo détient un joker. Il est aussi bourgmestre de Mons, petite ville proche de la frontière française, où il bâtit depuis des années et à grand renfort d’argent public une gare pharaonique. Et surtout où il a implanté une université, vivier potentiel de jeunes électeurs, l’UMons. Et c’est précisément à l’UMons que le dernier scandale en date est apparu. Du moins le dernier au moment d’écrire ces lignes !
Guillaume Vermeylen ne voit pas le problème
Un obscur chargé de cours, Guillaume Vermeylen, y a promis un point bonus (5% de la note globale) aux élèves qui assisteraient à une conférence donnée par l’inoxydable Elio Di Rupo. Interrogé par la presse, il affirme ne pas voir où est le problème.
Une épidémie de rhume règne pourtant en ce moment, et assister à une conférence ne risque-t-il pas de mettre en danger Papy et Mamy comme au bon vieux temps du corona ? Alors imaginons une méthode alternative : les élèves qui prennent leur carte au PS, et cela, ça peut se faire par Internet, auront droit à un point bonus à l’examen.
Bon, évidemment, ça donnera une salle vide lors de la conférence de Di Rupo, mais on ne badine pas avec la santé !
[1] Affaire des horodateurs à Liège (1987)
Affaire Agusta-Dassault (1993)
Affaire Richard Carlier (1994)
Affaire UNIOP-INUSOP (1996)
Affaire Sotegec (2005)
Affaires judiciaires carolorégiennes (2005-2007)
Affaire Intradel-Inova (2008)
Dossier Stéphane Moreau (2008)
Affaire Daerden (2010)
Affaire Publifin (2016)
Affaire Publipart (2017)
Affaire du Samusocial (2017)
Affaire du Greffier (2022)
Qatargate (PS) (en cours)