Né dans les tranchées de 1915, Le Crapouillot a offert à nos poilus un espace de légèreté inespéré. Et tout au long du XXe siècle, le journal de Jean Galtier-Boissière a défendu, d’un ton bravache, ironique et impertinent, une diversité d’opinions inconcevable aujourd’hui.
La radio d’État, secondée avec zèle par L’Obs, Libération et le parti Renaissance, avertissent les Français du risque majeur que fait peser sur le pays l’« extrême-droite », dont la face, grossièrement maquillée, dissimule mal les traits du fascisme revivifié, du bête-immondisme recousu à la hâte. Des gens bien intentionnés établissent une nouvelle « liste Otto », qui interdit la vision de CNews et du film Vaincre ou mourir, la lecture de Valeurs actuelles, de Causeur, du JDD… Entre les deux guerres, dans la presse, les affrontements étaient d’une grande violence. Mais les périls que courait alors la démocratie s’incarnaient dans de très inquiétants personnages : Hitler, Mussolini, Staline…
Un journal, exemplaire quasiment jusqu’au bout, a traversé le XXe siècle : Le Crapouillot. Considérer son origine, son expansion et son déclin, c’est aussi observer notre temps avec un peu de distance.
Les risques de l’esprit
C’est l’histoire d’un Parisien, d’un bourgeois, d’un journaliste qui sortait tous les soirs, d’un colosse volontiers braillard qui ne détestait pas les mondanités, bousculait les établis et défiait les affranchis, rejeton d’une excellente famille qui partit accomplir son service militaire en 1911 et n’abandonna l’uniforme qu’en 1918. C’est l’histoire de Jean
