Ce week-end, Jean-Luc Mélenchon a à nouveau revêtu les habits de l’extrême-droite qu’il est pourtant censé exécrer et a largement dépassé celui qui apparait comme son modèle: Jean-Marie Le Pen. Nous avons eu droit à un festival d’outrance flirtant avec l’apologie du terrorisme, sombrant dans un antisémitisme hypocrite et accrochant des cibles dans le dos d’une journaliste, Ruth Elkrief, qui a eu le malheur de mettre en difficulté un des nervis du lider maximo. Mais là où les provocations de Jean-Marie Le Pen lui valaient ostracisation et condamnations, Jean-Luc Mélenchon bénéficie de la complaisance d’une partie du système médiatique. Les Français ne sont pas dupes pour autant qui font de lui un homme dangereux pour la démocratie, bien avant la présidente du RN. Cette stratégie de la violence politique n’est pas un dérapage de la part de LFI, mais à la fois une renaissance et un héritage, celle de la gauche totalitaire, qui appuie la Terreur sur le culte de la personnalité.
« Vive Gaza, gloire éternelle à ceux qui résistent ! » Voilà comment Jean-Luc Mélenchon fait l’apologie du Hamas alors que celui-ci a commis le 7 octobre un crime contre l’humanité qui rappelle l’action des Einsatzgruppen nazis durant la Shoah par balles. Bien sûr, dans la foulée, il n’hésite pas à accuser Israël de commettre un génocide. Pour faire oublier les crimes atroces commis par le Hamas et continuer à masquer une dérive antisémite sous le masque d’une critique antisioniste, il faut pouvoir transmuter un massacre gratuit en acte de légitime défense. L’exercice pourrait paraitre difficile, devrait susciter l’opprobre, mais ce n’est pas le cas. Ainsi, transformer les Juifs en nazis, le Hamas en force de résistance et un pogrom, en action de légitime défense, passe mieux si on fait semblant de combattre un « génocide ». L’épisode aurait déjà suffi à faire du week-end de Jean-Luc Mélenchon, une nouvelle station sur le chemin de la honte, mais c’était sans compter sur la possibilité qu’offre X, ex-Twitter, d’exhiber son absence de tenue et de retenue même quand aucune caméra n’est là pour saisir l’instant.
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Le choix des mots
C’est Ruth Elkrief qui a fait les frais du nouvel épisode de décompensation publique du phare de la pensée insoumise. Pour avoir mené, comme à son habitude, une interview sans complaisance et avoir poussé dans ses retranchements le délicieux Manuel Bompard (celui que l’on imaginerait si facilement en accusateur du comité de Salut public de 1793), la journaliste a essuyé les foudres du tonitruant chef des Insoumis. « Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n’injurie pas les Musulmans, cette fanatique s’indigne. » Le problème n’est pas la hargne et les insultes qui caractérisent ce tweet. Ce choix des mots dessert l’auteur dont nul n’attend guère mieux. Le problème c’est qu’en faisant ce tweet, Jean-Luc Mélenchon met en danger la journaliste et actionne des leviers qui sont largement suffisants pour qu’un islamiste décide de passer à l’acte. Et il se trouve que ce week-end a démontré que le risque de se faire exécuter par un exalté sous influence islamiste est toujours aussi élevé en France.
Pourquoi ? Parce que ce qui s’est passé le 7 octobre n’a pas horrifié les personnes sous la coupe de l’islam politique. Au contraire, ce carnage les a excités, accélérant les passages à l’acte. Cela s’est traduit par l’explosion des actes antisémites et le réveil de la pulsion jihadiste. LFI a largement participé à cela, en refusant de qualifier le Hamas de groupe terroriste. Mais surtout l’habileté de LFI est de mettre sciemment ceux qui s’opposent à elle en danger. Pour cela, les membres de ce parti amalgament islamistes et musulmans et accusent ceux qui sont horrifiés par les actes commis par le Hamas, de détester les Musulmans et de n’avoir aucune pitié pour les Gazaouis. Pour la plupart des personnes, ces accusations délirantes resteront sans effet. Mais ce que ne peuvent ignorer les « Insoumis », c’est que nous avons sur notre territoire des personnes radicalisées qui n’ont rien à envier aux fanatiques du Hamas. A ceux-là il n’est pas utile de formuler des messages d’appel au meurtre explicites. Il suffit de laisser entendre que la personne participe à la persécution de musulmans pour qu’elle devienne une cible.
Et une personnalité sous protection policière, une !
La deuxième manière de favoriser les passages à l’acte est d’assimiler la violence du Hamas à un acte de résistance quand on sait à quel point les jihadistes sont fascinés par la mort. Derrière « gloire éternelle à ceux qui résistent », l’islamiste entend que les massacres comme ceux du 7 octobre sont légitimes, que donner la mort est un acte noble et courageux et que selon le canon de la martyrologie, c’est un passeport pour l’éternité. Ceux qui passent ainsi à l’acte ne sont pas les personnalités les plus équilibrées de notre société, mais ils ne sont pas fous. Ils ont en général une forte cohérence idéologique et quand ils tuent, ils ne le font pas au hasard. Soit le lieu, soit le moment, soit la cible sont choisis pour faire sens, atteindre une dimension symbolique.
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Cela les alliés objectifs des islamistes le savent. Cela Jean-Luc Mélenchon le sait. Comme il sait qu’il accroche une cible dans le dos de Ruth Elkrief. Ainsi selon le tweet, si Ruth Elkrief essaie par tous les moyens de faire en sorte que Manuel Bompard dise du mal des musulmans, c’est parce qu’elle est « fanatique ». Comprendre qu’elle sert le suprémacisme juif. Le leader LFI n’a même pas à le mentionner explicitement, ceux pour qui il écrit ce tweet en possèdent les codes et reçoivent parfaitement le message. Ruth Elkrief a donc dû être placée sous protection policière.
Que penser de ce type d’homme politique qui jette en pâture ceux qui le dérangent, enclenchant tous les leviers pour que des radicalisés passent à l’acte, sans que cela ne semble les déranger le moins du monde ? Le pire étant que, ce mépris profond de la vie de l’autre conjugué à l’appel à la violence politique et à l’invective permanente séduit. Jean-Luc Mélenchon est devenu le leader d’une gauche aux penchants totalitaires et épurateurs qui malgré ses excès ne suscite pas l’indignation qu’elle mérite. Peut-être parce que la crise de la démocratie fait anticiper que dans le monde qui vient, mieux vaudra courber l’échine face à un chef de bande sans scrupule, qu’être les derniers tenants de l’humanisme, de la justice et de l’égalité des hommes. A voir ce que se permet le caïdat de LFI, c’est en tout cas le pari que fait la gauche actuelle.
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