L’intelligence artificielle ne signe pas la fin de l’intelligence humaine. Du moins, pas pour tout le monde. En Chine, le régime contrôle l’exposition de sa jeunesse à l’IA et aux réseaux sociaux. En Occident, où le QI moyen baisse depuis vingt ans, la population tend à se diviser en deux groupes inégaux : ceux qui savent penser sans IA, et les autres…
Le monde se trouve aujourd’hui dans une situation singulière, dont deux citations permettent de prendre la mesure. La première date de 1900, et son auteur est Hwuy-Ung, un lettré chinois que ses idées réformatrices, peu prisées par l’impératrice douairière Cixi, avaient forcé à l’exil. D’Australie, il écrivit ceci à un ami demeuré en Chine :
« Les merveilles de ce pays et des nations occidentales nous sont, pour la plupart, inconnues et nous paraissent incroyables. […] Vénérable frère aîné, votre esprit supérieur, tout en reconnaissant l’ingéniosité surprenante des nations occidentales, n’en posera pas moins la question : “Toutes ces merveilles rendent-elles les gens plus heureux ?” Il est difficile de répondre à pareille question. Beaucoup se la posent. Tous sont dans le brouillard du doute. Sur une chose, en revanche, je n’ai aucun doute : grâce aux machines et à la science, les hommes peuvent accomplir en une vie ce qui, sans elles, en demanderait vingt, de sorte que c’est

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