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Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc

Une blague abjecte qui rappelle l'affaire Obono


Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc
L'humoriste français Guillaume Meurice © BALTEL/SIPA

C’est en prononçant le mot « prépuce », et pas le mot « nazi », que Guillaume Meurice a basculé dans l’insulte raciste dimanche dernier sur France Inter.


Meurice Pabon

Quatre jours après son forfait, il n’a toujours pas fait amende honorable. Dimanche dernier, un comique nommé Guillaume Meurice a, au cours de sa chronique hebdomadaire sur France Inter, trouvé drôle de qualifier Benyamin Nétanyahou de « sorte de nazi, mais sans prépuce ». On en est là. En 2023, il est possible, au micro d’une chaîne d’État, de se gausser des origines d’une personne, juives en l’occurrence, l’allusion au prépuce renvoyant évidemment au commandement de circoncision prescrit par le Talmud pour les nouveaux nés.

Depuis, pas la moindre excuse. Juste un léger embarras au sein de la Maison ronde. Mardi, la directrice de l’antenne, Adèle Van Reeth a fait un communiqué alambiqué, pour exprimer son « malaise » et indiquer qu’à ses yeux, Guillaume Meurice a simplement commis une « outrance », à l’humour « discutable ». Hier, la productrice de l’émission, Charline Vanhoenacker, a quant à elle publié une lettre ouverte à ses auditeurs, où, se drapant dans la défense de la liberté d’expression, elle se dit « profondément navrée »… qu’on ait mal interprété le sketch. A l’en croire, le seul tort de Guillaume Meurice serait d’avoir « mal jaugé » la tension actuelle liée au conflit entre Israël et le Hamas !

Guillaume Meurice a plus de chance que Tex

Bref, aucune sanction en interne, pas même une demande d’explications à l’employé fautif. Signe d’une curieuse hiérarchie des valeurs en vigueur au sein de l’audiovisuel public, l’animateur Tex n’avait pas eu, il y a cinq ans, droit à autant de magnanimité après une plaisanterie, tout aussi mauvaise et intolérable, mais sur les femmes battues. Il avait été viré de France Télévisions sur le champ.

Les contempteurs de Guillaume Meurice lui reprochent d’avoir nazifié un juif. On peut comprendre qu’un amalgame aussi dégueulasse les choque, surtout si vite après le pogrome islamiste du 7 octobre. Mais le problème n’est pas là en réalité. La satire politique, même violente, injuste, diffamatoire, appartient à la tradition française – tout comme elle est du reste monnaie courante au pays de M. Netanyahou, grande démocratie où il arrive que celui-ci se fasse également traiter de nazi par ses opposants les plus radicaux.

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Dans les pays libres qui sont les nôtres, le droit à la caricature est d’ailleurs si vaste que même les attaques sur le physique sont autorisées envers les puissants. Seulement ce droit n’est pas absolu. Il existe une limite, qui nous a été rappelée récemment par la condamnation de Valeurs actuelles suite à une illustration représentant la députée noire Danièle Obono en esclave africaine : en France, il est interdit d’injurier qui que ce soit à raison de ses origines. Même d’une députée, même d’un chef de gouvernement. C’est pourtant bien ce qu’a fait impunément un comique il y a trois jours sur la radio la plus écoutée de France.

Les cibles de l’humour France-interien sont toujours faciles

Guillaume Meurice a pris certes un risque judiciaire limité en tirant, comme souvent dans ses sketchs, sur une ambulance. On imagine aisément que Benyamin Netanyahou a d’autres chats à fouetter, surtout par les temps qui courent, et qu’il ne demandera pas réparation devant les tribunaux pour cet antisémitisme au petit pied. Reste que l’instance de régulation de l’audiovisuel, l’Arcom, a quand même été saisie et qu’elle pourrait tout de même ne pas laisser l’infamie sans réponse.

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En attendant, Guillaume Meurice a jugé intelligent de brandir une carte joker. « Je suis Charlie » a-t-il tweeté avant-hier, bien sûr sans faire référence à la blague du prépuce, mais chacun aura compris qu’il plaide là le droit à l’humour bête et méchant. Il serait peut-être utile de lui rappeler, ainsi qu’à ses patronnes, que le cahier des charges de France Inter, élaboré aux fins de justifier des centaines de millions d’euros de dotation publique annuelle, ne lui donne par pour mission de faire commerce de provocation ni de jeter de l’huile sur le feu, bien au contraire.

Il lui serait surtout indispensable d’apprendre que tout n’est pas permis, y compris à Charlie Hebdo, où l’on n’a pas hésité à se séparer du dessinateur Siné en 2008… à cause d’une blague raciste du même tonneau visant un fils de Nicolas Sarkozy. Quoiqu’il en dise, Guillaume Meurice n’est pas digne de Charlie. Il n’est d’ailleurs même pas digne de Valeurs actuelles, qui avait en son temps eu la décence de demander pardon pour son outrance.



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