La cause est entendue : personne ne veut mourir pour Kiev. L’Ukraine, pays au passé trouble et à l’avenir incertain , présente cette caractéristique, inédite à ma connaissance, d’être au cœur de passions sans enjeux réels. Ni pour l’Union européenne qui l’a utilisée sans vergogne pour abuser une opinion publique de plus en plus sceptique quant aux bienfaits q’elle apporterait. Ni pour la Russie qui s’en passe très bien pour l’acheminement de son gaz et qui sait quel boulet serait ce pays pauvre, corrompu, divisé, pour elle. La Crimée, certes, lui revenait de droit. Mais pour le reste, il s’agit simplement pour Poutine de montrer à son peuple qu’il est bien le César de la nouvelle Eurasie et qu’il ne recule devant rien. Les Ukrainiens eux-mêmes, autre paradoxe, ne veulent pas de l’Ukraine … « Ce n’est pas une nation, me disait l’un d’eux, c’est une malédiction. » L’Europe fait rêver les uns, la Russie fascine les autres. Quant aux États-Unis, après leur dérobade en Syrie, ils bombent le torse pour feindre d’être encore les maîtres du monde. Mais personne n’est dupe.
En général, une guerre se prépare pour un espace à conquérir, des symboles à s’approprier, des richesses à exploiter. L’Ukraine, elle, ne suscite aucune convoitise. C’est un cas d’école paradoxal : une confrontation majeure pour un objet sans valeur.
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