Si le sketch parodique du comique de 34 ans est réussi (et il a été visionné 6 millions de fois en moins de 24 heures!), et si une caricature est toujours bonne à prendre, on peut tout de même trouver certains aspects très gênants. Analyse.
Bien que drôle par certains aspects, ce sketch devenu viral en dit aussi beaucoup sur la lâcheté invraisemblable de ceux qui l’ont produit, sans oublier ceux qui y voient une satire sociale réussie.
C’est pas ça, l’islam ?
Reprenons depuis le début. L’islam est une superstition majoritaire dans une cinquantaine de pays. Une cinquantaine de pays, donc, où le despotisme est la norme, et où la liberté est l’exception. Malgré cela, ce sketch attribue le « beau rôle » à un islamologue d’origine arabe – qui serait le portrait type musulman -, qui représente un islam libéral authentique et érudit face à « l’imposteur Chalgoumi », et qui est très sérieusement présenté comme l’un des penseurs les plus influents du monde musulman. Comme si, aujourd’hui, les courants libéraux étaient les plus influents dans un monde musulman en proie au fondamentalisme et qui, dans les rares moments où il peut se rendre aux urnes, plébiscite sans cesse des sectes dangereuses.
Les instituts de recherche qui sondent les opinions musulmanes – comme le Pew Research Center – tendent à montrer que ces opinions sont particulièrement sensibles à des valeurs autoritaires, illibérales, misogynes, homophobes, antisémites et j’en passe. En suggérant que le profil type du musulman en 2023 est un personnage acquis aux valeurs libérales, ce sketch verse dans un gros mensonge et une vaste imposture sous couvert d’humour.
Hassen Chalghoumi, qui voulait aller à la marche contre l’antisémitisme, présenté comme un débile profond
Vient ensuite la caricature de l’imam de Drancy. Il parle dans un français approximatif. Il est présenté sous les traits d’un débile profond, un larbin au service du gouvernement. Un représentant fantoche des Français de confession musulmane. Pourtant l’imam de Drancy n’a jamais prétendu être représentatif de ces derniers. Au contraire, il se plaint de se sentir isolé. Et de fait, sa vie est un enfer. Il est sous protection policière. Ses prises de position ont anéanti la possibilité d’une vie de famille normale. Ses gosses et son épouse ont dû changer de nom. Malgré ça, rien ne lui est épargné.
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Comme nous le montre le cas de ces comédiens du service public qui croient faire œuvre de subversion en chantant « Jésus est PD » tout en évitant soigneusement de caricaturer la vie de Mahomet – alors qu’il y a de quoi faire quand on lit les sources musulmanes qui le présentent fièrement comme un égorgeur, un pédophile et un esclavagiste entre autres choses -, le temps où les humoristes aimaient prendre des risques en s’attaquant aux véritables idoles de notre temps semble révolu. Le pire est que ces gens qui s’inscrivent dans le conformisme le plus servile – comme le montre la réception de ce sketch applaudi par toute la bobosphère – se prennent pour de véritables rebelles. C’est Laval qui se prend pour de Gaulle.
Pas sûr que le sketch fasse rire la rédaction de Charlie Hebdo ou Salman Rushdie
Mais, après tout, on comprend tous ces lâches derrière leur écran. Il est vrai qu’il n’est pas bon de s’en prendre à l’islam aujourd’hui en Europe. Aux Pays-Bas, Théo van Gogh se fait assassiner dans la rue pour un film sur l’islam. En France, la rédaction de Charlie Hebdo se fait massacrer pour de vulgaires dessins. Encore aujourd’hui, elle est tenue de travailler dans un lieu secret pour ne pas être massacrée une seconde fois. Toujours en France, un professeur qui enseigne la laïcité se fait décapiter. Un professeur de Français se fait tuer. Une jeune fille qui insulte un prophète imaginaire est exfiltrée de son établissement scolaire et peine à trouver une école qui accepte de l’accueillir faute de pouvoir garantir sa sécurité.
Des rapports officiels s’alarment que les enfants Juifs ne peuvent plus être scolarisés n’importe où en raison des intimidations des élèves de culture arabo-musulmane. Les professeurs ont peur et s’autocensurent en raison d’une pression islamiste exercée par des élèves ou leurs parents. En Angleterre, un immigré venu d’Inde est condamné à mort par un barbu à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui en raison d’un roman prétendument blasphématoire. Il est sommé de quitter l’Europe et se réfugie aux Etats-Unis, où il est tout de même rattrapé par un fanatique qui le poignarde et lui ôte l’usage d’un œil et d’une main, trente ans après sa condamnation à mort.
Malgré tous ces phénomènes extraordinaires et dans un contexte mondial de résurgence de l’antisémitisme (un antisémitisme principalement alimenté par le fondamentalisme musulman), ces courageux humoristes n’ont rien de mieux à faire que de caricaturer ceux qui s’inquiètent d’une menace réelle et qu’ils n’ont jamais pris le temps de dénoncer avec la même énergie qu’ils déploient pour caricaturer les contempteurs de l’islam radical ou de l’islam tout court. Ainsi, le profil type du Français qui s’inquiète du fanatisme qui gangrène l’islam est dépeint sous les traits du facho, du nazi, du raciste attaché à son pinard et à son saucisson. Méthode classique pour intimider le Français qui serait mû par de sincères préoccupations. Bref, un sketch bien fait sur la forme, mais qui, sur le fond, servira de pièce à conviction dans le musée de la lâcheté et de la collaboration.
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