Sur CNews, en plus de nous ressortir tous ses anciens tubes, le président de « Reconquête ! » a fustigé les postures d’Emmanuel Macron, lequel constaterait le « séparatisme », mais se refuserait à crever l’abcès.
Si l’on était un peu taquin, ou si l’on voulait filer la métaphore sportive, on pourrait presque dire que le passage d’Eric Zemmour, sur CNews en milieu de semaine, avait des airs de match à domicile. Le président de « Reconquête ! » a en effet été le chroniqueur vedette du canal 17, au côté de Christine Kelly, de 2019 à 2021. Face à un Pascal Praud accompagné des journalistes Louis de Raguenel (classé à droite), Philippe Guibert (classé à gauche), et de l’avocat Gilles-William Goldnadel, l’ancien candidat à la présidentielle a pu rappeler quelques-unes de ses antiennes bien connues, mais aussi préciser sa pensée sur ce fameux choc des civilisations que la France consumériste et matérialiste pensait derrière elle.
« Macron a une rue arabe »
L’émission a commencé avec un court extrait d’Emmanuel Macron, défendant depuis Berne son attitude et ses positions après le regain de violences au Proche-Orient. Une attitude présentée par l’exécutif comme dans la lignée de la tradition « gaullo-mitterrandienne », bien qu’elle ressemble aussi à une énième application du « en même temps » sur le terrain de la diplomatie. Dimanche 12 novembre, cela a été beaucoup souligné, le président s’est vu reprocher de ne pas avoir participé à la manifestation contre l’antisémitisme, sur les conseils, a-t-on appris dans L’Express, de Yassine Belattar. Est-ce une énorme bévue que l’histoire retiendra ? En tout cas, c’est l’occasion pour Éric Zemmour de constater à quel point, au fil des décennies, le niveau des visiteurs du soir de l’Élysée a pu baisser !
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Et si Éric Zemmour a ensuite admis que la tradition diplomatique citée plus haut a bien pu exister, il estime qu’elle est désormais caduque et surtout, qu’Emmanuel Macron se réfugie derrière elle pour masquer ses difficultés à gouverner non pas un, mais deux peuples (!) sur un même territoire. Caduque ensuite, car le conflit israélo-palestinien, qui s’inscrivait jadis dans une lutte assez classique « nationalisme contre nationalisme », au temps du Fatah et de l’OLP, serait désormais l’un des points les plus brûlants du choc des civilisations.
Deux peuples en France ? D’un côté, « un peuple judéo-chrétien » et de l’autre, « un peuple islamo-gauchiste », lesquels se détesteraient et seraient « sur le point d’en découdre », veut croire le numéro 4 de la présidentielle 2022. Selon lui, le chef de l’État se trouverait dans une position similaire à celle des chefs d’État arabes, comme le président égyptien Al-Sissi ou le roi du Maroc, qui ont bien envie d’avoir des relations cordiales avec Israël, mais qui doivent composer avec leurs opinions publiques. Zemmour en arrive à la conclusion suivante : « Macron a une rue arabe ». Et il est paumé.
Se débarrasser des aspects les plus choquants de l’islam
« L’islam est incompatible avec la République et la France ». C’est sans doute l’autre phrase marquante qui sera retenue de ce passage télévisé. En réalité, Eric Zemmour a simplement rappelé une nouvelle fois la nécessité pour l’islam de se conformer aux us et coutumes françaises, de « faire un pas » vers la France et se débarrasser de ses aspects les plus choquants, un peu à la manière, finalement, de ce que le judaïsme avait accepté de faire sous Napoléon au moment du Grand Sanhédrin de 1807 : une analogie pas tout à fait nouvelle pour quiconque écoute et lit assidument Eric Zemmour depuis des années.
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Et si les musulmans doivent faire ce pas surtout pour la France, ils doivent le faire également un peu pour eux, car il faut aussi penser à ceux qui « veulent avoir une pratique personnelle » de l’islam, et « qui sont mal vus des autres dans les quartiers islamisés et les enclaves étrangères de banlieue ». Alors que le développement du communautarisme et du séparatisme peuvent rendre pessimiste, Éric Zemmour n’oublie pas de penser à ceux qui « sont bien contents de se libérer des contraintes de l’islam ».
La lutte des droites aura bien lieu
La nuit tombait, les enfants allaient au lit, les rivalités politiques intérieures ont ensuite pu être évoquées. Eric Zemmour ne s’est pas privé d’égratigner Marine Le Pen qui refuse, elle, de parler de choc des civilisations, pour mieux l’éviter, et maintient qu’il y a une différence entre islam et islamisme. « Il n’y a plus que Marine Le Pen qui ne voit pas le choc des civilisations ! Même Jean-Luc Mélenchon le voit, puisqu’il veut s’en servir ». L’écrivain enfonce le clou en avançant que Marine Le Pen ne désespérerait pas d’attirer à elle le vote musulman, au deuxième tour de 2027 du moins, ce qui la pousserait à snober les électeurs de droite (ceux de Fillon, puis ceux de Zemmour lors des dernières présidentielles). Ce qui distingue le zemmourisme du marinisme, finalement, c’est peut-être que l’un est convaincu qu’on va droit dans le mur et qu’il y aura de toute façon de la casse tandis que le second pense qu’on va pouvoir l’éviter d’extrême justesse, grâce à un coup de frein de la dernière chance et à un grand élan de concorde comme l’histoire du pays a su en connaître quelques fois.
Quant aux Européennes qui approchent, Zemmour dit qu’il ne regrette pas de ne pas y être allé. Et non, il ne considère pas que l’espace médiatique qu’il prend empêche la future tête de liste, Marion Maréchal, d’exister. C’est même une dernière occasion d’en remettre une couche contre Marine Le Pen, qui, selon lui, brimait Marion Maréchal et « mettait ses amis au placard » au moment où la tante et la nièce cohabitaient tant bien que mal dans l’ancien Front National. A « Reconquête ! », la jeune Marion revit. L’union des droites réclamée n’est pas pour tout de suite.
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