Les élèves français sont en déperdition totale. 45% d’entre eux, à 14 ans, ne maîtrisent ni la lecture, ni l’écriture, ni les maths les plus basiques, constate le ministère de l’Éducation nationale. Ce n’est pas seulement un problème pédagogique, affirme notre chroniqueur. C’est une civilisation qui se meurt. Suite de l’analyse commencée il y a quelques jours.
Bien sûr, les sceptiques doutent qu’un relâchement sur l’orthographe ou la grammaire puisse marquer la fin d’une civilisation. Mais la question de la langue est centrale. Elle est le marqueur de toute transcendance — et l’outil de toute immanence.
Autrefois, c’était le latin — la langue de Dieu, disait saint Jérôme, auteur de la Vulgate, la traduction unifiée de l’Ancien et du Nouveau Testaments. C’était aussi la langue de l’empereur : quand Jérôme écrit, il y a moins d’un demi-siècle que l’Empire est christianisé — en fait, il ne l’est pas. Le latin, c’est la langue de l’empereur-Dieu. Le projet politique rejoignait le projet théologique. Chez les musulmans, c’est l’arabe — celui du Coran, un livre qui ne saurait être traduit, et que 90% des musulmans français, d’ailleurs, sont à peu près incapables de lire dans le texte, ils se contentent d’ânonner des sourates apprises par cœur, exactement comme au Moyen Âge les prêtres des campagnes disaient la messe sans trop savoir ce que signifiaient les paroles.
C’est dans le même esprit que « la langue de la République est le français ». Le bon français, n’en déplaise aux pédagogues qui avec l’assentiment du ministère depuis quarante ans, acceptent, sous prétexte de les laisser s’exprimer, le gloubi-boulga des élèves les plus défavorisés.
Vous rappelez-vous François Cavanna ? Ce fils d’Italiens raconte dans Les Ritals que sa mère lui lavait la bouche au savon de Marseille quand il se hasardait à parler italien. « Tu es en France,
