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La blague de Laurence Fox (« Inspecteur Lewis ») qui pourrait faire fermer GB News

La chaîne, lancée en 2021, assume un positionnement droitier


La blague de Laurence Fox (« Inspecteur Lewis ») qui pourrait faire fermer GB News
L'acteur Laurence Fox à une manifesation anti-confinement, Londres, 26 juin 2021 © Christopher Walls/Shutterstock/SIPA

Une séquence télé malheureuse et odieusement drôle (voir notre vidéo) provoque un petit scandale au Royaume Uni. La chaîne conservatrice GB News est accusée de « polluer le débat public ».


Tout comme les bien-pensants français veulent faire fermer CNews, qu’ils considèrent comme un danger quasi-fasciste, leurs homologues outre-Manche, qui habitent tous ces enclaves verdoyantes où réside typiquement la bourgeoisie londonienne, tentent de faire fermer GB News, également présentée comme une menace d’extrême droite. Chacune de ces chaînes a un positionnement similaire sur le marché audiovisuel, bien que CNews soit plus mature, plus rodée. Toutes les deux ont osé ouvrir le débat sur la droite, en frôlant la droite radicale.

L’establishment médiatique n’aime pas qu’on l’empêche de roupiller

Sans surprise, les radiodiffuseurs établis, qui se positionnent fortement à gauche, trouvent cela intolérable. De la même manière que CNews bat régulièrement ses concurrents en France, GB News obtient souvent des taux d’audience supérieurs, voire très supérieurs, à ceux de BBC News, Sky News ou Talk TV, la nouvelle chaîne de Rupert Murdoch. Et cela a poussé l’establishment médiatique à de nouveaux sommets d’hystérie.

Cette semaine, GB News fait l’objet de critiques particulièrement virulentes à la suite d’un incident, le soir du mardi 27 septembre, qui a vu un de ses intervenants réguliers, l’ancien acteur Laurence Fox, faire un commentaire odieux à propos d’une journaliste de gauche (notre vidéo ci-dessous)

L’animateur de l’émission, Dan Wootton, tout en souriant, n’a rien fait pour rappeler son interlocuteur à l’ordre. Résultat des courses : l’animateur et le commentateur ont été immédiatement suspendus. Face à cette transgression, bien que promptement sanctionnée, les journalistes et politiques de la gauche et du centre ont immédiatement poussé des cris d’orfraie en appelant carrément à fermeture de la chaîne.

Dans la séquence polémique, l’acteur adresse des propos misogynes à l’égard d’une journaliste, Ava Evans, néofeministe qualifiée de « féministe 4.0 »
« Montre-moi un seul homme qui se respecte qui voudrait jamais (mais jamais !) coucher avec cette femme – à l’exception d’ un « incel ». (= homme célibataire, timide, pas du tout doué pour la drague)
« Qui voudrait mettre ça dans son lit ? »

Lors de l’émission d’actualités phare de la BBC, Newsnight, l’ancien chef du service politique de SkyNews, Adam Boulton a exigé que l’Ofcom, le régulateur audiovisuel (l’équivalent britannique de l’Arcom), ferme GB News. Furieux, il s’est écrié : « Il existe au Royaume Uni un équilibre aussi fragile que vital dans le paysage audiovisuel. Je pense que GB News essaie de casser cet équilibre, et franchement, ce que l’Ofcom devrait faire, c’est fermer la chaîne ».

Lors de la même émission, une députée conservatrice modérée, Caroline Nokes, a déclaré que GB News « devrait être retirée des ondes » et a juré qu’elle ne serait jamais plus présente sur un plateau de cette chaîne.

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A la radio, un des animateurs vedettes de la BBC, Nick Robinson, n’a pas non plus maché ses paroles, affirmant que GB News « polluait le débat public ». Est-ce une coïncidence que sa propre émission d’actualités ait perdu plus d’un million d’auditeurs au cours de l’année écoulée ? Inévitablement, le chroniqueur d’extrême gauche du Guardian, Owen Jones, a déclaré : « Il est inconcevable que l’on autorise la diffusion d’une telle émission ».

Le paysage audiovisuel serait « équilibré » ? Sky News fait du prosélytisme en faveur d’un programme « woke » et « écolo », tout à fait Starmer-compatible (Sir Keir Starmer étant le leader travailliste). En 2017, l’animateur vedette de la très gauchiste Channel 4 News, Jon Snow, a été accusé d’avoir chanté « Fuck the Tories » lors de la prise d’une photo de groupe au festival de musique rock de Glastonbury.  

Balayez devant votre porte !

Les appels à virer Wootton et Fox résonnent de manière ironique, quand on pense qu’à la BBC et sur d’autres grandes chaînes britanniques, les fautes graves restent impunies pendant des années. Ce n’est qu’après sa mort que la BBC a reconnu qu’un de ses animateurs les plus connus, Sir Jimmy Savile, était un délinquant sexuel qui profitait de sa position pour abuser d’enfants. Et il n’est pas le seul délinquant sexuel de la BBC à avoir été tardivement démasqué après des années de dissimulation.

Les chaînes grand public ne semblent pas sanctionner le simple fait de tenir des propos tout à fait déplacés. En 2019, Jo Brand, une humoriste de la BBC, a plaisanté en suggérant de jeter de l’acide à la figure de Nigel Farage. Aucune mesure n’a été prise. En 2020, Sophie Dukes, humoriste et militante de Black Lives Matter, a plaisanté sur le fait de tuer des Blancs sur la BBC. Aucune sanction. En 2020, l’actrice des films Harry Potter, Miriam Margolyes (Professeur Sprout), a déclaré qu’elle voulait que Boris Johnson meure en direct à la télévision, alors qu’il était malade du Covid. Aucune suite n’a été donnée à cette déclaration.

Les mêmes personnes qui demandent la fermeture de GB News ont-elles demandé la fermeture de la BBC et de Channel 4 ? C’est une question purement rhétorique. Bien sûr que non.

GB News a connu des débuts difficiles mais a trouvé un écho auprès des téléspectateurs britanniques qui, à l’instar des téléspectateurs de CNews en France, ont cherché une alternative à la pensée unique façon gauche caviar de l’establishment médiatique. Les deux chaînes et leurs journalistes ont commis des erreurs, comme cela arrive à tout le monde. Mais l’hypocrisie de ceux qui appellent à la fermeture de ces chaînes qui parlent à bien des gens dans les classes populaires, ainsi qu’à des conservateurs pur jus, ne connaît plus de limites. Le problème fondamental des hypocrites, c’est qu’ils ne supportent pas d’être contredits. 




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Jonathan Miller est un ancien conseiller municipal d'une ville du Sud de la France, il est correspondant français du "Spectator" londonien et l’auteur de "France : a Nation on the Verge of a Nervous Breakdown" (Gibson Square, 2015).

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